L’Égypte s'enfonce dans la dictature

Le général Président Abdel Fattah al-Sissi a fait voter par référendum une révision constitutionnelle renforçant ses pouvoirs et lui permettant de rester à la tête du pays jusqu'en 2030.
EGYPTE. Le général Président Abdel Fattah al-Sissi a fait voter par référendum une révision constitutionnelle renforçant ses pouvoirs et lui permettant de rester à la tête du pays jusqu'en 2030. Le mandat de Président est porté de quatre à six ans, avec la possibilité de se présenter trois fois. Plus de 55% des égyptiens ont boudé la consultation, mais les votants ont approuvé à 88,83% la proposition de leur président.
Selon des observateurs présents sur place, le pouvoir a pourtant tout fait pour « convaincre » les égyptiens d'aller voter, allant jusqu'à offrir des colis alimentaires et des moyens de transport gratuits aux votants. Des fonctionnaires et des commerçants auraient été obligés de se rendre aux isoloirs. Le taux d'approbation à la soviétique ne doit rien au hasard. L'opposition a été muselée par la police et les médias n'ont relayé que la « bonne parole » du gouvernement. Pour Michael Page, directeur adjoint de l’ONG Human Rights Watch pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, « le référendum s’est déroulé dans un environnement tellement injuste et non libre que ses résultats ne peuvent prétendre à une quelconque légitimité ».
Sauf maladie, révolution ou coup d’État, il semble plus que probable que le général Président Abdel Fattah al-Sissi gagne les prochaines élections et donc reste au pouvoir jusqu'en 2030. Lors des dernières élections, tous ses opposants sérieux se sont démis après un séjour en prison ou une disparition mystérieuse. Abdel Fattah al-Sissi dispose désormais du pouvoir politique, et judiciaire. Il présidera le Conseil suprême de la magistrature, nommera les présidents des principales juridictions, dont la Haute cour constitutionnelle. Il n'aura plus de comptes à rendre devant un sénat dont il désignera une partie des membres. L'armée devient « protectrice » du pays et pourra juger des civils.
Bénédiction des occidentaux
Ce basculement vers la dictature se fait avec la bénédiction des États occidentaux, qui voient d'un bon œil une Égypte stable politiquement et libérale d'un point de vue économique. L’Égypte s'est lancée dans une politique de grands travaux qui s'appuie sur un recours massif à l'endettement. En 2019/2020, le volume de ses emprunts augmentera de 26%, celui de ces émissions de bons du trésor de 24%, et les obligations de trésor de 93% selon le projet de loi de finance. Parallèlement, le pays va booster ses recettes fiscales par une augmentation de la TVA, et la réduction drastique des aides fiscales sur les produits de première nécessité. Une politique déjà largement engagée depuis plusieurs années, conformément aux demandes du Fonds Monétaire International.
L’Égypte affiche une dette publique égale à 97 % de son produit intérieur brut (PIB). Selon le FMI, le taux de croissance enregistrera une croissance de 5,5% en 2018/2019 (+5,3% en 2017/2018), avec une inflation de 14,5% (20,9% en 2018) et un taux de chômage de 9,6% (10,9% en 2018).
Le 24 avril 2019
Source web : econostrum
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