Le gouvernement et la commission Benmoussa: Keynes vs Schumpeter?
Le programme du RNI et le nouveau modèle de développement ciblent tous les deux les mêmes objectifs. Des objectifs sur lesquels tout le monde s’accorde. Mais les approches et la philosophie des deux référentiels dont dispose aujourd’hui le royaume divergent sur plusieurs points. Concilier les deux est un gros challenge pour l’équipe Akhannouch.
Le Maroc dispose actuellement de deux référentiels en termes de développement et de conduite des politiques publiques : le nouveau modèle de développement, qui a une légitimité royale et le programme du RNI, après la victoire écrasante du parti de Aziz Akhannouch aux législatives et sa volonté affichée de construire le futur programme gouvernemental, autour des engagements que son parti a pris envers les citoyens.
Dans cet article, nous passons au crible le programme économique du RNI, en le comparant avec le volet économique du nouveau modèle de développement. L’objectif n’est pas d’opposer les deux référentiels, qui se rejoignent sur plusieurs points, mais de participer à la structuration du débat autour de la construction du programme gouvernemental, attirer l’attention des acteurs politiques et l’opinion publique sur les divergences qui peuvent exister entre les deux feuilles de routes qui nous sont proposées. Notamment sur la différence d’approche que propose le nouveau modèle de développement et celle sur la base de laquelle a été élu le RNI.
Et disons-le tout de suite : les deux visions ou référentiels se rejoignent sur les objectifs économiques visés, à savoir augmenter le potentiel de croissance du pays, créer plus d’emplois, dynamiser l’investissement public et privé, réduire les inégalités sociales et territoriales… Bref, sur les objectifs, les deux documents sont sur la même longueur d’ondes. Et personne, il faut le dire, ne peut être en désaccord avec les objectifs fixés aussi bien par le NMD que par le programme proposé par le RNI.
Mais selon plusieurs économistes sondés par Médias24, si ces objectifs ambitieux sont les mêmes ou presque, l’approche que propose le RNI pour leur réalisation diverge de celle affichée par le nouveau modèle de développement. Un pacte avait été signé entre la commission Benmoussa et tous les partis politiques les engageant à faire du NMD une sorte de feuille de route pour assurer un développement national harmonieux. Un pacte qui, selon nos sources, ne fixe toutefois que les grandes lignes, les grands objectifs, sans imposer une approche aux acteurs qui seront aux commandes du gouvernement. Ce qui est une sorte de liberté donnée aux politiques de tracer leur propre politique publique, chacun selon ses convictions, ses idées, pour veiller au respect de l’esprit de la démocratie qui consiste en cet engagement pris avec les citoyens et la reddition des comptes au bout de la mandature.
« Le pacte signé avec les partis politiques porte, principalement, sur les grandes lignes, les objectifs sur lesquels tout le monde s’accorde, mais il ne comporte pas une série de mesures précises, encore moins un engagement sur une approche particulière pour leur exécution », signale une de nos sources, qui porte à la fois la casquette de politique et d’économiste.
Akhannouch vs Benmoussa, c’est Keynes contre Schumpeter
Et la principale divergence que nos sources font ressortir entre les deux référentiels : c’est leur philosophie, leur source d’inspiration.
Dans son programme, le RNI s’engage par exemple à créer un million d’emplois sur 5 ans, soit pratiquement le double du rythme actuel de création d’emplois.
Pour cela, il mise sur plusieurs leviers, comme la politique des petits et des grands travaux qui généreront un appel d’air dans l’économie par la création de milliers d’emplois dans toutes les régions du royaume. Les concepteurs du programme du RNI misent également sur l’emploi qui sera créé par la politique sociale qu’il compte mettre en place, notamment dans l’éducation et ce, à travers la création de crèches, le développement du préscolaire, la construction de nouvelles écoles, l’introduction de nouveaux métiers à l’école publique… Des chantiers sociaux qui vont également créer des dizaines de milliers d’emplois.
Autre levier que le parti de Aziz Akhannouch compte activer : encourager les jeunes à créer leurs propres activités, en les aidant à se lancer à travers une politique de soutien et d’accompagnement publics couplée à des financements bancaires à taux réduits, assortie de la garantie de l’État, dans la continuité du programme Intelaka.
