L'objectif en matière d'irrigation au goutte-à-goutte atteint dès cette année!

Plus connue sous l’appellation "goutte-à-goutte", l’irrigation localisée couvre actuellement 37% de la surface irriguée totale qui s’étend sur un peu plus de 1,6 M ha. Alors que le Plan Maroc Vert tablait sur un objectif de 550.000 ha en 2020, la surface irriguée au goutte-à-goutte atteindra 590.000 ha dès fin 2018.
Le renforcement de l’irrigation localisée est l’une des trois composantes majeures de la stratégie "Irrigation" élaborée dans le cadre du PMV, aux-côtés de la promotion des partenariats Public-Privé (notamment autour de la mobilisation des ressources hydriques non conventionnelles), et de l’extension des surfaces irriguées. Les actions menées dans le cadre de ces 3 axes bénéficient d’un budget global d’investissement de 60 MMDH à l’horizon 2020.
Si les objectifs du PMV en matière d’irrigation localisée, qui sont d'atteindre 550.000 ha à l’horizon 2020, pourront être dépassés dès la fin 2018, c’est principalement en raison des mécanismes financiers mis en place afin de démocratiser cette technique d’irrigation. Un agriculteur propriétaire d’un terrain dont la surface est inférieure à 5 ha peut bénéficier d’une prise en charge à 100%, ceux dont l’exploitation agricole dépasse les 5 ha sont quant à eux subventionnés à hauteur de 80%.
Les surfaces agricoles irriguées au goutte-à-goutte s’étendront ainsi sur 590.000 ha d’ici la fin de cette année, pour atteindre plus de 700.000 ha en 2020, selon les estimations de la Direction de l’Irrigation – ministère de l’Agriculture. Le goutte-à-goutte sera donc le système d’irrigation dominant en 2020, couvrant près de 50% de la surface irriguée globale; de l’ordre de 1,6 M ha.
Parallèlement à la promotion du goutte-à-goutte, l’un des trois axes majeurs de la stratégie "Irrigation" du PMV consiste en l’extension et l’aménagement des périmètres irrigués en aval des barrages. 90.000 ha sont à ce jour en chantier, pour un objectif de 160.000 ha à l’horizon 2020.
Amélioration de 5 à 13 fois du revenu des agriculteurs économie de 1,4 milliard de mètres cubes/an
L’engouement pour l’agriculture irriguée s’explique également par son fort effet de levier. Bien qu’elle ne porte que sur 16% de la surface agricole nationale, l’agriculture irriguée contribue à près de 45% de la valeur ajoutée agricole, et à hauteur de 75% dans les exportations de fruits et légumes.
L’impact de l’irrigation se fait également ressentir sur le revenu des agriculteurs, qui a été multiplié de 5 à 13 fois – en fonction des périmètres et des cultures.
Pourtant, le Plan Maroc Vert a parfois été critiqué pour une supposée exploitation intensive des ressources hydriques. A la Direction de l’Irrigation, on nous assure que c’est tout le contraire. Chiffres à l’appui, les programmes de valorisation des ressources hydriques ont permis d’économiser 1,4 milliard de mètres-cube chaque année – et ce malgré l’extension des superficies cultivées. Ceci parallèlement à la valorisation de près de 1,5 milliard de mètres-cube, mobilisés par les barrages existants ou en cours de réalisation.
Comment expliquer alors certaines sorties médiatiques, où des agriculteurs et de simples citoyens se plaignent de la raréfaction des ressources en eau?
L’explication est à chercher du côté des bassins hydrauliques, qui sont gérés par des agences idoines. Au niveau de chaque bassin, un Plan directeur d’aménagement intégré des ressources en eau procède à l’allocation des volumes disponibles.
La priorité revient bien sûr à l’approvisionnement en eau potable, suivie par l’industrie et le tourisme. Des restrictions sont imposées à l’agriculture qui, selon la Direction de l’Irrigation, est de loin le secteur le plus impacté par le déficit hydrique. Or, les périmètres irrigués à partir des barrages accusent un sévère déficit, supérieur à 40%.
En clair, les pénuries d’eau sont essentiellement dues à une allocation des ressources hydriques très restrictive à l’égard de l’agriculture. Pour se faire une idée, le besoin annuel du bassin de Doukkala s’élève à 1 milliard de mètres-cube, tandis que la dotation d’eau allouée à cette région en 2018 ne dépasse pas les 300 M de mètres-cube!
Faut-il bannir la culture des pastèques à Zagora?
Les allocations des ressources hydriques étaient-elles aussi derrière les manifestations de Zagora, où une population en colère a protesté contre les pénuries d’eau, en prenant à partie les producteurs de pastèques?
La cause est tout autre. La nappe qui alimente les exploitations de pastèques est située tout près de la ville de Zagora. Or, selon une source sûre, un retard a été accusé dans la réalisation de certains investissements, qui auraient permis d’alimenter la ville en puisant de l’eau à partir d’autres nappes phréatiques.
Pour pallier ce déficit hydrique, un barrage est actuellement en cours de construction sur l’oued Draâ, ainsi qu’une station de dessalement – l’eau des nappes de Zagora étant salée.
Les cultures de pastèques ont quant à elles été ‘fixées’ à 2.500 ha. Pourtant, on nous explique à la Direction de l’Irrigation que ce fruit très prisé des Marocains ne vient en aucun cas aggraver le stress hydrique de la région.
Selon des études réalisées par le ministère de l’Agriculture, la culture de la pastèque n’a pas d’impact significatif sur le niveau de la nappe phréatique de Zagora. D’autant plus que la région regorge de plantations de palmiers, qui nécessitent des ressources en eau beaucoup plus importantes.
En effet, la pastèque consomme 4.000 mètres-cube par hectare/an, alors que le palmier consomme annuellement jusqu’à 25.000 mètres-cube/ha. Selon les experts de la Direction de l’Irrigation, la pastèque serait même l’une des cultures qui valorisent le mieux les ressources en eau: 1 mètre-cube consacrée à son irrigation génère de 25 à 27 DH de valeur ajoutée agricole, tandis que la majorité des autres cultures ne dépassent pas les 4 DH!
Le 18 Avril 2018
Source Web : Médias 24
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