Ces goulots d’étranglement qui entravent la croissance du secteur privé au Maroc, selon la Banque mondiale
Le président de la Banque mondiale, Ajay Banga, lors de son premier discours officiel devant la communauté internationale, vendredi 13 octobre 2023, à Marrakech.
Pratiques anticoncurrentielles, poids de l’informel, faible accès aux financements... Autant de goulots d’étranglement qui entravent la croissance du secteur privé au Maroc, selon le dernier rapport de suivi de la situation économique du Royaume que vient de publier la Banque mondiale. Les détails.
«Libérer le potentiel du secteur privé au Maroc pour stimuler la croissance et la création d’emplois»: c’est l’intitulé de la dernière édition du rapport de suivi de la situation économique au Maroc de la Banque mondiale, publié ce jeudi 18 juillet. Ce document consacre un chapitre spécial au secteur privé marocain, qui s’appuie sur les résultats d’une analyse menée par l’institution financière internationale avec l’Observatoire marocain de la Très petite, petite et moyenne entreprise (OMTPME).
D’après la Banque mondiale, les Petites et moyennes entreprises (PME) marocaines peinent à se développer et la densité des entreprises à forte croissance reste très faible. «Il s’agit là d’un aspect problématique du secteur privé, car dans d’autres contextes, il a été démontré que ces entreprises contribuent de manière disproportionnée à la création d’emplois. Lever les contraintes auxquelles est confronté le secteur privé permettrait de surmonter la faible capacité de création d’emplois dont l’économie marocaine a fait preuve ces dernières années», indique-t-elle.
Pratiques anticoncurrentielles et poids de l’informel
Le rapport évoque aussi les goulots d’étranglement qui entravent la croissance du secteur privé et la création d’emplois. Parmi eux, les lacunes de l’environnement concurrentiel. Les auteurs, qui apprécient les initiatives déployées par le Conseil de la concurrence pour lutter contre ce gap, notamment l’accord de transaction de 1,84 milliard de dirhams que l’institution a signé avec neuf entreprises opérant dans le secteur des hydrocarbures, soupçonnées de pratiques anticoncurrentielles, estiment que le gouvernement doit accentuer les efforts dans ce domaine.
«La réforme des entreprises publiques en cours de mise en œuvre avec la création de l’Agence nationale de gestion stratégique des participations de l’État devrait renforcer la neutralité concurrentielle des entreprises publiques commerciales sur les marchés où elles opèrent», souligne le document.
En outre, l’institution financière estime qu’une revue approfondie de la réglementation du marché des produits et des programmes gouvernementaux existants pour le soutien aux PME permettrait d’identifier et de corriger les contraintes et les facteurs dissuasifs spécifiques auxquels ces entreprises sont confrontées tout au long de leur cycle de vie.
Autre obstacle, l’informel qui emploie près de 77% de la population active et qui serait à l’origine de près d’un tiers du PIB au Maroc. «Selon l’enquête auprès des entreprises, 47% des entreprises marocaines sont confrontées à une concurrence informelle, et plus de 40% ont le sentiment que ce type de concurrence affecte leurs activités», révèle la Banque mondiale.
L’accès aux financements, un casse-tête pour les PME
L’accès aux financements demeure également un casse-tête pour les entreprises privées au Maroc, selon l’institution de Bretton Woods. «Bien que le Maroc dispose d’un système financier relativement développé, l’accès au crédit est asymétrique, avec plus de contraintes pour les petites et les jeunes entreprises», souligne-t-elle, suggérant une évaluation et éventuellement un ajustement des différents programmes déployés par les autorités marocaines pour soutenir les PME, qui ont mis un accent particulier sur l’accès aux sources extérieures de financement à travers les garanties de crédit et les prêts directs.
« L’accélération de l’opérationnalisation des réformes récentes telles que le déploiement d’un registre national des garanties mobilières ou l’extension des données utilisées par les bureaux de crédit peut également être nécessaire pour résoudre les problèmes d’asymétrie de l’information qui sont susceptibles d’expliquer la réticence des banques à prêter aux petites et jeunes entreprises, résolvant ainsi le problème d’allocation inefficiente des crédits», recommande la Banque mondiale.
