Le tourisme interne comme levier de relance ?

En 2019, juste avant la crise sanitaire, environ 2 millions de Marocains ont opté pour des destinations à l’étranger pour passer leurs vacances. Chaque touriste marocain dépense en moyenne 1579 dollars à l’étranger. Un potentiel que les opérateurs nationaux devraient récupérer.
La crise sanitaire et son impact inédit sur le tourisme national a révélé le rôle d’amortisseur du tourisme interne pour le maintien du système productif touristique en périodes de crises. C’est une réalité qui a été confirmée par une récente étude de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), relevant du ministère de l’économie et des finances. Ainsi, «malgré les incertitudes et les mesures sanitaires restrictives différenciées au niveau territorial, le tourisme interne a joué un rôle d’amortisseur durant la crise», a indiqué la DEPF dans un Policy brief consacré au «Potentiel du tourisme interne en tant que levier de relance post-Covid». En effet, le rôle salvateur du tourisme interne, d’après les données conventionnelles et non conventionnelles, a été tributaire des restrictions de déplacement et de la spécialisation différenciées des territoires touristiques, précise la DEPF.
Ainsi, les arrivées des touristes internes dans les établissements d’hébergement touristique classés (EHTC) se sont contractées de 59,5% en 2020, contre -80,7% pour le tourisme récepteur, passant à 1,4 million de touristes.
Ceci a permis de maintenir une activité touristique à minima avec une part du marché du tourisme interne de 57% du total des arrivées, soit une hausse de 18 points par rapport à 2019. De même, les nuitées des résidents marocains ont baissé de 55,4% en 2020, contre -72,4% pour le tourisme récepteur, passant à 3,5 millions de nuitées, maintenant la moyenne par touriste à 2,4 nuitées contre 3,2 pour les non-résidents. Ceci corrobore le rôle du tourisme interne dans le maintien du système productif touristique en périodes de crises avec la consolidation de sa part de marché à 50% du total des nuitées contre 31% en 2019.
Ce rôle crucial du tourisme interne a, cependant, été freiné par les mesures sanitaires restrictives mises en place différemment dans les régions selon leurs états épidémiologiques et dont les effets se sont prolongés en 2021. En effet, la contraction du tourisme interne a été moins sévère dans la région de Souss-Massa (respectivement -45% et -41% pour les arrivées et les nuitées), et relativement sévère à Marrakech-Safi (respectivement -70% et 69%) et Tanger-Tétouan Al Hoceima (respectivement -64% et -60%) qui concentrent 66% des nuitées et 59% des arrivées des résidents.
L’impact de la pandémie est, également, perceptible à travers la décélération de la fréquentation des lieux de commerce et de loisir durant les périodes de restrictions de mobilité, notamment durant la première vague de la pandémie (-69% en T2) et la deuxième vague du 4e trimestre 2020 (-23%).
Par ailleurs, la situation s’est redressée depuis la fin du Ramadan de la même année.
Evidemment c’est une situation très particulière que le monde entier a connue. En période normale, le tourisme interne n’était pas la seule alternative qui s’offrait aux Marocains. Ce qui fait dire aux auteurs de cette étude que le Maroc offre un potentiel du tourisme émetteur qu’il faudrait orienter en faveur du marché interne. En effet, d’après la même étude, le nombre de touristes marocains partant à l’étranger a certes baissé en moyenne annuelle de 0,9% depuis 2010, mais il reste encore important. Le nombre de touristes marocains qui partent à l’étranger a atteint 2 millions de touristes en 2019, soit 5,5% de la population totale. Il faut noter à ce propos que le passeport marocain offrait un accès sans visa ou avec un visa à l’arrivée à 62 pays en 2019 contre 51 en 2010. La baisse du tourisme émetteur au Maroc, (la seule enregistrée au niveau continental), s’est cependant accompagnée par la hausse la plus notable en Afrique des dépenses par touriste marocain vers l’étranger (+6,9%) pour atteindre 1 579 dollars/touriste en 2019.
Les touristes marocains partant à l’étranger privilégient les destinations de court courrier, à savoir l’Espagne (39%) et la France (38%). L’étude relève également la part incompressible du tourisme religieux qui représente 9% des départs à l’étranger et se consolide annuellement de +9,6% depuis 2010, quasiment tirée par l’Omra (+13,7%) qui représente 82% des départs vers l’Arabie Saoudite.
La destination turque a émergé, forte de la croissance annuelle la plus importante (+16,9%) représentant 12% des départs marocains, à l’étranger en 2019, gagnant ainsi 9 points durant la dernière décennie. Cette concentration de l’activité touristique en France et en Espagne ne pourrait que perdurer, compte tenu du nombre de visas de l’espace Schengen approuvé en 2019 qui a atteint 544 062 pour le Maroc (3,6% du total des visas délivrés), dont respectivement 57% et 31% pour la France et l’Espagne. Aussi, selon les auteurs de cette étude, il serait aujourd’hui judicieux de mobiliser la capacité hôtelière existante au profit des touristes nationaux à des prix abordables, notamment durant les basses saisons et en lissant la pression sur les hébergements en rétablissant les vacances par zone.
Le 06 mars 2022
Source web par : la vie eco
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