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[Entretien] El Mahdi Arrifi : L’ADA et la grande distribution main dans la main pour promouvoir les produits de terroir

[Entretien] El Mahdi Arrifi : L’ADA et la grande distribution main dans la main pour promouvoir les produits de terroir

Grâce à la mise à niveau des petits producteurs et des coopératives, le secteur des produits de terroir connait une belle percée comme en témoignent les chiffres.

En marge d’une rencontre organisée par l’Agence pour le Développement Agricole (ADA) sous le thème « Le Terroir dans les circuits de commercialisation moderne : Réalisations et Perspectives », El Mahdi Arrifi, Directeur général de l’ADA nous révèle les actions menées par les différents intervenants pour promouvoir les produits de terroir.

EcoActu.ma : Dans quelle mesure la stratégie de commercialisation des produits du terroir lancée en 2013 par l’ADA a-t-elle contribué à la mise en valeur des produits du terroir et la structuration des petits producteurs et les coopératives ?

El Mahdi Arrifi : Cette stratégie qui s’inscrit dans le cadre du Plan Maroc vert (PMV) a permis de mettre à niveau les petits producteurs ainsi que les coopératives grâce au programme de mise à niveau aussi bien sur le plan de la gestion administrative et financière des coopératives que sur le plan de l’amélioration de la qualité des produits, des procès de production et surtout en matière de commercialisation. Ce dernier maillon de la chaîne, très important, a été l’objet du séminaire organisé ce vendredi 5 juillet à Essaouira.

Cette rencontre avec les acteurs de la grande distribution, les coopératives, les producteurs et d’autres opérateurs a été l’occasion de dresser un bilan d’état de l’accompagnement de l’ADA à ce tissu associatif. Nous pouvons dire que le bilan est très positif. Il y a eu la mise à niveau de plus de 700 coopératives et des groupements d’intérêt économique (GIE). Aussi l’évaluation que nous avons faite dans le cadre du PMV a montré que le ministère a construit et/ou équipé plus de 410 centres de valorisation des produits du terroir dans toutes les filiales.

En ce qui concerne le volet de la commercialisation, il faut savoir que grâce aux programmes de mise à niveau et à toute la dynamique enclenchée en matière d’amélioration de la qualité des produits et de packaging, les produits du terroir sont désormais présents au niveau des grandes surfaces de distribution (GMS) et dans les canaux modernes de distribution. Notons que ces deux dernières années, il y a eu un saut qualitatif en matière d’accès des petits producteurs à ces canaux de distribution.

Concrètement, comment chiffrez-vous ce saut qualitatif ? Et quel est l’impact sur le producteur et la coopérative en termes de chiffre d’affaires, de création d’emplois… voire de valeur ajoutée ?

L’étude d’évaluation du PMV réalisée fin 2018 a également porté sur l’impact de la Stratégie notamment sur l’amélioration des conditions de vie des producteurs (chiffre d’affaires). L’étude a révélé des indicateurs très positifs. Il ressort que les revenus et le chiffre d’affaires des producteurs ont augmenté de 150 à 200% voire même, dans certains cas, au-delà de cette performance. Aussi en matière de création d’emplois, le secteur des produits du terroir joue-t-il un rôle très important. Les coopératives que nous avons accompagnées depuis 2013 comptent plus des 22.000 bénéficiaires. Je tiens à préciser que ce qui caractérise ce secteur, c’est que les impacts sont rapidement perceptibles et visibles. Ce qui nous amène dans l’avenir à travailler avec beaucoup plus de coopératives et producteurs.

Comme vous l’avez précisé, la grande distribution a joué un rôle important dans cette dynamique. Quelle sera la prochaine étape pour fédérer davantage d’acteurs de la GMS et élargir le réseau de distribution des produits du terroir ?

