Sale coup pour le tourisme

Hier encore, la main du terrorisme frappait de plein fouet la France. Nice, au sud de l’Hexagone, pleurait ses morts et comptait ses blessés, alors qu’elle fêtait sa fête nationale du 14 juillet. Attentat terroriste qui frappait la France dans ses symboles de liberté, de fraternité et d’égalité.
Condamné par la communauté internationale, cet acte terroriste annihile les volontés et apeure les français qui risquent, une fois de plus, de passer à côté des destinations musulmanes pour leurs vacances d’été. Comme après les attentats de novembre, ceux de Bruxelles et, tout récemment, ceux d’Istanbul. Le Maroc n’échappera probablement pas à l’onde de choc. En sommes-nous préparés ? Où est la fameuse cellule de crise ? Les corporations professionnelles se sont-elles manifestées ? Quelles réactions pourrait avoir le ministère du Tourisme, qui tarde toujours à émettre un communiqué de dénonciation et de solidarité ? L’acte terroriste, nouvelle forme, n’inquiète t-il pas ?
Il y a quelques semaines, le ministre du Tourisme Lahcen Haddad dressait le bilan de son mandat et, partant, celui du tourisme au Maroc avec, comme on pouvait s’y attendre, une note de satisfaction au vu des résultats obtenus et des statistiques résilientes publiés par son administration et relayés de part et d’autre. Somme toute, tout va bien pour M. le ministre au mandat finissant. Le ministre du Tourisme s’en est, formellement et une fois de plus, donné à cœur joie à un optimisme démesuré. Il s’est interdit tout abandon au désespoir et cession au poids d’une crise qui nourrit les craintes des professionnels. Décidément, Lahcen Haddad est toujours porteur de bonnes nouvelles, même dans les cas les plus désespérés. Plus politique que regardant de près la réalité vécue par le secteur, il ne semble pas vouloir reconnaître qu’il y a bel et bien crise, de l’autre les professionnels crient leur désarroi sur tous les toits sans être entendus.
Oui, les professionnels ne l’entendent pas de cette oreille. Loin de tout pessimisme alarmiste, ils nourrissent clairement des craintes au vu de la mauvaise conjoncture par laquelle passe le tourisme marocain actuellement, au même niveau de morosité que l’année dernière, sinon pire.
Selon eux, le secteur va de mal en pis. Bien entendu, le ministre reconnaît qu’il y a crise, mais ailleurs, le Maroc serait, à ses yeux, toujours à l’abri car résilient. Au risque de se voiler les yeux, les indicateurs sont à l’orange et risquent bientôt de passer au rouge. Indicateurs des intentions de voyages européens vers le Maroc et réservations dans les hôtels cumulent annulations sur annulations et tout semble indiquer qu’elles ne sont pas près de ralentir de cadence. Les associations professionnelles ne savent plus où donner de la tête face à un discours par trop optimiste et contempteur.
Pas plus loin que pour juin dernier, les intentions de départ pour les Français vers le Maroc ont chuté de 38%, bien que notre pays demeure toujours, cet été, dans le Top 10 français des destinations moyen courrier en termes de volume.
Marrakech, cœur battant du tourisme au Maroc, se fait vide si ce ne sont pas les nationaux et les marocains du monde qui sauvent la mise une fois encore. Mal gré bon gré, les craintes des professionnels locaux sont toujours nourries et ne sont pas près de s’apaiser, on parle de chutes en croissance. On avance le chiffre catastrophique de -29%, rien que pour le marché français. Sans parler des commandes des voyageurs de l’Hexagone qui reculent de plus en plus, malgré les assurances réconfortantes du SETO et du Quai d’Orsay. Cas d’exception pour la destination qui voit ainsi ses indices à la baisse, malgré les offres promotionnelles et les baisses tarifaires tentantes mises en ligne.
Qu’on ne se trompe pas, la baisse n’est pas seulement due à la programmation des TO, car on en est beaucoup moins indépendant. Le Maroc a su s’éloigner du tourisme de masse pour aller vers un tourisme de niche. Le fort trafic des réservations en ligne est nettement présent au niveau de la destination Maroc mais lui aussi est en chute libre. Pourquoi?
Tous s’accordent à dire que nous sommes très peu présents sur les marchés émetteurs auprès des leaders d’opinion et médias à grand public, chaque fois qu’il y a crise quelque part dans un pays musulman ou attentat dans un pays européen. Le risque d’amalgame a fini par être réel. Le dernier attentat survenu en Turquie a redirigé les flux de voyageurs vers l’Espagne et le Portugal juste en face des côtes marocaines, à peine quelques kilomètres à vol d’oiseau. La partie marocaine, il faut l’avouer, met l’huile sur le feu en médiatisant à outrance le démantèlement de cellules terroristes. C’est comme si on disait à la communauté des voyageurs il y a risque si vous décidez de venir chez nous en vacances, alors que notre stabilité politique donne l’exemple.
Le 15 Juillet 2016
SOURCE WEB Par Tourisme Et Gastronomie
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