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Tourisme « Il faut une à deux années pour que notre tourisme surmonte la crise »Interview avec Hamid Bentahar

Tourisme « Il faut une à deux années pour que notre tourisme surmonte la crise »Interview avec Hamid Bentahar

Bien que les frontières aériennes soient ouvertes, la relance du secteur du tourisme reste tributaire des moyens mis à disposition et de l’exigence du passeport vaccinal et du test PCR. Une “contrainte” qui ne permet pas aux professionnels de récupérer leurs parts de marché naturel, estime Hamid Bentahar.

- L’Office National Marocain du Tourisme (ONMT) et la Confédération Nationale du Tourisme (CNT) ont signé, vendredi dernier, une convention, la première du genre, portant sur plusieurs volets déterminants pour la relance, qui concernent aussi bien l’attractivité du secteur que le tourisme interne et l’innovation. Quels objectifs vous êtes-vous assignés ?

- Cette convention a pour objectif de structurer et renforcer la co-construction et la synchronisation des actions entre l’ONMT et la CNT. A travers ce partenariat, nous souhaitons mutualiser nos efforts pour la reconquête des marchés en créant des Task Forces publiques et privées pour aller ensemble de manière synchronisée et collaborative vers les marchés émetteurs majeurs pour booster et accélérer la relance, pour explorer de nouveaux segments et développer de nouveaux réservoirs de croissance.

Donc, nous mettons en place une plateforme collaborative avec les fédérations, les associations et nos membres directs au service de l’ensemble des professionnels. Nous nous donnons pour mission, par exemple, l’accompagnement dans la connaissance de l’évolution de la demande par marché et la formation pour la distribution, la commercialisation, la mise à niveau digitale, la e-réputation, et en sensibilisant l’ensemble de l’écosystème à l’importance du Big Data aussi bien pour les producteurs que pour les réutilisateurs des données.

Cette première convention a posé les bases de la collaboration, nous allons désormais lancer des ateliers de travail et de co-construction avec nos membres, les experts par segment et par marché pour les impliquer dans le développement des actions concrètes pour booster durablement notre performance collaborative.

- Quels sont, à votre avis, les principaux chantiers à mener pour renforcer l’attractivité du secteur du tourisme ?

- Depuis la réouverture de l’espace aérien, l’ensemble de la profession est à pied d’oeuvre pour renforcer l’attractivité, chacun à son niveau, à renforcer les contacts avec les partenaires internationaux pour booster la relance.

À côté de cela, l’ONMT a fait un travail remarquable et considérable pour l’aérien et la promotion. Cependant, il y a encore une contrainte qui ne nous permet pas de récupérer nos parts de marché naturel, à savoir l’exigence du passeport vaccinal et du test PCR aux personnes doublement ou triplement vaccinées, alors que nos concurrents demandent aujourd’hui l’un ou l’autre.

Nous espérons un alignement des conditions d’accès sur ce qui a été annoncé récemment au niveau maritime. Nous devons aller plus vite dans le redressement et la relance. A ce jour, nous sommes à 50% de notre potentiel réel de vente. L’autre moitié de notre part de marché dépend de cette procédure qui freine cette envie collective de permettre à nos professionnels de retravailler au mieux et au plus vite.

- Avant de parler de relance, pouvez-vous nous dresser un état des lieux des pertes occasionnées par la pandémie ?  - Les acteurs du tourisme ont passé deux années extrêmement difficiles, En chiffres, ce secteur faisait 140 milliards de recettes par an. Nous avons perdu plus que 80% en 2020 et 70% en 2021. Il nous reste du chemin à parcourir avant un retour à la normale et nous savons d’ores et déjà que des défis importants et des mutations profondes nous attendent.

Une tension importante sur la trésorerie des entreprises touristiques, la dégradation de leurs fonds propres, la hausse importante des coûts, l’arrivée des échéances de crédit ayant servi principalement des charges non productives. Mais nous devons rester optimistes, continuer à travailler avec le ministère pour optimiser les mesures de sauvegarde, pour trouver d’autres solutions qui viendront compléter la batterie de mesures de soutien pour prolonger l’effort et préserver les emplois et les entreprises.

Nous devons rester optimistes car la demande sur le tourisme est là et l’envie du Maroc n’a jamais été aussi forte. Notre pays, cité en exemple à l’international, a gagné en crédibilité en cette période grâce à sa politique de lutte contre la crise sanitaire.

- Une reprise de l’activité touristique a été enregistrée quelques jours après la réouverture, début février, des frontières et elle a concerné le secteur du tourisme en général (hôtels, agences de voyage, transport touristique, loueurs de voitures). On est loin des chiffres enregistrés en 2019 ?  - Je suis persuadé qu’en mettant en place les moyens nécessaires, on pourrait y revenir en 2023 ou 2024 au plus tard, Faute de quoi, on risque de ne pas atteindre ces chiffres avant 2025 ou 2026. En moyenne, on a une à deux années pour que le secteur touristique surmonte la crise. Toutefois, il y a des segments qui vont se remettre plus vite.

En premier lieu se trouvent les voyages de loisir, puis le segment affaires individuelles en deuxième position. Pour tout ce qui est congrès, séminaires et organisation d’événements de grande taille, nous devons faire plus d’efforts collectivement.

- Lors de la période de fermeture des frontières, le segment du tourisme interne est revenu au devant de la scène, est-ce que la mise en place d’une offre dédiée aux nationaux est toujours d’actualité ou est-elle passée au second plan avec le retour des touristes internationaux ?

- Le tourisme national est le premier client des professionnels du tourisme. Nous devons continuer à le développer. Justement dans le cadre de notre convention avec l’ONMT, le tourisme interne fait partie de nos priorités. Pour être une grande destination touristique, il faut avoir un tourisme interne qui soit important.  Nous avons fait de nombreuses recommandations pour stimuler la demande interne comme l’incitation au voyage par la mise en place de chèques vacances défiscalisés et la régionalisation du calendrier des vacances scolaires. La promotion, appui et incitation au développement d’une offre d’animation diversifiée, de qualité, et d’expériences de familles adaptée au pouvoir d’achat des citoyens marocains. Nous espérons qu’elles seront mises en oeuvre le plus rapidement possible.

- Les établissements touristiques ne sont certes pas surbookés, mais on est rassurés et on reprend petit à petit. Prévoyez-vous une saison estivale meilleure ?

- Oui, je suis confiant pour la saison estivale qui arrive à grands pas, à condition de continuer d’améliorer les conditions d’accès, notamment la contrainte de l’exigence du PCR et du Pass vaccinal même pour les personnes avec un schéma vaccinal complet.

Nous savons que les fondamentaux de notre pays sont très bons, que nous sommes aux portes du premier marché émetteur mondial et qu’avec une politique plus synchronisée et un plan plus offensif, nous pouvons et nous devons provoquer une rupture dans le rythme de croissance, de création d’emplois et de génération de devises.

Le 25 avril 2022

Source web par : blogrial

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