Hirak du Rif : Coups médiatiques et coups de matraque
Depuis l'émergence du Hirak du Rif, les soutiens et détracteurs de la cause se déchirent. Marches de solidarité ou vives condamnations via les médias et sur les réseaux sociaux ; des victimes dans les deux camps. La DGSN publie son bilan à l'heure où des intellectuels se mobilisent en faveur des manifestants.
La DGSN réplique ! Les forces de l'ordre présentes sur le terrain dès les premières heures de la contestation du Rif, émaillée par des épisodes violents, sortent de leur silence. De bourreaux et « briseurs de manif », ces agents de l'autorité se posent désormais en victimes et présentent leur bilan, vidéo à l'appui. Relayées par nos confrères de Medi1 TV, ces images montrent des policiers sur la défensive, battant en retraite face aux manifestants armés de pierres et n'hésitant pas à s'en servir. Dans la localité d'Imzouren, un édifice destiné au logement de policiers a été incendié, symbolisant une escalade de la violence, dans ce nord chauffé à blanc.
Selon un communiqué de la DGSN, pas moins de 290 policiers ont été blessés (à différents degrés), victimes de jets de pierres ou de cocktails Molotov, provoquant des fractures, asphyxie ou brûlures, au cours de ces manifestations. Un bilan humain qui s'accompagne également de pertes matérielles lourdes, ajoute le communiqué. La DGSN affirme que le montant des dégâts s'élève à près de 14 millions de Dhs, en raison de détériorations et destructions de 276 véhicules de transport, de 1 260 unités de protection, de 24 barrières et 3 885 accessoires d'uniformes.
En sortant ainsi de leur réserve, les forces de l'ordre tendent à livrer une lecture différente du « Hirak du Rif », qui comprend chaque jour plus de soutiens à travers le royaume. Les marches de solidarité se sont rapidement multipliées dans différentes villes : la dernière en date s'est tenue à Rabat, le dimanche 11 juin et a réuni plusieurs milliers de manifestants. Si la société civile se range, visiblement, massivement du côté des contestataires, cette réponse de la DGSN semble, elle, signer un « ras-le-bol » lié à un traitement médiatique estimé partial...
La toile s'embrase également régulièrement lorsque des images du mouvement du Rif y sont diffusées. Émanant de milliers d'anonymes, ces témoignages de solidarité s'organisent. Une pétition récemment mise en ligne, à l'initiative de 500 intellectuels – artistes, écrivains, personnalités de médias – en appelle à la libération des détenus, arrêtés dans le cadre des événements du Rif, précisent nos confrères de H24. Pas moins d'une trentaine de contestataires d'Al Hoceima, ont été accusés, dans la nuit de mardi à mercredi, au tribunal de première instance de la ville, de rébellion, attroupements armé, insultes et violences à l'égard d'agents de la force publique, dégradation d'objets affectés à l'intérêt général, outrages à agents de la force publique, manifestations sans déclaration sur la voie publique. Si la plupart de ces jeunes ont été relâchés dans la matinée – après avoir « reçu une correction physique de la part des forces de sécurité », indiquent nos confrères du Desk, citant des sources associatives – d'autres manifestants, dont des figures du mouvement demeurent sous les verrous. Une centaine de journalistes insistent quant à eux pour obtenir la libération immédiate de sept confrères et bloggueurs, interpellés suite aux événements du Rif.
Solidaires du mouvement, ces intellectuels condamnent néanmoins le recours à la violence et prônent la préservation du caractère pacifique du Hirak. Ils encouragent également les manifestants à ne pas dévoyer le message initial des revendications économiques et sociales, qui ne doivent en aucun cas être entachées de violences ou de velléités de sédition.
Malgré l'envoi lundi 12 juin d'une seconde délégation ministérielle dans la ville d'Al Hoceima, centre névralgique des tensions, le gouvernement semble peiner à apporter une solution au conflit et à apaiser les tensions. La rue continue de gronder, mais le conflit s'est également déporté sur un autre champ : la sphère médiatique. Informations, intox, campagnes de dénigrements... Difficile de saisir le vrai du faux depuis le début de la contestation. Les images officielles sont torpillées par les caméras amateurs des observateurs. Les autorités, dépassées, se devaient alors de réagir à leur tour et fournir leur version des faits... Lorsque deux camps s'étrillent, il est souvent dit que la vérité se situe au milieu...
Le 15 Juin 2017
SOURCE WEB Par Les Infos
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vendredi 16 juin 2017
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