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Virage économique Maroc–USA sous Trump

Virage économique Maroc–USA sous Trump

Un nouvel ambassadeur américain axé business à Rabat, une extension des champs d’application de l’Accord de libre-échange Maroc–États-Unis, de nouveaux droits de douane favorables au Maroc, une importante mission économique américaine prévue au Maroc, et une série de déplacements ministériels marocains à Washington : sous l’administration Trump, le partenariat stratégique entre le Maroc et les États-Unis prend une tournure résolument économique, avec une forte dimension commerciale et géopolitique centrée sur le Sahara marocain. En ligne de mire : un renforcement des échanges bilatéraux, le développement des investissements directs américains au Maroc, et possiblement une fin du mandat de la Minurso.

Discrètement mais efficacement, le nouveau visage du partenariat économique Maroc–États-Unis se dessine. Les droits de douane américains, annoncés le 2 avril, fixent pour le Maroc un taux préférentiel de 10%, bien en deçà des 34% pour la Chine, 30% pour l’Algérie ou 28% pour la Tunisie. Grâce à l’Accord de libre-échange (ALE) signé en 2004, le Maroc est parmi les pays les moins pénalisés, confortant sa place en tant que partenaire commercial clé des États-Unis en Afrique.

Cette orientation économique s’est confirmée avec la nomination de Duke Buchan III comme ambassadeur des États-Unis au Maroc. Cet homme d’affaires, proche de Donald Trump, incarne une diplomatie résolument orientée business. Ancien banquier à Wall Street, fondateur de Hunter Global Investors, il symbolise l’ambition américaine d’intensifier les investissements au Maroc.

Dans cette même dynamique, une mission commerciale américaine de grande envergure est attendue au Maroc en mai. Plus de 15 États américains et plusieurs agences fédérales y participeront, avec un accent mis sur l’investissement dans les secteurs agricoles et agroalimentaires marocains. Cette initiative confirme la volonté commune de renforcer les relations commerciales et d’investissement bilatérales.

Parallèlement, la diplomatie économique marocaine s’active : plusieurs ministres marocains de secteurs stratégiques se sont rendus aux États-Unis en mars. Amina Benkhadra (ONHYM) a présenté à Washington les avancées du projet du Gazoduc Afrique-Atlantique (GAA). Leila Benali, ministre de la Transition énergétique, a exposé à Houston la stratégie énergétique du Maroc, tandis qu’Amal El Fallah Seghrouchni, ministre déléguée à la Transition numérique, a présenté la stratégie Maroc Digital 2030.

Dans ce contexte, l’Accord de libre-échange Maroc–États-Unis fête son 20e anniversaire. Il reste le seul accord de libre-échange signé par les États-Unis avec un pays africain. En 2024, les importations marocaines de biens américains ont atteint 5,3 milliards de dollars, en hausse de 37,3 %, tandis que les exportations marocaines vers les États-Unis ont progressé de 12,3 %, atteignant 1,9 milliard de dollars. Pourtant, seulement 3 % des exportations marocaines vont vers les États-Unis, soulignant un potentiel commercial encore sous-exploité.

Contrairement à certaines rumeurs, l’ALE Maroc–États-Unis n’est pas menacé. La politique de révision des accords commerciaux prônée par Trump cible uniquement les pays excédentaires vis-à-vis des États-Unis, ce qui n’est pas le cas du Maroc. Des discussions sont en cours pour étendre l’accord à de nouveaux secteurs, y compris les technologies, l’énergie et la défense.

Dans le domaine militaire, le partenariat bilatéral s’intensifie : le Maroc a acquis des hélicoptères Apache AH-64 E, avec d’autres en cours de livraison, et prépare l’achat du système de défense aérienne Patriot. Le Royaume reste le principal partenaire militaire des États-Unis en Afrique et coorganise le plus grand exercice militaire du continent, African Lion.

Sur le plan géopolitique, l’administration Trump pourrait reprendre la politique initiée en 2020, lorsque les États-Unis ont reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Une ouverture d’un consulat américain à Dakhla est envisagée. Des voix influentes aux États-Unis, comme Eugene Kontorovich (Heritage Foundation) ou Michael Rubin (American Enterprise Institute), plaident pour la fin de la Minurso, jugée obsolète depuis la reconnaissance américaine du Sahara marocain

Le 05/04/2025

Rédaction de lanouvelletribune

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