La Corée du Nord ordonne un test d'ogive nucléaire et des tirs de missiles
Le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-Un,à Pyongyang le 13 février 2016
Une tension de plus dans la péninsule Coréenne, alors que le régime de Kim Jong-Un a déjà mené son quatrième essai nucléaire le 6 janvier et un tir de fusée à longue portée considéré comme un test déguisé de missile balistique le 7 février
Nouveau coup d'esbroufe ou menace réelle? Quoi qu'il en soit la tension continue de monter dans la péninsule Coréenne alors que le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un a annoncé qu'il s'apprêtait à tester l'explosion d'une ogive nucléaire et à tirer de multiples missiles balistiques. Une menace émise quelques semaines après une simulation -qu'il présente comme réussie- de la technologie nécessaire à la rentrée dans l'atmosphère d'une ogive nucléaire. Ce qui permettrait théoriquement à Pyongyang de frapper le continent américain, selon l'agence officielle nord-coréenne KCNA.
Le leader de la Corée du Nord Kim Jong-Un lors du 70e anniversaire de son parti à Pyongyang
Ce projet est une réponse aux sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU, les plus lourdes jamais infligées à Pyongyang, visant en particulier des secteurs économiques clé et à nuire à l'accès par le Nord au système de transport international. Sanctions qui venaient d'ailleurs en réponse du quatrième essai nucléaire mené par la Corée du Nord le 6 janvier -mis en doute par les États-Unis-, suivi le 7 février par un tir de fusée à longue portée largement considéré comme un test déguisé de missile balistique.
Pyongyang menace depuis quasi quotidiennement de frappes nucléaires Séoul et Washington, ostensiblement parce qu'ils mènent des exercices militaires à grande échelle considérés par le Nord comme la répétition générale d'une invasion de son territoire.
Tête nucléaire miniaturisée
Pour renforcer les capacités de dissuasion nucléaire nord-coréennes, a dit Kim Jong-Un, le pays va tester "dans peu de temps" l'explosion d'une ogive nucléaire et procéder à des essais de tirs de "plusieurs sortes" de missiles balistiques.
Voici quelques jours, la presse officielle a publié une photographie du numéro un nord-coréen posant à côté de ce qui a été présenté comme une tête nucléaire miniaturisée susceptible d'être montée sur un missile balistique. La présidente sud-coréenne a jugé mardi que les menaces incessantes du Nord montraient qu'il était en "crise" du fait de son isolement diplomatique et économique accru.
"Si la Corée du Nord continue ses provocations et sa confrontation avec la communauté internationale et ne marche pas sur la voie du changement, elle marchera sur la voie de l'autodestruction", a-t-elle lancé. S'il est connu que la Corée du Nord dispose d'un petit arsenal d'armes nucléaires, sa capacité à les diriger sur une cible choisie fait l'objet de débats houleux.
De nombreux points d'interrogation pèsent sur les capacités de la Corée du Nord en matière de vecteur nucléaire. Bon nombre de spécialistes pensent qu'elle est loin d'avoir mis au point un missile balistique intercontinental (ICBM) qui puisse frapper le continent américain. Il est de plus incertain qu'un éventuel engin miniaturisé nord-coréen soit suffisamment résistant pour supporter les chocs, les vibrations et les variations de températures associés à un vol balistique.
KCNA a publié mardi des photographies de Kim Jong-Un en train de superviser personnellement un test de simulation de la chaleur intense que subirait une ogive en rentrant dans l'atmosphère après la phase de vol balistique.
La propagande, elle, fonctionne
On voit un objet conique expulsé dans une explosion de flammes par un engin contenu dans une sorte d'échafaudage. L'ogive, protégée "par du matériel résistant à la chaleur nouvellement mis au point", a été soumise, selon KCNA, à des flux thermiques cinq fois plus chauds que ceux associés à un vol d'ICBM.
Selon l'agence, l'essai fut une réussite totale et garantit que la tête nucléaire peut supporter la phase de rentrée dans l'atmosphère, étape cruciale dans la capacité du Nord à développer une véritable force de frappe nucléaire par ICBM interposé. Le ministère sud-coréen de la Défense n'a pas caché son scepticisme.
"Selon notre analyse militaire, la Corée du Nord n'a pas encore acquis la technologie de rentrée dans l'atmosphère", a dit un porte-parole, Moon Sang-Gyun. Pyongyang n'a jamais testé d'ICBM mais a déployé récemment un exemplaire de ce type de missile, le KN-08.
Test ou véritable attaque? L'escalade à redouter
"Je soupçonne que nous assistions finalement à un test de KN-08, un essai de son vecteur de rentrée sans ogive nucléaire", a commenté Melissa Hanham, spécialiste à l'Institut Middlebury d'études internationales (MIIS) de Californie. "Si nous continuons à douter des capacités nord-coréennes, je crains qu'ils n'éprouvent le besoin d'en faire la preuve".
La Chine avait testé en 1996 un missile balistique à moyenne portée, équipé d'une charge nucléaire de 12 kilotonnes, le premier essai de vol de missile nucléaire au-dessus de régions habitées jamais mené par un Etat. "Je ne sais pas comment les voisins de la Corée du Nord pourraient faire la distinction entre un test de KN-08 équipé d'une ogive nucléaire et une attaque. Cela serait très dangereux et déstabilisant", a ajouté la spécialiste.
Le 15 Mars 2016
SOURCE WEB Par L’express
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