Les Marocaines du monde au service de la mère-patrie

Lorsqu'elles parlent de Taza, Errachida, Ouarzazate... la résonance est toute particulière. Parce qu'il s'agit de leurs régions natales ou celles de leurs parents, ces localités resteront à jamais gravées dans leur cœur. Fatima Zohra, Naima et Sonia sont parmi ces jeunes compétences féminines de la diaspora marocaine très attachée à la mère patrie. Pour des raisons familiales, professionnelles ou autres, elles ont dû s'expatrier. Mais l'éloignement n'est généralement que physique, la distance ne pouvant leur faire oublier les origines.
Au-delà des liens affectifs, ces femmes fières et engagées sont surtout bien déterminées à contribuer activement, chacune à sa manière, au développement de leur pays d'origine et en premier lieu la terre de leurs ancêtres. La motivation est telle que certaines ont fini par sceller définitivement leur retour au bercail. C'est le cas de Fatima Zohra Chahdi Ouardiri qui a osé miser sur le tourisme de montagne dans son Taza natal, inspirée par la beauté des paysages et les potentiels naturels dont regorge la région, malgré les problèmes d'accessibilité inhérents à la nature des reliefs.
De retour de Suisse, elle a eu le courage, avec son mari, également issu de la région, d'ouvrir, il y a déjà une dizaine d'années, une auberge dans le site vierge de Aïn Sahla, du nom d'une source d'eau en pleine nature entre le Moyen Atlas et le Rif, aux portes du parc national de Tazzeka, dans la province de Taza.
“C'est l'amour du pays qui nous a convaincus de rentrer et apporter, via cet investissement, une contribution modeste au développement local”, confie-t-elle à la MAP.
Elle avoue néanmoins que le parcours n'était pas pour le moins facile: il a fallu aménager la piste pour améliorer l'accessibilité du site, convaincre une population réticente au départ de l'intérêt du projet et de ses retombés socioéconomiques, faire de la publicité à travers internet, bouche à oreille... Des efforts qui ont fini par payer.
“Nous avons des touristes qui viennent d'Espagne, de France, d'Allemagne, des Etats-Unis, la population est contente et l'auberge a obtenu pour la deuxième année l'homologation de l'ambassade de France pour accueillir des classes transplantées, permettant aux élèves accompagnés de leurs enseignants de profiter du cadre agréable du site et de ses différentes activités”, explique-t-elle.
“L'affaire marche tellement bien que d'autres projets sont en perspective, toujours dans la même région. On est en train de prospecter le tourisme de neige dans la station de Bouyablane, une des plus belles et plus anciennes mais qui n'est pas valorisée”, relève Fatima Zohra, qui veut développer un tourisme durable, respectueux de l'environnement. Un engagement que reflète également son action sociale en faveur du soutien des coopératives locales pour valoriser les produits du terroir (miel, l'huile d'olive, plantes aromatiques et médicinales...)
Le même engagement et la même fibre patriotique animent l'action de Naima Korchi qui, elle, vit à cheval entre le Maroc et la France. Native d'Errachidia, cette juriste internationale spécialisée en droit humanitaire, ayant à son actif une expérience de plusieurs années dans le système des Nations unies, est plus sensible aux questions du genre et du renforcement du leadership féminin.
Elle veut conférer à son engagement une dimension africaine, d'où son initiative de lancer, depuis les provinces du Sud et plus précisément à Dakhla, son Africa Women's Forum. En deux éditions, elle peut s'enorgueillir de voir le forum rassembler en terre marocaine des femmes leaders de différents pays africains autour des thématiques du leadership des femmes (mai 2014) et du développement Sud-Sud pour les femmes (novembre 2015), alors que la 3ème édition, prévue en novembre 2016, portera sur les femmes africaines et le leadership mondial.
Outre son apport en tant qu'espace d'échange et de réflexion entre les femmes leaders du contient, cette plateforme, se réjouit-elle, a été l'occasion de faire connaître le développement rapide des provinces du Sud et le dynamisme des compétences féminines locales auprès des participantes africaines de haut niveau venant de divers horizons (politique, économique, société civile).
Le forum, poursuit-elle, a également permis de nouer des partenariats, d'autant plus que plusieurs intervenantes marocaines étaient des élues issues de ces provinces. Certains pays ont demandé de bénéficier de l'expertise marocaine notamment en matière d'agriculture et d'enseignement, précise Naima Korchi, qui croit en la force des femmes africaines non seulement parce qu'elles constituent la moitié de la population dans plusieurs Etats, mais aussi parce qu'elles sont un réel moteur de développement.
Contrairement à Naima et Fatima Zohra, Sonia Boulhir n'est pas née au Maroc, mais dans l'Hexagone. Bien qu'elle continue à y vivre et à s'y épanouir, son attachement à la terre de ses origines n'est pas moindre. Pour cette cadre d'assurances, le lien n'est jamais rompu avec Casablanca où ses parents ont vécu et grandi, et encore moins avec le tout petit village natal de son père près de Ouarzazate.
“J'ai été élevée dans cette double culture par une famille à la fois très ancrée dans sa culture d'origine et en même temps ouverte sur le monde. Le Maroc, comme la France, coulent dans mes veines”, explique à la MAP celle qui s'est toujours posé la question: comment faire pour contribuer -modestement avoue-t-elle - à faire grandir mon Maroc?
Pour cela, elle dit avoir eu un réel coup de cœur pour l'Association KeepSmiling qui vient en aide aux enfants en situation de rue au Maroc. “Et quoi de mieux pour aider mon pays d'origine que de venir en aide à ses enfants pour leur ouvrir les portes d'un avenir meilleur!”, affirme une Sonia joviale.
Grâce aux bénévoles de France et du Maroc, et en l'espace de cinq ans, l'association active notamment à Marrakech a réussi, entre autres, à réinsérer 170 enfants dans leur famille et/ou dans le milieu scolaire ou d'apprentissage.
“Prendre un enfant et lui donner des repères solides lui permettra de grandir et de devenir un adulte épanoui et serein qui pourra lui aussi, peut-être un jour, tendre la main vers ceux qui en ont le plus besoin. C'est le cercle vertueux de la solidarité. Enfin c'est ce à quoi j'ose croire aujourd'hui”, conclut-elle.
Sonia, Naima et Fatima Zohra ne sont que des exemples de ces nombreuses compétences féminines généreuses, brillantes et fières de leurs racines, de leur appartenance et de leur identité marocaines, n'hésitant pas à mettre leurs expériences et leur savoir-faire, acquis dans différents domaines, au Maroc ou ailleurs, au profit du développement de la mère patrie et, partant, contribuer à la dynamique économique et sociale qu'il connaît actuellement.
Le 08 Mars 2016
SOURCE WEB Par Libération
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