Sauver les calottes glaciaires : Heïdi Sevestre défend la réduction des émissions de GES face aux solutions de géoingénierie
Comme dans le film Il faut sauver le soldat Ryan, il est urgent de sauver les calottes glaciaires. Le constat est désormais indiscutable : les glaces de l'Antarctique et du Groenland, ainsi que d'autres régions, fondent à une vitesse alarmante, principalement à cause du réchauffement climatique dû à nos émissions de gaz à effet de serre (GES). Face à cette réalité, peu de voix s'élèvent encore pour contester le phénomène, sauf quelques climatosceptiques isolés. Mais une question cruciale persiste : est-il trop tard pour inverser cette tendance ? Selon Heïdi Sevestre, glaciologue de renom, la réponse est non. Il est encore possible de sauver les calottes glaciaires.
Heïdi Sevestre explique que les scientifiques alertent depuis des décennies sur les risques liés aux émissions massives de GES, avertissant que cela pourrait entraîner les calottes glaciaires au-delà de points de basculement irréversibles. Cependant, elle affirme également que, d'après les données scientifiques actuelles, il n'est pas trop tard pour agir.
Le dernier rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) définit ces points de basculement comme des seuils critiques au-delà desquels un système se réorganise de manière abrupte et souvent irréversible. Cela signifie que franchir un tel seuil pourrait entraîner des conséquences environnementales, sociétales et économiques incontrôlables. Selon Sevestre, stabiliser puis réduire nos émissions de GES reste une solution viable pour protéger non seulement les calottes glaciaires, mais aussi le permafrost, la banquise et les glaciers de nos montagnes. La réduction des émissions de GES est donc cruciale pour donner une chance aux régions polaires.
Pourtant, certains avancent que cela ne suffira pas. Aujourd'hui, un débat anime la communauté scientifique : certains pensent que certaines régions du Groenland et de l'Antarctique ont déjà franchi leur point de non-retour. D'autres soulignent que, même avec des réductions optimistes de nos émissions futures, la fonte des calottes glaciaires et l'élévation du niveau de la mer sont inévitables en raison de la persistance du dioxyde de carbone (CO2) dans l'atmosphère.
Un rapport récent de l'université de Chicago, intitulé Glacial Climate Intervention : A Research Vision, avance que sans géoingénierie à grande échelle, il sera impossible de stopper la fonte des calottes glaciaires. Heïdi Sevestre réfute cette approche, estimant qu'elle repose sur une vision trop simpliste et mécanique des glaciers. Pour elle, il est essentiel d'adopter une perspective holistique qui prend en compte la complexité des interactions entre la glace, l'océan et l'atmosphère. Elle insiste sur le fait que, même si la géoingénierie pouvait retarder la fonte des calottes polaires, elle ne résoudrait pas les autres problèmes liés aux émissions de GES.
Heïdi Sevestre conclut que la réduction rapide et drastique des émissions de GES est non seulement la meilleure solution pour les glaciers du monde entier, mais aussi pour la biodiversité, la santé des océans, la santé humaine, et même pour l'économie. De nombreuses études récentes confirment les bénéfices économiques de la décarbonation, qui doit être priorisée par rapport aux solutions technologiques telles que la géoingénierie.
Dans la suite de cet entretien, Heïdi Sevestre abordera en détail la géoingénierie et expliquera pourquoi il est crucial de rester vigilant face aux solutions technosolutionnistes.
Le 19/08/2024
Rédaction de l’AMDGJB Géoparc Jbel Bani
www.darinfiane.com www.cans-akkanaitsidi.net www.chez-lahcen-maroc.com
Les tags en relation
Les articles en relation
IFC : une ligne de crédit vert de 200 millions de dollars pour le Maroc
La Société financière internationale (IFC) débloque une ligne de crédit vert de l’ordre de 200 millions de dollars en faveur de différents secteurs d’...
Que retenir du rapport du groupe 3 du GIEC ?
Quels sont les points clés à retenir du rapport du groupe 3 du GIEC ? Voici un résumé des grands enjeux mis en avant par les scientifiques du GIEC. Le gr...
Cette mine contient du lithium à gogo pour les batteries des voitures électriques
Dans la course aux métaux rares, l'Inde est tombée sur une réserve inespérée de lithium. Une mine contient en effet près de 6 millions de tonnes de ce...
COP29 à Bakou : le Maroc, leader africain des initiatives climatiques, en première ligne pour l'ad
La COP29 à Bakou : le climat au cœur des priorités mondiales La 29e Conférence des Parties (COP29) a débuté cette semaine à Bakou, rassemblant les pay...
Réchauffement climatique. Jean Jouzel, climatologue : "Nous n'avons que trois ans pour agir"
Le climatologue Jean Jouzel tire la sonnette d'alarme au JDD sur les risques du réchauffement climatique. Selon lui, la planète subira des conséquences d...
Le Maroc, Modèle de Développement Économique Durable en Afrique : Une Inspiration pour le Contine
Johannesburg - Le Maroc a réalisé des avancées remarquables en matière de développement économique durable ces dernières années, devenant un exemple à ...
Les sangliers seraient aussi polluants qu’un million de voitures
Les sangliers (Sus scrofa), sont répartis sur l’ensemble des continents (à l’exception de l’Antarctique). C’est l’un des mammifères les plus répan...
Rapport du GIEC : ce qui attend les habitants en zones côtières et en montagne
Selon un nouveau rapport du GIEC, les océans ont absorbé environ un quart des émissions de gaz à effet de serre générés par les humains. Avec des conséq...
Le moteur à hydrogène du chinois Yuchai bientôt testé sur la route
Figurant parmi les principaux fabricants et distributeurs de moteurs en Chine China Yuchai International a annoncé que son moteur à hydrogène YCK05 était au...
La concentration de CO2 dans l’air atteint un record invraisemblable
Un taux de CO2 pareil nous ramène à près de 5 millions d’années en arrière et ne présage rien de bon pour l’avenir. L’observatoire de Mauna Loa, ...
Les pays riches doivent se passer des énergies fossiles d’ici 2040, selon des scientifiques
Les pays développés de l’OCDE doivent abandonner toutes les énergies fossiles d’ici 2040, et le reste du monde d’ici 2050, selon une réévaluation de ...
Arctique : le dégel du pergélisol libère d'impressionnants volumes de gaz à effet de serre
Ce « dégel brutal » affecte 5 % du pergélisol de l'Arctique, mais il pourrait doubler sa contribution au réchauffement climatique.jeudi 20 février 202...