Elle indique en outre que la réforme fiscale en cours corrige certes certaines distorsions qui ont pu décourager la croissance des entreprises, notamment les PME, mais qu’ «une analyse plus approfondie serait nécessaire pour évaluer l’impact des incitations fiscales existantes et futures».
Ralentissement de la croissance à 2,9% en 2024
Dans son rapport, la Banque mondiale souligne aussi la résilience de l’économie marocaine, malgré divers obstacles tels que le ralentissement de l’économie mondiale, un choc inflationniste et le tremblement de terre d’Al Haouz. «Les principaux moteurs de cette accélération ont été la reprise du secteur touristique, les niches manufacturières orientées vers l’exportation, notamment dans les secteurs automobile et aéronautique, ainsi que le redémarrage de la consommation privée», explique-t-elle.
Des politiques macroéconomiques favorables, telles que des stratégies d’expansion du secteur public et de consolidation budgétaire, ont également contribué à cette croissance économique. «De plus, le Maroc a enregistré une augmentation substantielle des investissements directs étrangers, offrant d’importantes opportunités de développement, et une baisse du déficit du compte courant à son niveau le plus bas depuis 2007», souligne la même source.
La Banque mondiale indique que la croissance économique du Maroc devrait ralentir à 2,9% cette année, en raison d’une mauvaise campagne agricole, mais le PIB non agricole devrait rester stable. Selon elle, le pays reste confronté à plusieurs défis, notamment la création d’emplois et la hausse de la productivité du secteur privé pour améliorer sa croissance économique et le niveau de vie des populations.
SOURCE WEB PAR LE360
Les tags en relation
Les articles en relation
#MAROC_informel : L'informel ou les lettres de noblesse de nos intouchables
S'il y a un investissement productif par excellence, qui plus est dans le contexte d'une relance cruciale en ces temps difficiles, c'est celui qui p...
Logistique: Un programme d’accompagnement des PME
Un fonds pour améliorer la compétitivité de 300 structures Financement des études d’externalisation, de formation… Une mesure pour inciter les ent...
Énergie solaire : IFC finance le plus grand projet en Afrique du nord
La réputation du Maroc en termes de réalisation de centrales solaires à grande échelle n’est plus à faire. Le monde entier connait le succès des install...
Pour un nouveau Bretton Woods
Siège du Fonds monétaire international (FMI). AUSTIN, TEXAS – Du fait de la crise financière de 2008, des voix se sont élevées pour appeler à un syst...
Un rapport américain évalue le poids de l’informel au Maroc à 12% du PIB
Un rapport américain évalue les activités informelles au Maroc à 12,6% du PIB national, soit plus de 42 milliards de dollars annuels. Le secteur informel...
Conjoncture. Cinq risques pèsent sur l’économie marocaine
La Banque mondiale (BM) prévient contre cinq risques externes et internes qui planent sur l’économie marocaine. À surveiller de près: le risque de paupér...
Stress hydrique au Maroc : Quelle efficacité pour les politiques gouvernementales ?
«Le Maroc affronte l’une de ses pires sécheresses de l’histoire». Cette phrase que nous avons lue et entendue à maintes reprises au cours de cette anné...
Jouahri déplore le faible rendement socioéconomique de l’investissement
Le Maroc consent un effort d’investissement important et constant, mais qui donne lieu jusqu’à présent à une croissance économique insuffisante, en tend...
Le Maroc, 9ème Bénéficiaire Mondial de Fonds Internationaux pour les Énergies Renouvelables
Un rapport réalisé par cinq institutions internationales révèle que le Maroc est le 9ème bénéficiaire des flux financiers publics internationaux destiné...
Stress hydrique. Nizar Baraka : l’utilisation des eaux non conventionnelles comme nouvelle alterna
Invité ce jeudi 1er février à l’École nationale supérieure de l’administration (ENSA), Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau, a affir...
Solidarité avec les pays les plus pauvres : un engagement renouvelé en faveur de la reprise
Il y a quelques semaines, la communauté internationale s’est engagée à mobiliser 93 milliards de dollars en faveur des pays les plus pauvres du monde. Ce...
Tourisme à Marrakech : des disponibilités réduites mais pas complètement épuisées
Marrakech, qui a toujours eu le vent en poupe, a vu son attractivité monter en flèche à l’occasion Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fonds ...