Quant aux grandes et moyennes entreprises, le programme du parti reste dans la logique des plans sectoriels, qu’il dit vouloir renforcer davantage, redynamiser et mise sur une politique de protection du tissu industriel national, avec un programme ambitieux d’import substitution, à l’image de la banque de projets lancés en 2020 par Moulay Hafid Elalamy. Une politique qui vise à créer de nouvelles activités, encourager le « made in Morocco », faire grandir le tissu industriel national, créer des emplois et de la croissance, tout en limitant le déficit de la balance commerciale du pays.
Des mesures qui font presque l’unanimité dans le champ politique et économique. Et qui figurent également dans le nouveau modèle de développement, avec toutefois une différence de taille : celle des moyens pour y parvenir.
« Quand on analyse le programme du RNI, on comprend très vite qu’ils ont basé toute leur réflexion sur la stimulation budgétaire comme moteur de création d’emplois et de valeur ajoutée. C’est une approche purement keynésienne, qui ne se donne pas de contraintes budgétaires. Ce qui est tout le contraire de l’approche qui ressort du nouveau modèle de développement qui est clairement Schumpétérien, axé sur la stimulation de l’économie par le moyen d’un changement profond des structures productives, avec une politique axée plus sur l’offre que sur la demande », note un des économistes consultés par Médias24.
Un point de vue que partagent tous nos interlocuteurs qui ont fait ce travail de lecture critique des deux documents, avec des exemples à l’appui.
« La réflexion du NMD sur l’économie est plus schumpétérienne et se base globalement sur le développement de la dynamique entrepreneuriale générale. Le RNI a une logique plus traditionnelle, classique, celle d’amplifier la dépense publique et les stratégies sectorielles. Une approche keynésienne fondée sur la stimulation budgétaire maximale, sans une réflexion profonde sur l’allocation optimale des ressources, ni sur les contraintes posées au secteur privé, des sujets qui sont au cœur de la proposition économique faite par la commission Benmoussa », explique un de nos économistes.
Il nous donne cet exemple très parlant, celui de l’objectif d’accélérer la croissance du PIB.
Pour le RNI, nous dit-il, booster le rythme de croissance passera par plus de dépenses publiques et par la subvention aux jeunes entrepreneurs, aux industriels de l’import-substitution, la distribution de revenus à certaines tranches de la population, l’augmentation des salaires des enseignants… La croissance passera dans ce schéma par la création de plus de demande, qui par effet d’entraînement, va jouer sur l’offre et l’investissement et favoriser la création d’emploi. C’est une approche qui se respecte, mais qui n’est pas celle du nouveau modèle de développement, souligne notre source.
« Pour le RNI, si le Maroc ne fait pas 6% de croissance, c’est parce qu‘il n’y a pas assez de dépenses publiques, de subventions… Le problème de la croissance sera réglé selon leur programme par la dépense publique, qui va créer de l’activité, de la valeur, de l’emploi et de la croissance. C’est typiquement keynésien comme approche. Tout est concentré sur la dépense. Et la recherche de nouveaux moyens pour financer cette dépense. Dans le nouveau modèle de développement, on trouve une approche totalement différente. A la question de savoir comment générer plus de croissance, le rapport Benmoussa n’a pas cette approche par la dépense, mais parle plutôt d’un problème de productivité structurel et de dynamisme entrepreneurial. Des notions que l’on peut qualifier de Schumpetériennes, et qui n’apparaissent pas dans le programme du RNI », précise notre source.
Générer plus de croissance : le contraste entre le NMD et le programme des bleus
La question qui se pose, selon notre source, c’est de savoir si le Maroc ne fait pas assez croissance parce qu’il manque de subventions ou de dépenses publiques. Est-ce que les pays qui se sont développés l’ont fait parce qu’ils ont dépensé et subventionné plus que les autres ? Selon lui, la réponse que donne le NMD est « non ».
La réflexion économique du NMD autour de cette question de la croissance tourne en effet principalement autour de la notion de productivité structurelle du pays. C’est selon le rapport et ses rédacteurs qui se sont exprimés à plusieurs reprises pour expliciter ce sujet, la principale faille de l’économie marocaine qui n’arrive pas à exploiter tout son potentiel de croissance estimé à 6%.
