Agriculture en Afrique La grande oubliée des négociations climatiques
Deux tiers des terres arables pourraient être perdus d’ici 2025 en raison des changements climatiques
L’initiative triple A pour réduire la vulnérabilité
Le Maroc qui a initié la triple A souhaite créer une coalition en faveur de cette initiative. Une trentaine de pays participent au sommet de haut niveau de Marrakech. Les personnalités ont été reçues par Aziz Akhannouch, ministre marocain de l’agriculture et parmi elles Mostafa Terrab, PDG de l’OCP (Ph. Mokhtari)
D’abord un constat: L’agriculture ne mobilise que 4% des fonds publics climat alors qu’elle concentre 40% des emplois en Afrique. Le continent noir capte à peine 5% de ces fonds même s’il concentre 16% de la population. Les négociations internationales ont très peu pris en considération l’Afrique et l’adaptation de son agriculture aux changements climatiques. Pourtant, le continent est particulièrement vulnérable aux changements climatiques et les conséquences de ces derniers peuvent être désastreuses aussi bien pour la sécurité alimentaire que la sécurité politique. En effet, les deux tiers des terres arables africaines pourraient être perdus d’ici 2025 à cause des changements climatiques et les experts estiment que la baisse des rendements agricoles pourrait atteindre 20% en 2050. Et ce même en cas de limitation du réchauffement à 2°C. C’est partant de ce constat qu’est née l’Initiative pour l’adaptation de l’agriculture africaine (la triple A) lancée en avril dernier à la proposition du ministère marocain de l’Agriculture. Cette initiative vise à relever trois défis auxquels doit faire face le continent africain, indique Aziz Akhannouch, ministre de l’agriculture et de la pêche maritime. Le premier enjeu est le financement des projets, en particulier ceux liés à l’adaptation de l’agriculture aux changements climatiques. Le deuxième défi est l’augmentation de la productivité agricole et augmenter le pouvoir de séquestration du carbone dans les sols africains. Rappelons qu’il est établi que le doublement de la productivité agricole d’ici à 2030, et son triplement à l’horizon 2050 permettraient à l’Afrique non seulement de combler le gap actuel pour garantir sa sécurité alimentaire, mais également de compenser la baisse de productivité due aux changements climatiques. Cette ambition impose un objectif d’augmentation de 4% par an de la productivité agricole en Afrique. Le troisième défi de la triple A est l’adaptation en ligne avec les recommandations de l’initiative 4 pour 1.000. C’est autour de ces enjeux et de la mobilisation de l’ensemble des pays africains que se poursuit le Sommet de haut niveau à Marrakech. Une trentaine de pays y participent aux côtés de représentants d’institutions internationales comme la banque mondiale, la banque africaine de développement, la FAO. Un des moments les plus importants de ce sommet, la rencontre ministérielle prévue aujourd’hui et qui devrait acter la stratégie des pays africains pour placer l’agriculture à l’ordre du jour des négociations et présenter également l’engagement financier. La banque africaine de développement soutient cette initiative et s’engage pour la promotion de l’initiative auprès de ses partenaires, indique Yacine Diam Fal, représentante résidente de la BAD pour le Maroc.
Outre le financement, l’initiative souhaite aussi proposer des solutions. Pour Ethel Sennhauser, directrice du pôle Agriculture du groupe de la Banque mondiale, il faut privilégier des solutions gagnant-gagnant et prendre des mesures pour rendre l’agriculture «climato-intelligente», c’est-à-dire à la fois plus productive, plus résiliente et plus respectueuse de l’environnement. «Pour cela, on doit changer totalement de paradigme sur la pratique de l’agriculture», recommande Sennhauser. Pour le professeur en sciences des sols à l'université de l'Ohio (Etats-Unis) et lauréat du prix Nobel, Rattan Lal, l’impact du changement climatique sur l’agriculture est désastreux. Les déforestations ont affaibli les ressources naturelles. «La vie, la qualité des sols et de l’eau doivent être au cœur de cette initiative», recommande Lal.
Fertilité des sols
L’Afrique est l’un des continents qui utilisent le moins d’intrants agricoles. L’initiative triple A encourage une gestion intégrée de la fertilité des sols pour favoriser leur régénération et améliorer leur productivité ainsi que leur résilience aux changements climatiques. Une gestion qui devrait être adaptée à la grande variabilité des situations locales, peut-on lire dans la synthèse d’un livre blanc réalisée en juillet dernier suite à un colloque scientifique et auquel participaient des experts internationaux. Ainsi, l’initiative soutient deux types de solutions en matière de fertilisation, complémentaires et solidaires: des approches de diagnostic qui permettent de dresser un état des lieux de la fertilité des sols et des réponses techniques avec une diversification des sources d’éléments nutritifs. En parallèle, la triple A prône des mesures de pédagogie et d’accompagnement des agriculteurs avec des outils d’aide à la décision, accès facilité aux crédits, développement des «smart subsidies»… En matière d’eau, l’initiative met en avant 5 types de solutions qui recherchent complémentarité entre aménagement et mobilisation de l’eau et autres hydro-agricoles.
Le 03 Octobre 2016
SOURCE WEB Par L’économiste
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jeudi 6 octobre 2016
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