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La croissance du tourisme a surpris les professionnels du secteur (SG de la CNT)

La croissance du tourisme a surpris les professionnels du secteur (SG de la CNT)

Investissements, textes de loi, enveloppes budgétaires allouées au secteur…. Invitée de l’émission L’info en Face de «Groupe Le Matin», Wissal Gharbaoui, secrétaire général de la Confédération nationale du tourisme, livre son point de vue sur l’évolution du secteur. Elle revient également sur la consolidation de l’image du Maroc à travers sa gestion exemplaire de la pandémie, la reprise de la demande mondiale, l’exposition planétaire du Maroc grâce à l’exploit de l’équipe nationale de football au mondial Qatar 2022 et l’image exemplaire donnée par les supporters marocains lors de ce mondial… Autant de facteurs qui ont participé à une reprise du tourisme, plus forte que prévue par les professionnels.

Le secteur touristique connaît depuis le début de l’année une embellie. Et les arrivées affichent une croissance à deux chiffres, rappelle Wissal Gharbaoui, secrétaire général de la Confédération nationale du tourisme (CNT), invitée de l’émission L’Info en Face de «Groupe Le Matin». «Dans nos prévisions, nous nous attendions à une reprise en 2024. Il se trouve qu’elle a été au rendez-vous un an plutôt. Le rythme de croissance a même quasiment doublé par rapport à celui de 2019, année de référence», souligne l’invitée. Et c’est tant mieux ! Cela «nous a permis d’accélérer tous les chantiers y compris celui de la feuille de route», partage-t-elle.

Plusieurs raisons sont derrière cette reprise. D’abord, après deux ans de pandémie, «le monde ne pouvait plus rester enfermé». La demande a donc repris. Ensuite, «le Maroc, souvenons-nous, s'était distingué à l'échelle mondiale par l'excellente gestion et prise en charge de la question sanitaire. Pendant plus de deux ans, le Maroc a été exemplaire. Il a renvoyé l’image d’un pays où la gestion de la sécurité, notamment sanitaire, était bonne», souligne la secrétaire générale du CNT. Et cela rassure». Enfin, il y a l’exploit de l’équipe nationale de football lors du mondial Qatar 2022, qui a donné encore plus de visibilité au Royaume. Ces éléments combinés ont fait qu’une fois la demande a repris, elle a été «plus forte que ce que nous avions prévu», reconnaît Gharbaoui. D’ailleurs, le rythme de récupération du Maroc est supérieur de 20 points à la moyenne mondiale. En témoigne le nombre d’arrivées. Mais au-delà de cet indicateur, «il y a aussi d’autres chiffres qui méritent toute notre attention», nuance Gharbaoui. En effet, la corrélation entre les arrivées et les nuitées «n’est pas équilibrées», reconnait-elle, en raison de l’informel et du locatif sur les plateformes spécialisées. Une question d’organisation et de bonne gouvernance, affirme l’invitée de l’émission qui rappelle que les opérateurs sont doublement pénalisés par ces phénomènes car ils font l’effort d’investir et payent des impôts.

L’arsenal législatif dans le secteur touristique doit suivre le mouvement

Les lois doivent donc suivre afin de mettre fin ou de réduire de manière significative le poids de l’informel. A ce propos, Gharbaoui, rappelle les interrogations des professionnels de l’industrie hôtelière sur les textes d’application relatifs à la loi 83-14 et, par exemple, sur «des choix de cette loi qui ne vont pas nécessairement dans le sens du rôle et de la responsabilisation du privé». Gharbaoui en veut pour preuve à la commission de classement qui doit être composée de trois personnes : le délégué du tourisme, le représentant du CRI et le représentant de l'Association régionale de l'industrie hôtelière, à titre consultatif. «Les opérateurs sont mal à l'aise avec cet aspect consultatif. Nous avons toujours demandé à ce qu'il soit membre à part entière pour que chaque partie assume totalement ses responsabilités et s'implique», souligne-t-elle.

L’invitée de L’info en Face espère également que les professionnels soient impliqués dans la sélection des auditeurs mystère prévus par la loi et qu’ils aient un droit de regard sur leur liste. «Nous souhaitons être sûrs qu’ils soient des gens du métiers», insiste-t-elle. Les professionnels souhaitent également que les audits soient effectués en deux temps : une visite de constat et une visite de confirmation.

Assurance contre les vols dans les chambres d’hôtels : mission impossible

Concernant l’assurance contre les vols dans les chambres d’hôtels, Gharbaoui abonde dans le sens des professionnels qui sont contre. «Pour calculer la prime d’assurance, l’assureur doit connaître la valeur des biens assurés. Ensuite, d’autres indicateurs comme le taux d’occupation sont difficile à connaitre à l’avance par les professionnels et sont nécessaire au calcul de cette prime», explique-t-elle.

Concernant l’observatoire du Tourisme, Gharbaoui rappelle qu’il a renouvelé ses instances, avec un nouveau président qui a un plan d’action une feuille de route «précis» et que tous les acteurs du secteur sont mobilisés pour le doter d’outils de pilotage et de gouvernance qui soient lisibles et utiles pour les opérateurs et les investisseurs.

Durée moyenne de séjour des touristes : comment dépasser la barre des 3 jours ?

Ainsi, parmi les indicateurs que cite Gharbaoui, il y a ceux de la rentabilité de l’activité, les nuitées, le taux d’occupation et la durée moyenne du séjour. Pour améliorer ce dernier, recommande l’invitée de l’émission, il faut 10 à 12 grands projets d’animation de grande envergure, qui améliorent l'expérience du visiteur notamment ceux qui viennent en famille, les jeunes etc. «Ce chantier est priorisé dans la feuille de route», révèle Gharbaoui. Les fonds nécessaires à ces projets proviendront des 6 milliards alloués au secteur en mars dernier. «La priorité est donnée au transport aérien. L’enveloppe budgétaire va être prioritairement allouée au renforcement de la disponibilité de sièges à destination du Maroc», nuance le secrétaire général du CNT.

En attendant, la durée moyenne de séjour reste inférieure à 3 jours depuis plus d’une décennie. Pour Wissal Gharbaoui, c’est normal vu que le Maroc bénéficie d’une proximité avec ses marchés émetteurs : «De ce fait, au lieu de venir une fois au Maroc pour une semaine. Un touriste vient dix fois pour un week-end». Et pour le marché national ? Gharbaoui reconnaît qu’il s’agit d’un grand chantier sur lequel il faut travailler de manière efficace et rapide. «On a fait plusieurs propositions qui tardent à venir. La première que j’espère pour la rentrée scolaire est la régionalisation du calendrier des vacances scolaires», a-t-elle partagé. Autres propositions : un mécanisme qui renforce le pouvoir d’achats des ménages et l’épargne vacances ainsi que des chèques de vacances défiscalisés pour accompagner l’effort global du secteur. En attendant de voir ces mécanismes sur le terrain, le secteur devrait, selon Gharbaoui, poursuivre sa croissance à deux chiffres et boucler l’année avec 13 millions de touristes.

Le 23/06/2023

Source web par : lematin

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