Et pour développer cette productivité générale de l’économie, le NMD plaide pour une accélération de la transformation productive du pays. Avec comme principal moteur : le dynamisme entrepreneurial.
« On a en effet un problème de dynamisme entrepreneurial aussi bien au niveau des PME que des grands groupes. On manque d’initiatives entrepreneuriales. Et le NMD a touché ici un point central. Et quand le rapport du NMD analyse les raisons de ce manque d’initiative, il parle des nombreux freins et des contraintes à laquelle se heurte l’initiative privée. Toute la réflexion économique du nouveau modèle est centrée sur ça, avec des propositions courageuses comme la baisse des coûts, la levée des barrières à l’entrée dans les secteurs réglementés, la fin de l’économie de rente, la concurrence saine et loyale, la baisse du coût du foncier industriel, la qualification des salariés, la bureaucratie administrative, la corruption… Des sujets qui sont à peine ou pas du tout traités par le RNI », détaille notre économiste.
Une autre source fait le même constat, affirmant que le programme du RNI est certes ambitieux, réalisable si les engagements pris sont bien exécutés, mais ne va pas au fond des problématiques qui freinent la croissance. Des problématiques qui sont pourtant détaillées dans le nouveau modèle de développement.
Le NMD parle par exemple « des coûts de transactions » qui sont très élevés au Maroc et ne facilitent pas la conduite des affaires. « Il y a plein de secteurs réglementés où il y a des barrières à l’entrée, comme par exemple l’immobilier où il faut une centaine d’autorisations avant de se lancer. Même chose dans le secteur financier, la banque et l’assurance, qui sont totalement fermés et empêchent l’émergence de nouvelles start-up dans la fintech, filière qui se développe à grande vitesse dans le monde et même dans des pays africains comme le Rwanda. On ne peut pas transformer la structure productive de notre économie sans lever ces freins, ces barrières, sans parler de la problématique du foncier, du financement, de la corruption, de l’accès aux marchés publics… J’ai lu le programme du RNI et je constate que ces sujets ne sont pas traités, alors que le nouveau modèle de développement en fait un des principaux moyens pour libérer les énergies », signale un autre économiste.
Autre point de divergence d’approche que soulèvent nos sources : le sujet de la compétitivité du Maroc.
« Il y a des problèmes de coûts logistiques et énergétiques qui ne sont pas soulevés dans le programme du RNI. Quand il évoque le coût de l’énergie, le RNI axe tout sur la décarbonation. Mais sans une réflexion profonde sur les coûts de production qui sont, selon le diagnostic fait par la commission sur le NMD, un des freins pour la montée en compétitivité du pays », signale un des économistes consultés par Médias24.
Il cite ainsi la problématique des coûts d’opportunité, à laquelle le NMD accorde une grande importance, mais qui n’est pas visible dans le programme du RNI. Le fait qu’il y ait des rentes au Maroc, des façons de s’enrichir qui ne sont pas productives, empêche l’économie marocaine de décoller et décourage l’acte d’entreprendre. Il y a beaucoup d’incitations qui sont données et cela détourne l’énergie productive vers des secteurs qui créent peu de valeur, au détriment de secteurs qui offrent plus de valeur ajoutée et peuvent être un véritable moteur de création d’emplois durables », note notre économiste.
Toujours dans le chapitre des barrières à l’investissement, notre économiste relève la question des coûts de découverte, autre notion que l’on retrouve dans le NMD, mais pas dans le programme du parti de Aziz Akhannouch.
« La transformation productive du pays nécessite la diversification, la montée en gamme industrielle, de l’innovation. Pour cela, il faut aider les pionniers, comme le signale le rapport Benmoussa, en levant ce qu’il appelle les coûts de découverte. Les premiers qui portent des idées, des projets, hésitent souvent à se lancer à cause de ces coûts qui sont très élevés, au risque qu’ils encourent. Le rôle de l’État, comme proposé dans le NMD, c’est de subventionner les pionniers. Et l’idée nouvelle dans le NMD, c’est qu’on ne dit pas qu’il faut subventionner tout le monde, mais seulement ceux qui génèrent de l’externalité, qui prennent des risques dans des secteurs nouveaux, qui montent en gamme et qui montrent aux autres le chemin. Montrer aux autres le chemin est une action d’intérêt public. Et ça mérite donc une intervention étatique », souligne notre source dans son exercice comparatif entre le programme du parti qui dirigera le gouvernement et le nouveau modèle de développement.
