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Le marché de l'art en pleine forme grâce aux nouveaux musées

Le marché de l'art en pleine forme grâce aux nouveaux musées

Il y a plus de créations de musées depuis 2000 que durant les XIXème et XXème siècles

Ce sont désormais les musées qui réalisent la majeure partie des gros achats aux enchères, selon le rapport semestriel d'Artprice, faisant état

Avec un bond de 18% au premier semestre, le marché de l'art est au beau fixe : le produit des ventes aux enchères de "fine art" (peinture, sculpture, dessin, photographie, estampe, installation) s'est établi à 8,45 milliards de dollars dans le monde, indique vendredi le rapport semestriel d'Artprice transmis à l'AFP par le leader mondial des banques de données sur la cotation et les indices de l'art.

 Fait notable, "environ trois quarts (72%) des achats supérieurs à un million de dollars sont aujourd'hui le fait de musées", souligne le président et fondateur d'Artprice, Thierry Ehrmann, avec des ouvertures de musées qui ne cessent d'augmenter. "Il y a plus de créations de musées depuis 2000 que durant les XIXe et XXe siècles. Et il s'en crée 700 par an en Chine", une des plaques tournantes du marché.

 Début 2018, ce sont les Etats-Unis (3,3 milliards de dollars de ventes, 40% du marché) qui ont tiré la croissance, devant la Chine (2 milliards, 24%) avec qui ils sont souvent au coude à coude, et le Royaume-Uni (1,9 milliard de ventes, 22%).

 Une prouesse réalisée sans vente exceptionnelle, alors que, en 2017, celle du "Salvator Mundi" de Leonard de Vinci, une transaction à 450 millions de dollars, avait représenté à elle seule 3% du chiffre d'affaires mondial.

Au début de l'année, le marché a été soutenu outre-Atlantique par la dispersion de la collection Rockefeller, forte de chefs-d'oeuvre de Picasso, Matisse et Monet. "La vente du 8 mai a totalisé à elle seule 646 millions de dollars", avec une toile de la période bleue de Picasso qui s'est envolée à 115 millions, souligne Artprice.

 Point fort du marché américain : sa concentration en ventes haut de gamme (plus de 5 millions de dollars). "Les six plus belles adjudications du premier semestre ont eu lieu au mois de mai à Manhattan", souligne le rapport.

 Résistant aux craintes suscitées par le Brexit, le marché britannique est également en bonne position sur ce créneau, notamment pour les grandes signatures européennes comme l'Allemand Gerhard Richter, "l'artiste vivant le plus performant du marché", et Picasso, écrasant numéro un des ventes mondiales.

En Chine, les ventes se sont en revanche repliées de 7% au premier semestre, période traditionnellement défavorable, les enchères les plus prestigieuses se déroulant en décembre à Pékin. La situation devrait s'inverser dans la seconde partie de l'année. Et une réorganisation du marché, visant à limiter les invendus (57% actuellement), pourrait encore renforcer la position de Pékin.

 La France conserve la quatrième position (4% des ventes) devant l'Allemagne (1,5%), l'Italie (1,4%) et la Suisse (0,9%), des places moins tournées vers le haut de gamme.

 Cette santé éclatante du marché de l'art s'accompagne d'une domination des oeuvres du XXe siècle (80% du produit des ventes au premier semestre), avec un intérêt marqué pour la période comprise entre 1900 et 1940, qui rassemble à la fois "les derniers chefs-d'oeuvre impressionnistes et l'avènement de l'art moderne".

 Parmi les dix oeuvres les plus chères de ce début d'année, huit appartiennent à cette période, dont une composition du Russe Malevitch vendue en mai dernier à 85,8 millions de dollars chez Christie's à New York. L'œuvre a gagné 25 millions en dix ans.

Mais l'engouement des investisseurs se porte surtout sur les oeuvres contemporaines, notamment celles de Warhol et Basquiat, qui figurent parmi les cinq artistes les plus cotés au monde, devant le peintre chinois Zao Wou-Ki (en 6e position), qui fait actuellement l'objet d'une rétrospective à Paris.

 A la traîne pendant plusieurs années, la Chine a acquis aujourd'hui une place considérable sur le marché de l'art, et compte désormais 128 artistes parmi les 500 les plus cotés au monde, dont Zhang Daqian, Qi Baishi, Fu Baoshi, loin devant les Etats-Unis (82) et la Grande-Bretagne (27).

Le 6 Août 2018

Source web par : Libération

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