Niveau de vie au Maroc : la classe moyenne en difficulté

Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a révélé, à travers son enquête nationale sur le niveau de vie des ménages (2022-2023), que les écarts économiques se creusent au Maroc. Tandis que les catégories les plus pauvres et les plus riches ont globalement bénéficié d’une amélioration de leur niveau de vie, la classe moyenne, elle, peine à tirer profit de la croissance et des politiques de redistribution.
Une précarité économique en hausse
L’étude, menée auprès de 18.000 ménages, révèle que le nombre de personnes en situation de précarité économique s’élevait à 4,75 millions en 2022, dont 2,24 millions en milieu urbain et 2,51 millions en milieu rural. Cette évolution témoigne d’un basculement de la précarité vers les zones urbaines, où près de la moitié des personnes vulnérables (47,2 %) résidaient en 2022, contre 36 % en 2014.
Les classes sociales face aux fluctuations économiques
Entre 2014 et 2022, les 20 % les plus pauvres ont enregistré une hausse annuelle moyenne de leur niveau de vie de 1,1 %, malgré une baisse de 4,6 % entre 2019 et 2022, période marquée par la crise du Covid-19. Quant aux 20 % les plus aisés, leur progression a atteint 1,4 % sur la même période, avec un recul de 1,7 % après 2019. En revanche, la classe moyenne a été la plus impactée, subissant une diminution de son niveau de vie de 4,3 % sur l’ensemble de la période.
Parallèlement, la dépense annuelle moyenne par ménage est passée de 76.317 dirhams en 2014 à 83.713 dirhams en 2022. Toutefois, entre 2019 et 2022, la dynamique de croissance s’est inversée, avec une baisse de 3,1 % de la dépense moyenne par personne.
Un creusement des inégalités entre villes et campagnes
L’écart entre les niveaux de vie en milieu urbain et rural est resté stable entre 2014 et 2022, les citadins disposant en moyenne de 1,9 fois plus de ressources que les ruraux. Cependant, le taux de vulnérabilité a augmenté en ville, passant de 7,9 % en 2014 à 9,5 % en 2022, tandis qu’il est resté relativement stable en zone rurale (19,2 % en 2022 contre 19,4 % en 2014).
Les sources de revenus : domination des salaires et des transferts
L’étude indique que le revenu annuel moyen des ménages s’élève à 89.170 dirhams au niveau national, avec de fortes disparités : 103.520 dirhams en milieu urbain contre 56.047 dirhams en milieu rural. En moyenne, une personne perçoit 21.949 dirhams par an, soit 2,1 fois plus en ville (26.988 dirhams) qu’à la campagne (12.862 dirhams).
Les salaires représentent la principale source de revenu des ménages (35,1 %), avec un poids plus marqué en ville (36,4 %) qu’à la campagne (29,5 %). Par ailleurs, les transferts publics et privés (aides sociales, remises des Marocains résidant à l’étranger, etc.) constituent 21,3 % du revenu total, avec une contribution plus élevée en milieu urbain (22,8 %) qu’en milieu rural (15,1 %).
Ces tendances confirment les difficultés croissantes de la classe moyenne marocaine, qui subit une pression économique accrue dans un contexte de ralentissement de la croissance et d’évolution des politiques sociales.
Le 18/02/2025
Rédaction de lanouvelletribune
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