Nouveau DG d'Autoroutes du Maroc : Défis et Conflits d'Intérêts Potentiels

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Nommé le 1er juin dernier, Mohammed Cherkaoui Eddeqaqi prend la tête de la Société nationale des autoroutes du Maroc (ADM), chargé de gérer les infrastructures autoroutières et les lucratives stations-service et aires de repos. Le principal acteur de ce secteur, Afriquia, appartient à Aziz Akhannouch, ancien employeur du nouveau DG d’ADM, ce qui suscite des questions sur d'éventuels conflits d'intérêts.

Une Nomination Surprise

La nomination de Mohammed Cherkaoui Eddeqaqi a surpris lors du Conseil des ministres du 1er juin, car il était jusque-là inconnu dans le cercle des hauts dirigeants marocains. Spécialisé dans l'aménagement de stations balnéaires, ses succès ont été mitigés. Il a notamment dirigé des projets comme la station de Saïdia, marquée par une saisonnalité et une dépendance aux Marocains résidant à l'étranger.

Parcours Professionnel

Avant sa nomination, Cherkaoui Eddeqaqi a occupé divers postes de direction au sein de filiales du groupe Caisse de dépôt et de gestion (CDG). Il a été directeur du pôle opérations à MedZ, directeur général délégué de la Société de développement de Saïdia, directeur général délégué à New Marina Casablanca et en charge du pôle Project management à Madaëf. Il a ensuite dirigé la Société d’aménagement et de promotion de la station de Taghazout.

Conflits d'Intérêts Potentiels

La Société de développement de Taghazout compte parmi ses actionnaires le groupe Akwa, propriété d'Aziz Akhannouch. Akwa, via sa filiale Afriquia, domine le marché des stations-service sur les autoroutes marocaines. La question de conflits d'intérêts se pose, d'autant plus que Cherkaoui Eddeqaqi a été nommé sur proposition du chef du gouvernement, Akhannouch lui-même.

Défis et Enjeux

La gestion des autoroutes marocaines représente des enjeux financiers importants, avec une circulation moyenne de 200 000 véhicules par jour. En 2023, ADM a vu une augmentation de 6 % de la circulation et de 6,6 % des transactions de péage, portant son chiffre d'affaires à 4,7 milliards de dirhams, en hausse de 17 % par rapport à 2022. Les aires de repos, indispensables sur un réseau de 1 800 km, contribuent également de manière significative à ces revenus.

Modèle Économique et Régulation

Le modèle économique des aires de repos, basé sur un système "Plug & Play", permet à ADM de préparer les terrains avant de les concéder aux exploitants, souvent pour une durée de vingt ans renouvelable. Les appels d'offres sont attribués au mieux-disant, souvent sur la base de la redevance proposée à ADM. Les marges bénéficiaires dans les aires de repos sont élevées, justifiées par les coûts de transport, les ventes limitées et les obligations d'ouverture continue.

Un Secteur Domine par Trois Acteurs

Au Maroc, le marché des stations-service sur les autoroutes est dominé par trois acteurs : Vivo Energy (Shell), Total et Afriquia, qui détient la moitié du marché. Les petites entreprises peinent à concurrencer ces géants, dont la rentabilité repose sur une présence massive sur l'ensemble du réseau autoroutier.

Perspectives Futures

ADM prévoit un plan d'investissement de plus de 8 milliards de dirhams sur les trois prochaines années, avec des projets comme les autoroutes Tit Mellil-Berrechid et Rabat-Casablanca. Le développement de ce secteur est crucial pour les événements sportifs à venir, tels que la Coupe d'Afrique des nations 2025 et le Mondial 2030.

Conclusion

La nomination de Mohammed Cherkaoui Eddeqaqi à la tête d'ADM suscite des attentes élevées et des questions sur la transparence des opérations. Une mission exploratoire de la Chambre des représentants sur ADM devrait apporter des éclaircissements sur les défis auxquels l'entreprise fait face, notamment en termes de dette et de gouvernance.

Le 08/07/2024

Rédaction de l’AMDGJB Géoparc Jbel Bani

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