C’est ce qui explique aussi la différence d’approche dans le « Made in Morocco », notion sur laquelle convergent les deux référentiels, mais avec des approches différentes.
Pour le RNI, favoriser le « made in Morocco » passe par la protection du tissu industriel marocain et par une politique d’import-substitution. Une approche à la fois défensive, et qui est axée encore une fois sur la dépense publique, la subvention de nouveaux projets, comme ceux lancés par le ministère de l’Industrie sous El Othmani.
Le NMD plaide aussi pour le « made in Morocco », mais ne traite pas le sujet de la même manière, ne crée pas de distorsion dans le marché et l’intègre dans cette même approche systémique de transformation globale du tissu productif, en boostant la productivité générale, en levant les barrières à l’entrée, les coûts de transaction, d’opportunité et de découverte pour libérer les énergies.
La question de la relance
Même chose concernant la relance de l’économie. Le RNI s’appuie sur le plan de relance déjà mis en place, et qui se base sur le Fonds Mohammed VI pour l’investissement et les crédits données aux entreprises… Des mesures qui selon nos sources ne traitent pas la question de la productivité. « On reste toujours dans des mesures de dépense. Le focus du RNI, c’est créer de l’activité par des mesures de court terme. Contrairement au nouveau modèle de développement qui fait le focus sur la productivité, en proposant des réformes structurelles. Il y a certes ici des complémentarités qui peuvent être exploitées, mais une grosse différence d’approche et d’horizon », signale une de nos économistes.
Cela étant dit, la dépense publique n’est pas le cœur des divergences entre les deux référentiels. Mais la manière de l’approcher est différente. Si le RNI veut ouvrir dans son programme les robinets de la dépense publique, en injectant chaque année 50 milliards de dirhams de plus dans le budget de l’État (soit le quart des ressources ordinaires du budget actuel, et un total de 250 milliards sur le quinquennat !) pour résoudre les problématiques économiques et sociales du pays, le nouveau modèle de développement fait plutôt le focus sur la rationalisation de cette dépense publique. Et propose de faire des calculs d’efficience avant l’instruction de toute dépense. Objectif : maximiser l’impact économique, en termes de croissance et de création d’emploi, de chaque dirham qui sort des caisses de l’État. Ce sont donc deux raisonnements qui s’opposent : aux problèmes qui sont posés, le RNI réfléchit dépenses, quand le nouveau modèle de développement plaide davantage pour le maintien de cette dépense, n’est pas cotre son augmentation, mais insiste sur le fait de la rationaliser au maximum pour une meilleure efficience.
Autre différence sur cette politique économique par la dépense : la conditionnalité. L’exemple de l’augmentation des salaires des enseignants est en cela édifiant. Le RNI s’engage, dans son programme, à augmenter le salaire des prof’ à 7.500 dirhams, y compris les nouveaux entrants. Le nouveau modèle de développement parle du même chiffre et plaide aussi pour l’amélioration des salaires des prof’, mais il met clairement des conditions à toute augmentation de salaire.
Dans la partie éducation, le rapport Benmoussa est très clair là-dessus : les augmentations de salaires ne sont pas générales, mais sont conditionnées par les performances des prof’. Le focus est plutôt mis sur le changement de parcours de carrière, l’offre de plusieurs opportunités d’évolution aux prof’… Des mesures que l’on retrouve également dans le programme du RNI, mais avec des implications budgétaires bien supérieures à celles que peuvent générer les mesures proposées dans le NMD…
Pour résumer, comme nous l’exprime un de nos économistes, « toutes les mesures proposées par le RNI ont des implications budgétaires. C’est un programme basé sur la demande et pas sur l’offre. L’offre est rarement traitée et ne semble pas être une des options envisagées par le parti, pour accélérer le potentiel de croissance du pays, régler le problème des inégalités, du chômage des jeunes… Le NMD est, lui, construit sur une politique de l’offre qui contraste avec celle que veut déployer le RNI ».
