Stress hydrique : L’État sur un projet de consolidation de ses dispositifs d’information sur les ressources en eau
La data liée à la disponibilité des ressources hydriques est capitale dans le processus de planification des actions et projets visant la gestion durable de l’or bleu. Face à la montée du stress hydrique suite aux changements climatiques et à la succession des années de sécheresse, l’État entend consolider son dispositif d’information et d’évaluation de ces ressources. Le processus aboutira à la mise en place d’une feuille de route pour l’extension et la mise à niveau du dispositif de monitoring hydrologique et piézométrique avec un plan d’action afin de doter les Agences du bassin hydrauliques de tous les moyens nécessaires pour assurer pleinement les activités de mesure, analyse, stockage, transfert, capitalisation et de dissémination des données.
Face à la montée de la problématique du stress hydrique, l’État entend consolider son système national d’information et d’évaluation des ressources hydriques. Le département chargé de l’Eau planche ainsi sur la réalisation d’une étude devant évaluer le dispositif existant et proposer des plans d’action pour améliorer son efficience et son efficacité dans un contexte d’incertitude croissante due au changement climatique.
Le processus aboutira à la mise en place d’une feuille de route détaillée et budgétisée pour l’extension et la mise à niveau du dispositif de monitoring hydrologique et piézométrique avec l’établissement d’un plan d’action, selon plusieurs variantes, pour doter les Agences du bassin hydrauliques (ABH) de moyens financiers, humains, matériels et logistiques ainsi que les capacités techniques pour assurer pleinement les activités de mesure, d’analyse, de stockage, de transfert, de capitalisation et de dissémination des données hydrologiques et piézométriques, tout en visant l’assurance qualité des mesures. De même, les activités de mesure seront encadrées sur les plans réglementaire et technique. «Pour consolider les actions et les importantes réalisations dans le secteur de l’eau et assurer le suivi de la mise en œuvre du Plan national de l’eau (PNE), il est nécessaire de développer un Système national d’information sur l’eau (SNIE) qui permettra aux différents intervenants du secteur de l’eau de se saisir de l’état actuel des ressources en eau, de suivre leur évolution et d’orienter les décisions et les comportements des acteurs de l’eau vers l’efficience, la rationalité et l’utilisation durable des ressources en eau et éventuellement apporter des ajustements au PNE quand cela s’avère nécessaire», souligne le département de Nizar Baraka. Le SNIE sera ainsi alimenté principalement par les systèmes d’information élaborés au niveau de chaque bassin hydraulique comme le stipule la loi 36-15. Ces systèmes seront renseignés par les informations et données disponibles au niveau des ABH, mais également celles provenant des différents partenaires et acteurs du cycle de l’eau (producteurs d’eau potable, gestionnaires des réseaux d’eau potable et d’irrigation, usagers de l’eau et du DPH, etc.).
Appui financier de la Banque mondiale
Le Projet d’amélioration du système d’information sur les ressources hydriques s’inscrit dans le cadre du «Programme pour les résultats : sécurité et résilience de l’eau au Maroc» qui bénéficie d’un appui financier de la Banque mondiale. Ce dernier a été adopté comme instrument pour contribuer à améliorer le ciblage et l’orientation vers les résultats des dépenses publiques en soutien au Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation (PNAEPI 2020-2027). Le Programme est structuré autour de 3 domaines de résultats, soutenant les efforts du gouvernement visant à atteindre les objectifs à long terme de sécurité de l’eau, à reconnaître la valeur de l’eau et à assurer l’intégration des sources d’eau non conventionnelles, notamment à travers plusieurs activités essentiellement le renforcement de la gouvernance du secteur de l’eau pour une gestion durable des ressources, l’amélioration de la durabilité financière et l’efficacité de l’utilisation de l’eau.Si le Royaume veut consolider son système d’information sur l’eau, c’est qu’il y a urgence. En effet, les déficits pluviométriques qu’a connus notre pays durant les années 2015, 2016 et 2017 ont engendré de faibles écoulements, causant ainsi une réduction des apports d’eau aux barrages. Cette situation s’est négativement répercutée sur les réserves d’eau de surface ainsi que sur les niveaux piézométriques des nappes d’eau souterraine et les débits des sources, suite à l’effet conjugué de la baisse de la recharge des nappes conséquente à la baisse des précipitations et de la pression grandissante sur cette ressource.Gestion anticipative des réserves d’eau et de l’infrastructure
hydraulique En dépit de cette situation hydrologique exceptionnelle, le département de l’Eau affirme que la gestion anticipative des réserves d’eau et de l’infrastructure hydraulique a permis la satisfaction des demandes en eau de la majorité des villes, des centres, des douars et des périmètres alimentés à partir des retenues de barrages. Cependant, certaines zones ont enregistré des difficultés d’approvisionnement en eau nécessitant un suivi rigoureux. En milieu rural, des difficultés de l’approvisionnement en eau des populations dans plusieurs zones ont été enregistrées, en raison notamment de la baisse des niveaux piézométriques et des débits des sources, en particulier dans les zones où les nappes d’eau souterraines sont de faible capacité et sont vulnérables à la succession de plusieurs années de sécheresse. La limitation des ressources en eau eu égard aux besoins importants et en continuelle augmentation commence à devenir préoccupante dans plusieurs bassins hydrauliques du pays. Les déficits en eau habituellement enregistrés dans les bassins de l’Oriental, de l’Oum Er-Rbia et Sud-Atlasique, apparaissent un peu partout, en particulier lors des années sèches. Ce qui engendre des tensions sur l’or bleu. Ces tensions vont en augmentant au fil des années avec le développement socioéconomique et la manifestation de l’impact du changement du climat, et s’étendront petit à petit aux zones historiquement qualifiées de bien dotées en eau. En effet, le Maroc est considéré comme l’un des points chauds climatiques de la planète, les températures moyennes du pays ont augmenté de près de 1,4 °C entre 1970 et 2019, tandis que les précipitations ont montré une tendance à la baisse avec une variabilité croissante, des sécheresses plus fréquentes et plus intenses et de graves inondations. Les chocs hydro-climatiques sont devenus une source majeure de volatilité macroéconomique, avec des impacts particulièrement négatifs sur le secteur agricole et créant ainsi des effets en cascade et cumulatifs dans l’ensemble de l’économie. La plupart des modèles climatiques prévoit que la tendance à la baisse des précipitations se poursuivra dans un avenir prévisible. Face à ces défis de taille, l’État a mis en place en 2020 le PNAEPI. L’un des éléments essentiels requis pour le succès de sa mise en œuvre est la disponibilité des données et des informations liées à l’eau qui sont essentielles pour réussir la planification optimale des projets et permettre une meilleure prise de décision en termes de gestion et de développement durable des ressources en eau.
Le 21/11/2023
Source web par : lematin
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