Maroc : pénurie d’eau et solutions pour une gestion durable

Face à la raréfaction des ressources en eau et à la hausse des besoins hydriques, le Centre d'études stratégiques de l'Afrique appelle à une stratégie globale de gestion durable de l’eau au Maroc. Dans un rapport dédié à la sécurité hydrique, l’organisme met en garde contre les effets du changement climatique et de la sécheresse persistante, qui menacent les réserves d’eau et nécessitent des mesures urgentes pour éviter une crise majeure.
Une baisse alarmante des ressources en eau
Selon les projections du Centre, la disponibilité en eau par habitant pourrait chuter à 500 m³ par an, un seuil critique selon les normes internationales. Cette situation est aggravée par la croissance démographique et l’urbanisation accélérée. À titre d’exemple, dans la région de Guelmim, la demande en eau devrait passer de 1,06 million de m³ en 2020 à 8,57 millions en 2050, selon le ministère de l’Équipement et de l’Eau.
Nouvelles politiques de tarification et incitations
Pour encourager une consommation responsable, le rapport propose une réforme tarifaire progressive de l’eau. Parmi les mesures suggérées :
- Des réductions et primes environnementales pour les ménages et entreprises économisant l’eau.
- Des taxes et amendes pour les industries dépassant les seuils de consommation autorisés.
- Un plafonnement obligatoire par secteur économique pour éviter le gaspillage.
Le déploiement de compteurs intelligents dans les foyers et les usines est également recommandé. Ces dispositifs permettraient de surveiller la consommation en temps réel et d’alerter les utilisateurs en cas d’usage excessif, via des applications mobiles et des notifications automatisées.
Une gouvernance renforcée pour une répartition équitable
Le Centre souligne l’importance d’une répartition juste des ressources hydriques entre les différentes régions du Maroc. Il préconise la création d’un Conseil de la justice hydrique, réunissant experts et représentants locaux, ainsi que la mise en place d’un programme d’équilibre hydrique régional basé sur les disponibilités et les besoins spécifiques de chaque territoire.
Optimisation de l’eau en agriculture
L’agriculture représente 80 % de la consommation en eau du Maroc. Pour réduire cette pression, le rapport recommande :
- L’implantation de systèmes d’irrigation intelligents basés sur l’intelligence artificielle, permettant d’optimiser l’usage de l’eau et de réduire le gaspillage de 30 %.
- Un soutien financier aux petits agriculteurs pour généraliser l’irrigation goutte-à-goutte.
- La promotion de cultures moins gourmandes en eau, comme les céréales, au détriment des productions très consommatrices, telles que l’avocat et les fruits rouges, qui nécessitent plus de 10 000 m³ d’eau par hectare et par an.
Une coordination institutionnelle à améliorer
Le rapport pointe également le manque de concertation entre les acteurs de la gestion de l’eau, illustré par l’inactivité du Conseil supérieur de l’eau et du climat, qui ne s’est pas réuni depuis 2001. Pourtant, cet organe est censé jouer un rôle clé dans l’élaboration des politiques nationales de l’eau et du climat.
Une urgence nationale
Dans un contexte de stress hydrique croissant, le Maroc doit adopter une approche proactive et durable pour sécuriser ses ressources en eau. Une meilleure gouvernance, des technologies intelligentes et une gestion rationnelle des usages sont indispensables pour garantir la sécurité hydrique et le développement durable du pays.
Le 10/02/2025
Rédaction de lanouvelletribune
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