Notre objectif est d’élargir au maximum l’accès des produits du terroir aux différents types de marché. Les principaux canaux modernes de distribution sont les GMS dont le rôle est très important eu égard à la mutation que connaît le mode de consommation des Marocains qui s’orientent de plus en plus vers ces canaux. D’ailleurs, ces GMS ont connu une expansion très rapide ces dernières années. Une aubaine pour la commercialisation des produits de terroir et pour les coopératives qui élargit leur champ de commercialisation. Rappelons aussi que grâce au label de l’ONSSA, les produits commercialisés sont de meilleure qualité et respectent les procès de production.

Autrement dit, tous les ingrédients sont réunis pour garantir au consommateur un produit de qualité qui auparavant n’était pas commercialisé au niveau des GMS.

Et c’est grâce aux conventions signées entre le ministère de l’Agriculture et l’ADA avec les différentes enseignes de la GMS au Maroc que les produits du terroir sont présents actuellement dans 117 magasins (supermarchés et d’hypermarchés) sur un total de 190 magasins. Notons que ce chiffre a rapidement évolué ces deux dernières années. Aussi nous avons référencé 164 coopératives des produits du terroir au niveau de ses différentes enseignes dans 22 villes du Royaume et plus de 1.000 produits ont été référencés. Ces coopératives comptent environ 6.000 adhérents (producteurs) dont 42% sont des femmes.

Quelles sont les actions entreprises par l’ADA en collaboration avec la GMS pour promouvoir ces produits ?

Il y a des actions promotionnelles au niveau des points de vente pour sensibiliser les consommateurs sur l’importance des produits du terroir, leur notoriété telles que des campagnes médias, des affichages urbains…

D’autant plus, les différentes enseignes de la GMS en collaboration avec l’ADA ont dédié des linéaires spécifiques aux produits du terroir des coopératives (alimentaires et cosmétiques) avec des visuels et des slogans pour faciliter le repérage. Je dois préciser que la GMS a fourni beaucoup d’efforts pour contribuer à l’essor de cette économie solidaire. Les enseignes ne gagnent pas énormément sur le plan lucratif mais en tant qu’entreprises citoyennes elles contribuent à l’économie sociale en ouvrant leur portes aux petits agriculteurs et aux coopératives.

Du côté de l’ADA, nous avons accompagné les coopératives par la formation, le coaching en matière d’amélioration de packaging, d’étiquetage, de présentation du produit, l’amélioration de la qualité…

Qu’en est-il de l’accompagnement de l’ADA des coopératives en matière de promotion des produits du terroir à l’export ?

La promotion des produits du terroir est également une priorité pour l’ADA notamment via la participation des coopératives à de grandes rencontres internationales pour ne citer que le Salon d’Abu Dabi aux Emirats Arabes unies, le Salon de l’agriculteur de Paris, celui en Allemagne…

En plus, nous organisons des rencontres B to B entre les clients étrangers et les coopératives. Plusieurs commandes sont décrochées en  marge de ces rencontres. Lors du dernier Salon d’Abu Dabi, les coopératives ont décroché 57 grosses commandes. Même chose à Paris avec une dizaine de commandes qui ont été passées notamment pour les produits d’huile d’argan, le safran, les dattes…

Autre volet d’accompagnement, nous négocions également avec des GMS à l’échelle internationale pour commercialiser les produits du terroir marocain au niveau des magasins aussi bien en France que dans les autres pays. Nous sommes en pourparlers avec la chaîne Carrefour qui est très enthousiaste d’importer les produits du terroir marocains pour les commercialiser dans les magasins en France mais également dans d’autres pays où elle est implantée.

Nous sommes également sur un grand projet d’export de l’huile d’argan aux Etats unis avec une grande enseigne de distribution. Nous avons déjà expédié la première commande à titre pilote en attendant que les autres commandes suivent.

Cela dit, grâce à toutes ces actions, l’export des produits du terroir a connu une évolution très importante entre 2008 et 2018. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le volume est passé de plus de 80 MDH en 2008 à plus de 210 MDH en 2018.

Dans les prochaines années, nous nous attendons à plus de demandes parce que les coopératives ont été mises à niveau et marqué un pas géant en matière de qualité.

Le 08/07/2019

Source web Par Ecoactu

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