Comment le biogaz alimente villes et grands projets au Maroc

Deux moteurs à biogaz ont été installés à Youssoufia et à Ben Guérir au service de l'OCP. Mais ce ne sont pas les premiers à proposer de produire de l'électricité à partir de déchets au Maroc.
Faire de l'électricité à partir de tonnes d'ordures. C'est ce que permettent désormais deux moteurs à biogaz mis en service par l'OCP à Youssoufia et Benguérir. Inaugurés en grande pompe le 8 mars, ils vont permettre à deux stations d'épuration (STEP) d'utiliser les déchets liquides des eaux usées des villes de Youssoufia et de Benguérir afin d'en extraire un biogaz.
Principalement composé de méthane, ce gaz sera valorisé en électricité grâce aux deux moteurs construits par la société allemande 2G. "Cette électricité va couvrir les propres besoins énergétiques des STEP mises en service par l'OCP", nous explique Stefanie Sohm, cogérante de Generizon qui représente 2G au Maroc. "Avec des puissances installées de 100 et 150 kW, les moteurs contribuent de 30% aux besoins énergétiques de chaque site", précise un communiqué de Generizon. La cogérante de la société refuse en revanche de divulguer le montant d'investissement du projet.
Cette énergie verte et propre n'est pas nouvelle au Maroc. D'autres projets ont été réalisés dans les STEP, notamment à Fès et à Marrakech. Dans un rapport du ministère de l'Industrie datant de 2013, il était précisé que la Régie autonome de distribution d’eau et d’électricité de Marrakech (RADEEMA) "a équipé sa STEP d’une unité de cogénération d’énergie électrique à partir du biogaz produit par les boues qui permet de dégager 30.000 kW par jour (...) pour les besoins de la station". Au total, une dizaine de projets similaires existent à travers le Maroc.
Biogaz à partir de déchets organiques
Depuis juin 2015, la ville de Fès utilise aussi de l'électricité issue du biogaz. Ce dernier est cependant produit à partir des déchets ménagers et non pas liquides. "Le Maroc a un gros potentiel avec le biogaz, car nous jetons beaucoup de matière organique, plus que nos voisins européens", indique Sami Labzae, directeur d'exploitation de la société américaine Ecomed, qui gère la décharge de Fès.
"Nous récupérons chaque jour entre 800 et 1.000 tonnes de déchets ménagers de la ville de Fès. Ces déchets, enfouis sous la terre, dégagent un biogaz lors de leur fermentation", décrit le spécialiste. "Ce biogaz est acheminé vers un générateur bioélectrique qui permet de le transformer en énergie électrique". Grâce aux 10 millions de kilowatts produits depuis 2015, la décharge permet de produire 25 % de l'électricité de l'éclairage public à Fès. Un projet pionnier dans l'énergie renouvelable qui a demandé un investissement de 100 millions de dirhams.
Ecomed, qui gère plus de dix décharges sur le territoire, est désormais en train d'équiper celle de Marrakech. Sami Labzae précise que l'entreprise commence par les grandes villes dont les "décharges sont arrivées à maturité". "Il faut qu'il y ait une biodégradation suffisante en volume et en qualité", explique Sami Labzae. C'est ce qui explique selon lui que les projets de moteurs à biogaz sont principalement réalisés dans les grandes villes plutôt que dans les petites villes où les investissements risquent de ne pas être rentables. D'autres décharges se sont aussi lancées dans l'aventure biogaz comme à Oujda.
Stefanie Sohm de Generizon avoue qu'il existe de grandes opportunités dans le secteur du biogaz au Maroc. "Nous sommes déjà en train de parler avec plusieurs décharges afin de leur faire une offre", nous confie-t-elle sans vouloir préciser de noms. Alors que le Maroc se focalise sur les énergies renouvelables solaires et éoliennes, le biogaz est donc le prochain sur la liste.
Le 09 Mars 2017
SOURCE WEB Par Telquel
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