Crise de l'Agriculture au Maroc : Dépendance aux Importations et Enjeux de Souveraineté Alimentaire
Pourquoi l’agriculture marocaine, jadis source de fierté nationale, s’oriente-t-elle de plus en plus vers les importations?? Céréales, fruits et désormais viandes rouges et huile d'olive viennent combler les déficits locaux, une situation difficile à accepter pour les fervents défenseurs des produits du terroir marocain. De plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer l'impact du Plan Maroc Vert, qui semble avoir favorisé les grands exploitants orientés vers l’exportation, laissant les petits agriculteurs locaux aux prises avec des prix élevés des intrants, la sécheresse et la pression des intermédiaires.
Le manque de précipitations, souvent cité comme principal facteur de cette crise, est indéniablement un obstacle majeur, aggravé par le changement climatique et le stress hydrique auquel le Maroc est confronté depuis des décennies. Pourtant, des efforts d’adaptation, en particulier dans les zones pluviales qui couvrent près de 70 % de la surface agricole utilisée, restent insuffisants. Ce morcellement, qui freine la modernisation, complique la compétitivité agricole du pays.
Pour relever les défis d’une agriculture moderne, une gouvernance rénovée s’avère essentielle. Face à la mondialisation et à la concurrence croissante, des initiatives comme l'agrégation des exploitations agricoles, la formation et l'information des agriculteurs s’avèrent cruciales. Mais au-delà des enjeux climatiques et hydriques, se pose la question de l’attractivité du secteur pour la jeune génération, attirée davantage par la vie urbaine que par les métiers agricoles.
Les dépendances étrangères se font également sentir sur le plan technologique, notamment dans l'importation de semences, largement fournies par des entreprises israéliennes pour les cultures de tomates et d'autres légumes. Ces semences coûteuses et à usage unique posent des questions sur la filière semencière marocaine et la nécessité d'encourager les variétés locales, adaptées aux spécificités climatiques et économiques du pays.
La dégradation de la filière animale nationale inquiète tout autant, avec des prix élevés des intrants et la raréfaction des fourrages en raison de la sécheresse, entraînant une flambée des prix des viandes. Pour stabiliser le marché, le gouvernement a autorisé l’importation de viande rouge, mais le véritable défi reste de reconstituer le cheptel national et de garantir sa compétitivité.
Ces problématiques révèlent des limites dans la stratégie du Plan Maroc Vert, en particulier dans sa capacité à assurer l'autosuffisance alimentaire et l'accessibilité des produits de base à des prix raisonnables. La souveraineté alimentaire du pays dépendra de la capacité à réinventer un modèle agricole plus résilient, moins dépendant des conditions climatiques et plus autonome sur le plan technologique, comme l’a montré le modèle australien.
Le 25/10/2024
Rédaction de l’AMDGJB Géoparc Jbel Bani
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