Un crime

Au-delà du viol de la petite Sanaa, âgée de 11 ans au moment des faits, au-delà de cette horreur absolue, il est temps d’entamer une campagne large et profonde sur les crimes de pédophilie et d’inceste. Pas de tabou. Parlons franchement et nommons les choses à la radio, à la télévision, sur les réseaux sociaux.
Le viol est un crime. Qu’il concerne des mineurs ou des adultes, le viol est un crime aussi grave qu’un meurtre avec préméditation. Il est évident que lorsqu’il s’agit d’une mineure, l’on est encore plus scandalisé. De toute façon, c’est une horreur dont l’auteur devra être puni à la hauteur de son crime. Pas d’indulgence, pas de circonstances atténuantes. Non.
Deux ans de prison pour avoir violé une petite fille de 11 ans, devenue mère à 12 ans. Ceci est non seulement un verdict laxiste, mais scandaleux. Cela ressemble à une «compréhension», après une sorte de petit délit, une tape sur la main qui dit «ce n’est pas bien ce que vous avez fait, la prochaine fois, la justice sera plus sévère!». C’est inadmissible.
Les manifestations ayant eu lieu à Rabat disent assez la consternation de la population face à ce crime horrible. La vie de la petite Sanaa a été détruite à jamais. Car le violeur ne fait pas qu’une seule victime, il détruit aussi toute la famille. La honte, aggravée par une justice qui n’a pas appliqué la loi (prévoyant jusqu’à 30 ans de prison pour ce genre de crime), a choqué tout le monde. Le ministère de la Justice a bien fait de réagir en faisant appel de ce jugement «léger».
Trois individus, âgés de 22 ans, 32 ans et 37 ans, se sont acharnés sur cette petite sans défense, avec la complicité d’une nièce qui faisait le guet. Elle aussi devrait être jugée.
Le problème, c’est que ce genre de crime est fréquent dans les campagnes, ce qui ne veut pas dire que les villes en sont dépourvues. Mais le silence et la peur fonctionnent mieux quand on est loin des villes.
Au-delà de ce cas particulier, au-delà de cette horreur absolue, il est temps d’entamer une campagne large et profonde sur les crimes de pédophilie et d’inceste. Pas de tabou. Parlons franchement et nommons les choses à la radio, à la télévision, sur les réseaux sociaux. Que le ministère de la Justice et celui de la Famille s’engagent à mener une lutte sans merci contre ces dérives dues à la perversité de certains hommes qui ne font plus partie de l’humanité.
Je suis en colère, car les exemples ne manquent pas. Nous sommes comme toutes les sociétés. Nous avons notre part de détraqués, de pervers agissants, de malades et d’individus qui réussissent à échapper à la justice. Nous ne sommes pas dans une société parfaite.
Le viol est commis partout. Aucun pays ne peut dire que chez lui, ça n’arrive pas. Mais aucun pays ne pourra dire «c’est un crime léger». Si «l’homme est un homme pour l’homme» (les loups sont moins cruels), il est urgent de le savoir et de l’enseigner dans les écoles.
Il est un niveau au-dessus duquel on perd son humanité, on ne devient pas un animal, non, les animaux sont moins sauvages, moins pervers, moins dégueulasses que certains individus; non, on fait partie d’une catégorie dangereuse qu’il faut combattre par une justice vigilante et sans pitié.
Je n’arrive pas à m’imaginer comment des individus peuvent s’acharner sexuellement sur une petite fille. D’où sortent-ils, qui sont leurs parents qui ont oublié de les éduquer? Qu’est-ce qu’ils ont dans la tête? De la bouillie à la place d’un cerveau.
Ils sortent d’un trou, un puits sans fond où la société devrait les jeter et les oublier.
Je suis contre la peine de mort. Elle ne sert à rien. Elle n’a jamais dissuadé un criminel de passer à l’acte et de commettre l’irréparable.
Cependant, une peine de prison longue suffirait à rendre justice aux victimes qui, quelle que soit leur force de caractère, seront marquées à jamais par ce drame. Que de jeunes femmes se sont suicidées après un viol. Que de jeunes filles ont perdu la raison et se sont abandonnées à la dérive misérable de la prostitution. La société est responsable de ce tableau dramatique.
Je me souviens de films égyptiens en noir et blanc des années soixante, qui traitaient ce genre de drames. Je me souviens de la voix de Youssef Wahbi et de celle de Faten Hamama qui pleure dans un tribunal. J’ai oublié le titre du film. Mais le cinéma égyptien a très tôt abordé ces sujets complexes.
Tous les moyens devraient être utilisés dans la campagne de lutte contre la violence dont les femmes sont quotidiennement victimes et le viol en particulier.
La modernité à laquelle aspire le Maroc ne pourra se réaliser sans une remise en question de nos tabous et nos silences résignés. Nous sommes tous concernés. Nous sommes tous responsables.
Le 10/04/2023
Source web par : le360
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