Le Géoparc Jbel Bani et Foum Zguid, à la porte du désert, la pastèque menace la nappe phréatique
Un des grands intérêts de Foum Zguid, commune de quelque 10.000 habitants, est sa palmeraie (Ph. J.M.)
A 170 km de Ouarzazate, à Foum Zguid, c’est la porte du désert. Le tourisme commence à y creuser son sillon grâce aux amoureux du trekking, des étrangers en particulier, qui s’y arrêtent pour passer une nuit avant de reprendre le chemin des dunes Chegaga de M’Hamid el Ghizlane, les plus belles du désert marocain. Depuis quelques années, la culture intensive de la pastèque, dévoreuse d’eau, menace la nappe phréatique et la population s’en inquiète.
Foum Zguid, à 170 km de Ouarzazate, région Souss-Massa Draâ (province Tata).Venant de Taznakht, la capitale du tapis berbère, on emprunte la route nationale N°12, celle-là même qui mène jusqu’à Zagora.
A première vue, cette commune urbaine de quelque 10.000 habitants n’a rien de séduisant, son intérêt réside dans sa proximité avec le désert et elle fut naguère une étape pour le rallye Paris-Dakar, avant que ce dernier n’aille emprunter un autre circuit en dehors du Maroc.
L’après-midi de notre arrivée, la ville est balayée de toutes parts par un vent de sable habituel à cette région, les rues sont désertes, et l’agglomération si vide semble appartenir à un autre temps. Foum Zguid commence pourtant à creuser son sillon dans le domaine du tourisme et, depuis quelques années, les amoureux du trekking, des étrangers en particulier, s’y arrêtent pour passer une nuit avant de prendre, le lendemain, dans leurs voitures tout terrain, le chemin des dunes Chegaga de M’Hamid el Ghizlane, les plus belles du désert marocain.
Pas besoin de passer par Zagora pour s’y rendre, de Foum Zguid une piste longue de 104 km y mène, il faudra seulement un guide, et obligatoirement un engin tout terrain pour y arriver. Quelques gîtes d’étape et hôtels commencent à fleurir dans la ville, ils proposent cette destination.
Les férus d’astronomie, de géologie et d’archéologie y trouvent aussi leur compte, en raison des nombreux sites minéraux et de peintures rupestres dont cette région de l’Anti-Atlas est bien riche, et on les trouve principalement dans le récent géoparc du Jebel Bani.
Notre premier contact dans la ville sera Fettah, le gérant de Riad Hiba, un établissement hôtelier à moins d’un km du centre-ville. Ce fils de Zagora quitte l’école à 12 ans, avant même d’obtenir son certificat d’études primaires, pour venir en aide à ses parents et ses huit frères et sœurs. C’est tout naturellement le secteur hôtelier qui l’embauche, le garçon y fait ses premières armes dans les cuisines, à Zagora, Marrakech, Ouarzazate…, avant de mettre le cap sur Foum Zguid, en 2011. Il laisse son épouse et ses 4 enfants chez ses parents à Zagora, pour prendre une deuxième sur le lieu de son travail. Sa première femme l’a-t-elle autorisé pour avoir une autre épouse? «Je n’ai pas eu besoin de cela, elle a accepté sans rechigner, ce n’est pas la loi qui résout les problèmes ici, elle les complique,…». Dans cette région, les mariages se font et se défont au gré du bon vouloir du mari, et la polygamie n’a pas cessé malgré les garde-fous érigés par le code de la famille.
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Les nouveaux propriétaires terriens se détournent des cultures séculaires, peu coûteuses en eau, pour se lancer dans la pastèque, un produit dévoreur d’eau, ressource vitale qui manque tant dans cette région aux portes du désert (Ph. J.M.)
Une culture intensive, industrielle, qui rapporte vite et gros
Mais s’il y a un souci qui hante la population dans cette petite ville, et un sujet qui anime les conversations parmi ses habitants, c’est la culture intensive du pastèque. Sur notre route, en effet, nous traversons de part et d’autre des champs sous serre, couverts de bâches en plastique. Mais nous ne savions pas de quelle culture il s’agissait.
C’est Fettah lui-même, une fois arrivé dans sa casbah, qui éclaire nos lanternes. Des exploitants locaux, mais aussi des étrangers à la région, investissent dans cette culture. Ils achètent à tour de bras des terres agricoles et se lancent dans la pastèque, rapportent des habitants. Une culture intensive, industrielle, qui rapporte vite et gros.
La région est aussi célèbre par la culture du henné, de ses palmiers-dattiers, et la culture de quelques aliments pour le bétail comme la «fessa (luzerne verte).
