Pluviométrie: La cote d’alerte!
La réserve des barrages à 1/3 de leur capacité théorique
Les ouvrages à usage agricole sont les plus affectés
Les réserves en eau de l’ensemble des barrages est au plus bas: 5,3 milliards de mètres cubes sur une retenue théorique de l’ordre de 15 milliards. En ce qui concerne les barrages à usage agricole, la situation est plus critique. Deux grands ouvrages, Al Massira et Bin El Ouidane affichent un taux de remplissage de moins de 20%. Seul Al Wahda maintient sa réserve à 42% de sa capacité mais la zone qu’il domine connaît un déficit en termes des équipements d’acheminement d’eau vers les usagers
Subitement le pays est devenu une grande salle d’attente. Pas pour quelque évènement mobilisateur mais surtout l’arrivée de pluies qui a pris beaucoup de retard par rapport à une saison dite normale. Tout au plus, il a été enregistré quelques orages au nord du pays. Du coup, tout le monde scrute le ciel.
A la campagne comme en ville, les populations et les opérateurs économiques redoutent les conséquences d’une «année agricole blanche». Les ménages urbains subissent déjà la hausse des prix de produits agricoles, les ruraux se trouvent de plus en plus confrontés à la spéculation sur certains intrants et autres aliments de bétail.
La cote d’alerte est atteinte dans de nombreuses régions où le manque de pluies a été aggravé par les fortes chaleurs de l’été. A titre d’exemple, la production d’olives qui a enregistré un record (1,4 million de tonnes) s’est avérée très faible en rendement d’huile.
Entre 10 et 12% selon les zones de production contre 16 à 18% par année normale. Les primeurs et les agrumes ont été également affectés par les fortes températures. Sur les marchés, la clémentine est moins juteuse que d’habitude avec une prédominance de petits calibres.
Pourtant, ces cultures sont menées, pour l’essentiel, dans des périmètres irrigués. Mais face à des prémices de sécheresse, les gestionnaires de la ressource hydrique font preuve de prudence, via la réduction du nombre et de la durée des irrigations. L’objectif est d’anticiper une éventuelle rareté de la ressource qui risque de mettre en péril des populations et des élevages.
A l’appui de leur politique «de rationalisation», la situation critique des réserves des barrages à usage agricole. Bin El Ouidane qui dessert la zone des Doukkala et une partie de Béni Mellal, sa retenue théorique est à moins de 17%. L’autre grand barrage, Al Massira dont la capacité est estimée à 2,7 milliards de m3 affiche un taux de remplissage de 18,9%. (Voir carte).
Pour le moment, il reste un mince espoir. Le pays bénéficie encore d’à-peu-près d’un mois pour procéder aux semailles, estiment des professionnels. Les pouvoirs publics seraient probablement dans la même analyse. A la condition, bien évidemment, que les pluies soient au rendez-vous dans les semaines qui viennent. Cela ne dédouane pas le gouvernement d’anticiper dès à présent un plan d’aide à l’élevage qui pèse pour 30% dans la production intérieure brute agricole. A commencer par l’approvisionnement du pays en orge notamment.
La céréale connaît déjà une forte demande à l’international que certains fournisseurs, notamment la Russie, taxent à l’export. Au-delà, tous les efforts doivent être portés sur la priorité des priorités, en l’occurrence la sécurisation de la ressource hydrique.
Limite des ressources conventionnelles
L’unanimité est faite. La mobilisation des eaux superficielles et sous-terraines ne suffit plus. La solution réside dans le dessalement de l’eau de mer et le recyclage des eaux usées. Deux axes sur lesquels le pays a pris beaucoup de retard. Rien qu’au niveau de la réutilisation des eaux usées, pas moins de 325 millions de mètres cubes peuvent être captés, selon les études réalisées à cet effet. Mais le salut proviendrait du dessalement d’eau de mer. A titre d’exemple, le projet du Grand Agadir permettrait la mobilisation de 150.000 m3/jour. Un projet que le gouvernement envisage de multiplier à l’identique dans d’autres régions. C’est l’un des objectifs phares du Plan National d’Eau (PNE) qui met en avant le traitement structurel de la problématique via la planification préventive des projets hydrologiques. Ceci tout en poursuivant les programmes d’économie d’eau et de sa valorisation optimisée.
Le 27 Novembre 2017
Source Web : L’économiste
Les tags en relation
Les articles en relation
L'objectif en matière d'irrigation au goutte-à-goutte atteint dès cette année!
Plus connue sous l’appellation "goutte-à-goutte", l’irrigation localisée couvre actuellement 37% de la surface irriguée totale qui s’étend sur un peu ...
Stress hydrique au Maroc : Quelle efficacité pour les politiques gouvernementales ?
«Le Maroc affronte l’une de ses pires sécheresses de l’histoire». Cette phrase que nous avons lue et entendue à maintes reprises au cours de cette anné...
Ahmed Reda Chami : "L'ambition du CESE est de contribuer à la préservation d'un capital naturel pr
L'ambition du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) est de contribuer à la préservation d'un capital naturel protégé et valorisé de...
Au Maroc, un barrage débordé par la sécheresse
Le barrage de Bin el Ouidane, en 2010. Photo Wikipedia Commons A Bin El Ouidane, dans le Moyen-Atlas, la retenue d'eau est quasiment vide et ne permet pl...
Bilan des barrages dans le Nord du Maroc : un taux de remplissage global de 51,43%
Dans la région Nord du Maroc, les réserves des principaux barrages atteignent un total de 885 millions de m³, représentant 51,43% de leur capacité totale. ...
#MAROC_PLUVIOMETRIE_AGRICULTURE: les bonnes nouvelles d’Akhannouch
Grâce aux dernières pluies, le cumul des précipitations a atteint 184 mm, soit l’équivalent de la pluviométrie d’une année normale, selon Aziz Akhanno...
#MAROC_Ressources_hydriques: Abdelkader Amara promet de nouvelles centrales de dessalement d'eau de
Le Grand projet sur lequel le ministère travaille actuellement concerne la station de dessalement de l'eau de mer de Casablanca. Celle-ci sera construite d...
Le bilan pluviométrique devient excédentaire sur quelques régions du Maroc
Un bilan pluviométrique excédentaire de 1 à 10% sur quelques régions du pays, et des chutes de neige dépassant l'altitude de 900 m; le bilan au mercred...
Politique de l’eau: Tout est à réinventer
Barrages et nappes phréatiques ne suffisent plus aux besoins Le salut provient du dessalement et du recyclage des eaux usées Le spectre de la soif point...
Production céréalière : Baisse de 30% au titre de 2018/2019
La production céréalière s’est établie à 52 millions de quintaux au titre de la campagne agricole 2018/2019, soit une baisse de 30% en comparaison avec u...
Gestion de l’eau : Ce qui a été réalisé à ce jour
Trois programmes sont en marche depuis le lancement du Plan Maroc Vert Pour maîtriser ses ressources en eau, le Maroc a engagé une politique volontariste. ...
Gestion des margines : L'Agence du bassin Oum Er-Rbia intensifie ses efforts pour protéger l'enviro
Alors que la saison de récolte des olives bat son plein, l'Agence du bassin hydraulique de l'Oum Er-Rbia redouble d'efforts pour atténuer l'im...