Entretien. Les 4 piliers de la nouvelle stratégie de Managem
Managem se renforce dans l’or? via l’acquisition de 40% d’une mine d’or à Tki-K en Guinée, d’une capacité estimée à 90 tonnes. Mais la nouvelle stratégie de l’opérateur minier consiste également à se renforcer dans l’argent, le cuivre et d’autres métaux de base. Entretien avec Imad Toumi, PDG de Managem.
Médias24. Quelles sont les conditions de l’accord avec Avocet, votre partenaire dans le projet minier de Tri-k?
Imad Toumi: Comme nous l’avons annoncé, nous avons procédé à l’acquisition de 40% de la mine d’or de Tri-k en Guinée. La mine a une réserve d’une soixantaine de tonnes? évaluées avec précision. Mais nous allons mener des études de faisabilité pendant une année pour confirmer les niveaux de réserves du gisement et nous monterons dans le capital à 70% dans une année. Ces études seront bouclées en 2017.
Notre associé dans la joint-venture créée à cet effet et dans laquelle nous sommes l’opérateur de référence en charge des études de faisabilité et de la construction de la mine, est Avocet, un opérateur coté à la BVourse de Londres et dont les activités portent essentiellement sur des mines d’or.
L’investissement de 14 millions de dollars dont une partie apportée en cash (4 millions), le reste en expertise, en travaux de sondage, d’ingénierie minière… est une manière de valoriser l’expertise du groupe.
Ce projet est situé dans une zone où sont établies l’essentiel des grandes mines et tous les grands intervenants d’Afrique de l’Ouest.
-Etes-vous déjà présent dans la région?
-La Guinée est un pays où nous avons une présence historique qui date des années 90. Avant la conclusion de cet accord, nous étions présents à travers des accords de recherche sur place. Ce projet vient accélérer notre partenariat avec les Guinéens.
Il viendra une seconde étape dans un an, où il faudra encore investir pour construire la mine, avant l’exploitation réelle, qui démarrera en 2019.
-A quand remontent les premières négociations pour le projet Tri-k?
-Les prémices remontent à plus d’un an, à un moment où les cours de l’or étaient bas, où Ebola avait frappé cette partie de l’Afrique…. Managem a été un des rares acteurs à continuer à croire en ce pays et à y rester, alors que d’autres l’avaient fui. Notre soutien et notre présence ont été infaillibles. Aujourd’hui, cette période difficile pour la Guinée fait partie du passé et notre persévérance a fini par payer.
Durant les 6 derniers mois, la concurrence a été assez forte pour prendre part à ce partenariat. Notre expertise et le soutien fort du pays ont joué en notre faveur et ont fait de nous un partenaire technique de premier plan. Notre connaissance du pays a également aidé.
Nous étions le seul partenaire crédible sur le plan technique, capable de développer au mieux ce projet, par rapport à ce que la compagnie Avocet pouvait faire seule. Grâce à nous, la production va doubler, en passant de 1,5 tonne à plus de 3 tonnes par an, à partir de 2019. Ce facteur a été décisif dans le choix de Managem.
-Combien pèse ce gisement dans les actifs de Managem?
-Pour répondre à votre question, je préfère situer ce gisement dans le cadre de notre nouvelle stratégie. Nous sommes à un moment d’inflexion du groupe.
Une vision de croissance soutenue par notre actionnaire principal est bouclée. Nous avons mis 6 mois à la construire. Le projet Tri-k marque d’ailleurs son lancement.
Cette stratégie est basée sur 4 piliers:
1- marquer une croissance dans l’or, pour atteindre une production annuelle de 7 à 8 tonnes à l’horizon 2019-2020, Faso avec une visibilité de 5 à 10 ans, contre 2 tonnes actuellement.
Outre les projets miniers dont nous disposons au Gabon, au Soudan ou au Burkina Faso, nous avons besoin de procéder à des acquisitions. Tri-k est la première opération dans cette stratégie. D’autres acquisitions ou partenariats viendront par la suite, notamment en Afrique de l’Ouest et de l’Est. Elles permettront d’accélérer la croissance. En Ethiopie par exemple, nous sommes en phase de recherches géologiques dans un projet minier. Son aboutissement est prévu pour 2020-2021.
Ces projets nous permettront de passer de 2 tonnes à 8 tonnes de production, soit une taille visible dans la région.
2 -se développer dans le cuivre, qui est un métal dans lequel nous avons un portefeuille à fort potentiel. Actuellement, nous produisons environ 120.000 tonnes de concentré de cuivre, contre 60.000 tonnes il y a deux ans et notre ambition est d’atteindre 300.000 tonnes à l’horizon 2020.
La première marche est d’arriver à 150.000 tonnes en 2017, en augmentant les capacités des projets existants.
La deuxième marche consiste à mettre en place de nouveaux projets, avec des capacités de 150.000 à 200.000 tonnes additionnels. Deux au Maroc sont en phase finale d’étude et un autre en RDC est également dans une phase finale d’étude et pourra être valorisé prochainement.
3 - consolider notre présence dans l’argent, notamment au niveau de la mine d’Imiter. Un pied historique à garder dans la stratégie future avec des investissements pour monter en capacité.
4 -Consolider la présence dans les métaux de base et la métallurgie: zinc, plomb, cobalt…autour de Guemassa. C’est notre assise historique avec Imiter.
-Cette diversification vous permet-elle de minimiser les risques relatifs de la volatilité des cours ?
-Le métier des métaux est fortement exposé à ce type de risque. Heureusement, les cours des uns et des autres peuvent se compenser.
Depuis quelques mois, les métaux précieux sont sur une courbe haussière. Le cuivre est en bas du cycle et on s’attend à ce qu’il monte dans les prochaines années, entre 1 et 3 ans.
Nous avons aussi un équilibre à garder en termes de positionnement géographique, avec d’éventuels risques géopolitiques. C’est pour cela que nous tenons à être solides sur le territoire national, où nous disposons d’une assise exceptionnelle, ainsi que de gisements et d’infrastructures que nous maîtrisons et qui nous permettent de croître, avec un minimum de risque.
-Comment allez-vous financer tous ces projets?
-La première source de financement résulte de notre capacité à générer du cash des projets existants. C’est la raison pour laquelle nous avons une mobilisation forte des équipes pour améliorer nos performances opérationnelles et augmenter les capacités de nos installations. Cela passe par l’optimisation des coûts de production et l’élimination des goulots d’étranglement.
La deuxième source est la qualité des projets à mettre en place et leur potentiel. C’est ce qui conditionne leur capacité à lever des fonds à l’international.
Les partenariats permettent aussi d’avoir des fonds, tout en restant l’actionnaire de référence.
-Qu’en est-il du financement de Tri-k?
-Il sera assuré dans la première partie par l’autofinancement. Pour ce qui est de la construction, elle sera financée par des banques, mais également par notre partenaire, qui va injecter des fonds.
Le 11 Octobre 2016
SOURCE WEB Par Médias 24
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