Les nouveaux propriétaires terriens se détournent de ces cultures, séculaires, peu coûteuses en eau, pour se lancer dans la pastèque, un produit trop dévoreur d’eau, ressource vitale qui manque tant dans cette région aux portes du désert. «C’est une catastrophe qui frappe notre région depuis quelques années», confirme Abdallah Abouchihab, 59 ans, de la tribu des Bani Hilal, la plus connue dans la région.
Ce militant associatif, conscient du défit hydraulique qui guette sa ville, a travaillé, déjà aux années 1990, dans l’un des projets d’approvisionnement en eau potable entrepris par l’une des ONG locales («l’association Oulad Jamaâ pour le développement»).
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Foum Zguid fut naguère une étape pour le rallye Paris-Dakar, avant que ce dernier n’aille emprunter un autre circuit en dehors du Maroc (Ph. J.M.)
Le réseau d’eau potable existe, à Foum Zguid, depuis 1980 (celui d’électricité depuis 2000), mais certaines zones limitrophes n’en sont pas encore couvertes, et elles continuent à s’approvisionner des puits ou des sources. Or, avec la culture de la pastèque, la nappe phréatique commence à souffrir.
«Une seule pastèque peut absorber jusqu’à 50 litres d’eau», continue notre interlocuteur, un gâchis durement ressenti par des habitants qui peinent à trouver de l’eau pendant l’été, quand la terre et les ruisseaux sont à sec, et même les robinets dans les chaumières refusent d’éjecter la moindre goutte. En août dernier, comme leurs voisins à Zagora d’ailleurs, les habitants de cette commune ont battu le pavé pour réclamer de l’eau à boire, quand la chaleur avait atteint les 48 °C.
Les ressources hydrauliques dans cette région s’épuisent d’année en année: la pluviométrie, elle, est passée de 120 ml par an à 30 ml, et la pastèque était au banc des accusés.
Charafat Afailal, secrétaire d’Etat Chargée de l’Eau, s’est déplacée sur place pour lancer quelques projets en matière hydraulique et essayer de calmer les esprits. Comme si la désertification ne suffit pas, se plaint Abdellah, «notre région souffre maintenant de la culture de la pastèque, qui mûrit très tôt (avril) avant même toutes les autres régions du Royaume, sous l’effet des engrais artificiels intensifs qu’on utilise».
A force d’en l’utiliser, la terre prend un grand coup de vieillesse «et devient inculte au bout de cinq ans», enchaîne-t-il. Les khattaras et autres sources naturelles d’eau ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes.
Géoparc du Jbel Bani, niche pour le tourisme scientifique
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Dans la région de Foum Zguid, les sites d’intérêt touristique se situent principalement dans le récent géoparc du Jebel Bani, qui constitue un point de passage essentiel pour les amoureux du trekking, de l’astronomie, de la géologie et de l’archéologie en raison de ses nombreux minéraux et peintures rupestres. Les initiateurs de ce projet de géoparc, principalement «l’Association marocaine de développement du géoparc du Jbel Bani» (AMDGJB), visent comme objectif la mise en place d’une économie sociétale interrégionale inclusive, intégrée et durable, génératrice de revenus et d’emplois. Mais aussi, vu les richesses naturelles et géologiques dont dispose la région, de développer un tourisme scientifique. Une demande de labellisation de ce géoparc a été formulée auprès de l’Unesco. Si ce label est obtenu, comme l’a eu le géoparc de M’Goun dans la région de Tadla Azilal, il intégrera le Réseau mondial des géoparcs et bénéficiera ainsi, pour le développement et la protection de son patrimoine, du soutien de l’Unesco.
Où loger à Foum Zguid
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L’Offre en établissements hôteliers s’enrichit à Foum Zguid à mesure que la ville prend de l’importance comme étape pour ceux qui veulent se rendre aux dunes de Chegaga, au milieu du désert.
- Riad Hiba: Cette maison d’hôtes se situe à l’intérieur de la ville, elle propose des chambres et des suites climatisées, un toit-terrasse et un jardin avec piscine. Elle organise quelques activités liées au désert: trekking, excursions à dos de chameau, et même des visites sur un site archéologique présentant des gravures préhistoriques.
Prix : 600 DH avec petit déjeuner. Tél: 0524 890 821
- Bab Rimal: Plus confortable et plus luxueux que Riad Hiba, cet établissement offre 12 suites et 9 chambres, le tout situé au mi
lieu de la palmeraie de Foum Zguid. L’établissement propose même un bivouac au milieu du désert.
Prix: Chambre double en demi-pension: 700,00 DH
Contact: [email protected] ou [email protected]
Tél: +212 (0) 528 216 278
Fax: +212 (0) 524 394 195
GSM: +212 (0) 668 16 74 36
Le 13 Mai 2018
Source web Par L’économiste
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mardi 19 juin 2018
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