Le Spy’Ranger de Thales, nouveau drone de reconnaissance de l’armée française
A l’issue d’une âpre compétition avec Airbus et l’israélien Elbit, Thales a remporté le marché des mini drones de reconnaissance de l’armée française. Un contrat pour 210 drones en tout, évalué à plus de 100 millions d’euros.
Le mini drone Spy'Ranger de Thales
Le mini drone Spy'Ranger de Thales a été sélectionné par la DGA pour équiper les forces françaises à partir de 2019
Battu sur le contrat des drones tactiques de l’armée de terre, remporté par le Patroller de Safran, Thales prend une petite revanche. La Direction générale de l’armement (DGA) a officialisé jeudi 5 janvier la sélection du groupe électronique français pour le contrat dit Système de mini drones de renseignement (SMDR). Thales, allié à deux PME françaises (Aviation Design pour le véhicule aérien et Merio pour la boule optronique), fournira 70 systèmes Spy’Ranger (35 fermes et 35 en option). Chaque système comprenant trois drones et une station sol, le contrat porte donc sur 210 drones en tout, avec des premières livraisons prévues en 2019. L’accord, qui intègre aussi 10 ans de soutien, est estimé à 103,4 millions d’euros. Le Spy’Ranger remplacera les antiques DRAC de l’armée de terre.
Victoire face à Airbus et aux groupes israéliens
Pour Thales, c’est une jolie victoire, tant la compétition a mis aux prises la crème des fabricants de mini-drones. Côté français, Airbus Defence & Space proposait le drone Skyghost de sa filiale Survey Copter. Safran avait participé avec le FlyEye de son partenaire polonais WB Electronics. La start-up toulousaine Delair Tech, en partenariat avec le groupe ECA, s’était aussi invitée à la fête avec son DT-26M. Côté israélien, Elbit Systems, leader mondial du segment, proposait une version modernisée de son Skylark, en service dans les forces spéciales françaises. Le groupe israélien Aeronautics Defense, fabricant du drone Orbiter, était aussi en compétition.
Comment Thales a-t-il réussi à s’imposer? "Grâce à la performance et aux capacités opérationnelles du Sky’Ranger", répond Jean-Pascal Arrou-Vignod, directeur en charge des activités optroniques de Thales. Qui cite notamment les performances de la boule optronique, la sécurisation des transferts de données et la qualité du système de commandement (station-sol et logiciel). Thales oblige, l’algorithme de traitement des images est dérivé de celui du pod Reco NG du Rafale. On a connu pire référence pour un mini drone.
Presque 100% made in France
L’argument du made in France a aussi probablement fait mouche. "Notre système est quasiment à 100% français, souligne Pascal Sécretin, en charge de la ligne de produits mini drones chez Thales. Seule la batterie est achetée à la filiale française d’un groupe étranger." Si Thales est maître d’œuvre, les drones seront assemblés chez Aviation Design à Milly-la-Forêt (Essonne), les boules optroniques étant conçues par Merio, PME basée à Saint-Restitut (Drôme).
Loin des drones de surveillance type Reaper utilisés par l’armée de l’air, qui flirtent avec les 5 tonnes et peuvent rester sur zone 24 heures, le Spy’Ranger sera utilisé comme une sorte d’œil déporté par les forces françaises. Transportable en sac à dos, il affiche une envergure de près de 3,80 m et un poids de 14,5 kg, et possède une autonomie de l’ordre de 2h30. Il peut être déployé en 12 minutes par une équipe de deux opérateurs, assurent ses concepteurs, entre l’installation de la rampe de lancement, l’assemblage du drone, l’initialisation de la station sol et la réalisation des tests avant le décollage. L’engin transmet en temps réel des flux de vidéo haute définition jusqu’à 30 km de la station sol.
Fort potentiel export
Pour le groupe français, la commande française est un argument de vente de poids à l'export. Le choix du système de Thales par l’armée française va crédibiliser l’offre du groupe sur le segment des mini-drones, un créneau ultra-dominé par les acteurs israéliens, Elbit en tête. "Nous avons entre quatre et six prospects militaires intéressés par le Sky’Ranger", indique Pascal Sécretin. Le groupe discute également avec des acteurs civils dans le ferroviaire et l’énergie.
Le 05 Janvier 2017
SOURCE WEB Par Challenges
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