Crise de l’eau au Maroc : le modèle agricole intensif remis en question par le MIPA

Face à l’aggravation de la crise de l’eau au Maroc, le Moroccan Institute for Policy Analysis (MIPA) tire la sonnette d’alarme. Dans deux rapports récents, l’institut dénonce un modèle agricole fondé sur l’irrigation intensive et l’exportation, incompatible avec la rareté structurelle de la ressource hydrique. Tandis que certaines régions comme Figuig ou Imider souffrent de graves pénuries, des cultures de pastèques ou d’avocats continuent de prospérer sous serres high-tech destinées aux marchés européens.
Selon le MIPA, cette situation résulte d’un modèle hérité des années 1960, basé sur les grands barrages, l’extension des terres irriguées et les politiques agricoles comme le Plan Maroc Vert ou Génération Green. Ces stratégies ont accentué l’injustice hydrique : les grandes exploitations captent l’essentiel des ressources, au détriment des populations rurales, de l’agriculture vivrière et des écosystèmes.
Les solutions technologiques mises en avant, comme le dessalement ou les pompes solaires, ne répondent pas aux causes profondes du déséquilibre. Elles risquent même d’aggraver les inégalités si elles servent prioritairement les intérêts industriels et touristiques.
Le MIPA appelle à une refondation de la politique de l’eau autour d’un principe de justice hydrique. Cela implique de replacer les communautés locales au cœur de la gouvernance, de repenser les modèles agricoles et de reconnaître les limites écologiques du pays. La transition hydrique au Maroc doit être démocratique, équitable et durable — pour que l’eau redevienne un bien commun, et non un outil de croissance inégalitaire.
Le 21/04/2025
Source web par : lematin
https://lematin.ma/nation/agriculture-comment-limiter-lexploitation-a-outrance-de-leau/274026
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