La bataille de la demande et de l’offre
Un exemple illustre parfaitement les propos de notre économiste : l’engagement du RNI d’allouer un minimum vieillesse de 1.000 dirhams aux personnes âgées. Un objectif louable, qui rejoint là aussi les objectifs ciblés par le NMD, notamment pour cette population qui devient de plus en plus nombreuse, changements démographiques oblige.
Cette question, le RNI compte la résoudre encore une fois par la dépense. Quand le NMD la traite par le biais de l’offre, en développant toute une réflexion sur la construction d’une économie sociale et solidaire moderne, un des axes majeurs du rapport Benmoussa.
A la lecture du rapport du nouveau modèle de développement, cette question des seniors est traitée en effet autrement. On part du constat que nos seniors ont besoin de prise en charge médicale, font face à des problèmes de mobilité et constituent un poids sur les familles… La réponse (schumpétérienne là aussi) qu’apporte le NMD est de créer un service public qui traite ce sujet-là, en mobilisant des associations, la société civile, qui emploieront des jeunes pour s’occuper des personnes âgées et assurer ce service qui n’est pas assumé aujourd’hui par l’État. Des jeunes qui peuvent faire de l’aide médicale à domicile, accompagner nos seniors pour leurs courses, dans leur sortie pour aller à la banque, dans les administrations, faire leurs visites médicales dans les hôpitaux… Une mesure qui entre dans cette économie moderne sociale et solidaire que le NMD appelle à bâtir pour créer de l’emploi chez la catégorie des jeunes et améliorer la qualité de vie de nos seniors.
Ces associations assureront ce service à la place de l’État, avec un montage financier qui allie des petites contributions des bénéficiaires qui en ont les moyens, subventions publiques, financements privés et institutionnels (nationaux et internationaux).
Quand le RNI traite la question des seniors par la dépense, en espérant créer de la demande supplémentaire sur le marché, le NMD, lui, veut agir sur l’offre, créer un nouvel écosystème économique, créateur d’emploi. Avec le même objectif pour l’un comme pour l’autre : améliorer le cadre de vie des personnes âgées.
Les deux référentiels convergent finalement vers les mêmes objectifs, mais sont dans des logiques différentes : pour le RNI, dès qu’un problème se pose, on le traite par la dépense. Alors que le NMD est plutôt dans une approche d’optimisation de la ressource et de réforme systémique.
Un décalage qui peut se comprendre par les contraintes des uns et des autres, mais surtout par la différence des horizons de réflexion des deux parties : le RNI est une formation politique qui dirige pour la première fois le gouvernement, dans une conjoncture très difficile. Il doit traiter des urgences. Et les attentes des citoyens sont pressantes.
La logique keynésienne paraît ainsi la mieux adaptée à cet horizon de temps assez court de 5 ans. Cinq années où le parti doit réaliser ses engagements, délivrer, donner des résultats tangibles, améliorer le niveau de vie des citoyens pour espérer récolter (et c’est légitime) des dividendes politiques en 2026 et conforter la paix sociale au plus vite. Et il se donne pour cela tous les moyens, sans se mettre de contraintes budgétaires, tout en s’inscrivant dans la continuité des politiques sectorielles déployées depuis des dizaines d’années, en procédant à des réglages techniques pour les adapter aux enjeux du moment.
La commission Benmoussa, elle, a construit son modèle sur un horizon plus long (2030). Elle est apolitique et son principal objectif était de formuler des réformes profondes qui vont transformer le pays, son économie, ses structures sociales. D’ou l’approche Schumpétérienne, qui n’est classée dans aucune école de pensée économique, mais qui se base essentiellement sur cette fameuse phrase de l’économiste autrichien : « Le changement est structurel avant d’être quantitatif ».
Ce sont deux logiques et deux horizons différents, mais pas inconciliables, car chacun a un horizon différent. Comment les concilier, sans perdre de l’efficacité gouvernementale promise par Aziz Akhannouch tout en gardant le cap sur les objectifs très ambitieux du nouveau modèle de développement ? C’est la grande question qui se pose. Et sur laquelle les Sherpas du nouveau Chef de gouvernement doivent peut-être plancher.
Le 18/09/2021
SOURCE WEB PAR Médias 24
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