Exclusif. Tout sur les réserves d’or du Maroc
A combien s’élèvent les réserves d’or du Maroc, actuellement, et combien valent-elles? Où sont-elles stockées? Qu’envisage la Banque centrale marocaine pour les réserves d’or du pays? Les réponses avec Mounir Razki, Directeur des opérations monétaires et de change à Bank Al-Maghrib.
En volume, les réserves d’or marocaines s’élèvent à 22 tonnes. Un chiffre bien connu, car il n’a pas changé depuis plusieurs décennies. Les réserves d’or du Maroc, c’est également 710.000 onces, valorisées le matin du 22 décembre à près de 910 millions de dollars.
Suivant cette dernière valorisation, l’or représente 3,6% des réserves globales du pays. La quantité d’or détenue par le Maroc le place au 59e rang mondial en termes de stocks d’or, les trois premières entités disposant des plus grandes quantités de ce métal précieux étant les Etats-Unis, l’Allemagne, et, en troisième position, le Fonds monétaire international.
Les réserves en or marocaines sont soigneusement gardées à la Banque d’Angleterre, la banque centrale du Royaume-Uni, sous forme de lingots. Une petite proportion, environ 1% du patrimoine doré marocain, est stockée au Maroc, plus précisément à Dar Sikkah. Un choix non aléatoire, et en quelque sorte imposé.
«L’or stocké au Maroc n’est pas normé, et il n'est pas le même en termes de pureté», nous explique Mounir Razki, Directeur des opérations monétaires et de change à Bank-Al Maghrib. Selon lui, la pureté de qualité inférieure de l’or stocké au Maroc ne lui permet pas de répondre aux normes Good Delivery du London Bullion Market, le marché londonien de l’or.
Car à vrai dire, l’or marocain stocké à la Banque d’Angleterre, et qui respecte donc les normes Good Delivery, est placé dans ce marché. Il est prêté à plusieurs contreparties qui, selon notre interlocuteur, doivent répondre à des critères d’éligibilité.
«Parmi ces critères, il faut un rating minimal de A. Quand c’est des entités notées AAA par exemple, nous acceptons de nous exposer davantage... Nous avons des méthodes spécifiques pour maîtriser notre exposition», explique notre interlocuteur.
M. Razki ajoute que l’or se prête en général sur du court-terme, trois ou six mois. Les taux que rapportent les placements sont en général faibles, ne dépassant pas 1%: «Si le taux annuel est inférieur à 0,3%, on ne place pas. Maintenant nous sommes à un taux de 0,52% vu que c’est la fin de l’année, on est vraiment à des niveaux exceptionnels», indique-t-il.
Ces placements permettent donc aux réserves d’or marocaines de générer des revenus, qui couvrent en quelque sorte leurs frais de séjour à la Banque centrale anglaise. Ces frais ne sont toutefois pas titanesques: la Banque d’Angleterre applique un tarif de 0,33 livre sterling/lingot/jour. Au 4e trimestre de l’année en cours, le tarif de séjour facturé à Bank Al-Maghrib avoisine les 4.000 dollars.
Revenons à la partie de l’or qui siège au Maroc, également sous forme de lingots. M. Razki estime que le coût pour le transformer et donc affiner sa pureté, combiné à d’autres frais comme son transport, coûtera plus cher à Bank Al-Maghrib que ce que ces lingots rapporteront s’ils sont placés. Du coup, et pour le moment en tout cas, ces lingots ne quitteront pas le territoire national.
D’une autre part, notre interlocuteur explique que le cours de l’or évolue en fonction de l’offre et de la demande. Suite à la crise financière de 2008, le cours de l’or s’est envolé, pour atteindre un pic de 1.900$/l’once en 2011.
«Lorsqu’il y a une crise et que les niveaux de risque augmentent, le cours de l’or s’envole», explique M. Razki. «L’or est une valeur refuge, qui est corrélée négativement aux monnaies qui se déprécient en temps de crise. Il permet de se protéger contre l’inflation», ajoute-t-il.
De ce fait, M. Razki affirme que l’or, pour Bank Al Maghrib comme pour pratiquement toutes les banques centrales est un actif stratégique qu’il faut garder dans son portefeuille.
M. Razki affirme toutefois que Bank Al-Maghrib n’envisage pas d’acquérir des quantités supplémentaires d’or, la dernière acquisition ayant été réalisée avant les années 70, au début desquelles le système de l’étalon-or a été abrogé. La Banque centrale n’envisage pas non plus de vendre une part de ses réserves, «sauf dans les cas de crises les plus extrêmes», conclut notre interlocuteur.
Le 25 Décembre 2017
Source Web : Le Boursier
Les tags en relation
Les articles en relation
De nombreux opérateurs anticipent une prochaine baisse du dirham
L’un des événements majeurs de 2017 sera probablement l’instauration de la flexibilité des changes au Maroc. De nombreux opérateurs anticipent déjà ce...
Billets détruits, faux billets, authentification… Les chiffres de BAM
Bank Al-Maghrib (BAM) a détruit l’année dernière 380 millions de billets ne remplissant plus les conditions de qualité requises pour leur remise en circul...
Banques: Voici les réformes réglementaires en cours chez Bank Al-Maghrib
Classification de créances, cotisation au fonds de garantie, gestion des crises... Bank Al-Maghrib s'active sur plusieurs fronts pour renforcer le cadre r�...
Comment le paiement mobile va changer la vie des Marocains ?
Lancé en 2018 par la Banque centrale et l’Agence nationale de réglementation des télécommunications, le dispositif réglementant le paiement mobile nourri...
Les commentaires de Jouahri sur le rapport de l’OCDE
Rendement des investissements, dépenses publiques, éducation, chômage et financement de l’économie, le gouverneur de la Banque centrale a commenté, à sa...
La lecture de Jouahri sur la santé des banques et la hausse des créances en souffrance
BAM observe un ralentissement de la croissance du crédit bancaire, principalement envers les entreprises privées. La progression des crédits au secteur non f...
Réserves de change : Hausse de 27% à fin février 2016
Les réserves internationales nettes se sont établies à 232,7 milliards de dirhams (MMDH) au 26 février 2016, en hausse de 27 pc en glissement annuel, a anno...
Jouahri: le Maroc décidera en mai, du calendrier de passage au taux de change flexible
Le Maroc décidera quand et comment il va passer à un système de taux de change flexible, à l’occasion des discussions qu’il aura le mois prochain avec ...
Comment redémarrer l’économie : la recette de l’économiste Najib Akesbi
Médias24 consacre une série d’articles à la réflexion autour du redémarrage de l’économie, en prenant l’avis de plusieurs personnalités du monde é...
Crédit du Maroc lance sa fenêtre participative sous l’enseigne «ARREDA»
Le Crédit du Maroc va déployer dans les prochaines semaines un premier dispositif de 12 points de vente dans les principales villes du Royaume. Le Crédit ...
Rachat du Crédit du Maroc : Holmarcom se prépare à verser 4 milliards de dirhams au profit du Cr�
Cette transaction est en cours de préparation, selon une source sûre. Les banques ont d'ores et déjà commencé à constituer une enveloppe pour couvrir ...
DOC-Flexibilité du Dirham: Ça y est, c'est fait !
Après plusieurs hésitations (Voir "Réforme du régime de change: L’annonce de la date était une erreur"), la flexibilité du dirham est enfin adoptée. Ap...