Maroc : Un rapport de la Banque mondiale donne raison aux boycotteurs de Sidi Ali
Dans son rapport sur le secteur privé au Maroc, la Société financière internationale (SFI) a reconnu que les prix des principaux produits alimentaires sont «nettement plus élevés au Maroc». Et de donner l’exemple de l’eau en bouteille dont le prix reste 17% plus élevés que dans des pays de la région MENA.
En juin dernier, la Société financière internationale (SFI) du groupe de la Banque mondiale a publié un diagnostic du secteur privé au Maroc, intitulé «Créer des marchés au Maroc». Tout au long de ses 154 pages, le document analyse le marché marocain et émet plusieurs recommandations. L’objectif étant de mettre en avant une «deuxième génération de réformes» afin de «stimuler la croissance du secteur privé», créer des emplois et améliorer des compétences.
Ses rédacteurs rappellent que «le Maroc a consacré d’importantes ressources afin de réaliser des investissements considérables dans les secteurs économiques jugés stratégiques pour la croissance, l’accroissement de la productivité et la création de valeur ajoutée». Toutefois, «les retombées en termes de croissance économique, création d’emplois et productivité, ont été décevantes».
Les prix des principaux produits «nettement plus élevés au Maroc»
Pour la situation du secteur privé, la SFI note que «les investissements du secteur privé au Maroc ont stagné autour de 16 % du PIB - un peu plus de la moitié de l’investissement total - au cours de la dernière décennie et, dans l’ensemble, ils n’ont pas été dynamiques en termes de création d’emplois ou d’exportations».
Il recommande notamment d’«uniformiser les règles du jeu pour tous les acteurs du marché», en orientant «les capitaux nationaux vers les secteurs productifs échangeables» et en renforçant «la concurrence sur le marché au profit du secteur privé».
D’ailleurs, sur ce dernier point, le document reconnait que les entreprises privées et, en fin de compte, les consommateurs, sont «pénalisés par les carences des institutions et la réglementation en matière de protection de la concurrence». L’occasion de citer une analyse comparative des prix des principaux produits de consommation, plus élevés au Maroc que dans les autres pays de la région.
La SFI constate que «les distorsions réglementaires et la manque de concurrence peuvent avoir pour effet que les prix des principaux produits du panier de consommation alimentaire soient nettement plus élevés au Maroc que dans les pays de comparaison» et cite l’exemple de l’eau embouteillée.
Le prix de l’eau embouteillée 17 % plus élevés au Maroc
Tout en rappelant que cette denrée est considérée comme «l’un des principaux produits de consommation dont le prix a beaucoup attiré l’attention au Maroc au cours des dernières années», l’analyse informe que «les résultats d’une évaluation empirique nationale comparant les prix de l’eau embouteillée au Maroc à ceux de la région MENA et au-delà tendent à montrer que les prix sont effectivement nettement plus élevés au Maroc».
«Les résultats empiriques indiquent que les prix moyens (de l’eau embouteillée, ndlr) au Maroc sont d’environ 17 % plus élevés que ceux d’un ensemble de pays de la région MENA, de l’OCDE et de certains autres pays pairs (MENA ++), même après contrôle en termes de demande potentielle et de facteurs de coûts pouvant affecter les prix comme le revenu par personne, le coût des importations ou le taux tarifaire.»
Rapport de la SFI
Pour la SFI, «lorsque l’on compare les prix entre les principales villes, les résultats suggèrent un écart de prix encore plus élevé : les habitants de Casablanca paient en moyenne environ 50 % de plus pour l’eau en bouteille que les habitants de villes similaires de la région MENA et au-delà».
Le document rappelle la campagne de boycott lancée en avril 2018 et qui a concerné, outre le marché d’eau minérale en bouteille et particulièrement l’entreprise Les Eaux minérales d’Oulmès, le marché dans la production de produits laitiers (Centrale Danone) et celui des carburants (Afriquia). Des entreprises qui ont «été accusées de pratiquer des prix "exorbitants", entre deux et trois fois plus élevés que sur certains marchés européens et asiatiques», conclut la SFI.
Le 16/08/2019
Source web Par yabiladi
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