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Tourisme: Etat d'urgence absolu !

Tourisme: Etat d'urgence absolu !

Le fonds spécial Covid-19 contraint de jouer les prolongations pour soutenir un écosystème profondément sinistré.

L’Etat devrait cependant aller plus loin s’il veut limiter la casse et sauver des milliers d’emplois.

L’écosystème touristique est le grand perdant de cette crise sanitaire qui perdure depuis presque deux ans maintenant. Balloté entre les effets du confinement, des restrictions de déplacements et les fermetures des frontières, le secteur s’embourbe dans une crise dont il ne semble pas prêt de sortir.

L’apparition du variant Omicron, avec comme conséquence la suspension des liaisons aériennes à destination du Maroc, a annihilé les tout derniers espoirs des opérateurs de limiter la casse en profitant des festivités de la fin d’année. Au contraire, les nouveaux variants ajoutent de l’invisibilité à un secteur déjà sinistré, où les opérateurs tirent le diable par la queue. Et tout l’écosystème est touché : les hôtels, le transport touristique, les agences de voyages… Au point que le fonds spécial de gestion de la pandémie Covid19 a été de nouveau sollicité, la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) ayant notamment annoncé l'offre d’une indemnité forfaitaire au profit des salariés et stagiaires de plusieurs acteurs exerçant dans certains sous-secteurs du tourisme, et qui ont été impactés par la crise (voir encadré).

Le soutien du fonds est certes important, puisqu’il permet au secteur de pouvoir encore préserver certains emplois, mais il reste insuffisant par rapport aux sévères pertes subies par les opérateurs touristiques. Avec comme conséquences la faillite de plusieurs acteurs parmi les agences de voyages, les loueurs de voitures, mais également au niveau du transport touristique où les procédures judiciaires se sont multipliées. D’ailleurs, selon la Fédération nationale du transport touristique (FNTT), 40% des opérateurs du secteur ont des dossiers devant les juridictions de commerce, et la plupart d’entre eux sont actuellement en situation d’insolvabilité.

Pour tenter de trouver des solutions, le ministère du Transport et de la Logistique et les associations et syndicats professionnels du transport touristique au Maroc ont tenu une réunion le 14 décembre courant. Objectif : discuter des facilités supplémentaires, au profit des professionnels, liées au paiement des échéances des prêts dans le cadre des concertations en cours avec le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM), ainsi que la prolongation de la validité de l’exploitation des autorisations des véhicules.

Même désolation du côté de la Fédération des loueurs d’automobiles sans chauffeurs au Maroc (FLASCAM). «Notre activité est au bord de l’asphyxie. 3.200 entreprises ont déjà déclaré faillite, soit 30% du secteur. Ce niveau doit augmenter davantage du fait que la plupart des entreprises ont perdu plus de 90% de leurs fonds propres. Sous l’effet des décisions de justice (affaires d’impayés) ou pour réduire la flotte afin de maîtriser les charges, plus de 27.000 véhicules ont été vendus», nous confiait récemment Tarik Dbilij, le président de la Fédération.

Plus globalement, malgré cet environnement hostile, les indicateurs touristiques étaient cependant dans une orientation favorable, qui va néanmoins être freinée par les restrictions imposées du fait de l’apparition d’Omicron. Ainsi, après une hausse de 201,7% au titre du troisième trimestre 2021 qui a coïncidé avec la réouverture des frontières nationales, les recettes touristiques ont maintenu leur évolution positive au cours du mois d’octobre 2021, enregistrant un accroissement de 58,5%, après un recul de 65,2% un an auparavant, selon les chiffres de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF). Ainsi, de juin à octobre 2021, les recettes touristiques se sont élevées à 21,1 milliards de dirhams, après respectivement 8,9 milliards et 38,5 milliards durant la même période des années 2020 et 2019.

Au terme des dix premiers mois de 2021, la baisse de ces recettes a été contenue à -0,7% pour s’établir à 28,5 milliards de dirhams, après -6,1% un mois plus tôt. Comparées à leur niveau d’avant la crise, elles ont reculé de 57,4% ou de 38,5 milliards de dirhams, note la DEPF. Qui précise que «cette amélioration est en ligne avec l’accroissement, au titre du troisième trimestre 2021, des arrivées touristiques de 716,9% à près de 2 millions de touristes, dont 30% sont des touristes étrangers, après 242.000 touristes un an auparavant». Pour leur part, les nuitées ont atteint près de 4 millions, dont 30% réalisées par des non-résidents, après 1,4 million au T3-2020, soit une hausse de 183,9%.

«En conséquence, après une évolution négative depuis le début de la pandémie, les arrivées touristiques et les nuitées ont renoué avec la croissance au terme des neuf premiers mois de 2021, enregistrant un raffermissement, par rapport à l’année précédente, respectivement de 27,1% à 2,8 millions et de 12% à 6,6 millions», conclut la même source.

Situation intenable

L’Etat continue de jouer au sapeurpompier en maintenant le secteur sous perfusion. Mais vu l’ampleur des dégâts, il va falloir adopter une approche plus radicale pour freiner ces faillites en cascade et sauver des milliers d’emplois, et ce en soulageant davantage les opérateurs. C’est pourquoi la Confédération nationale du tourisme (CNT) demande au gouvernement d’aller plus loin, en considérant la pandémie «comme un facteur structurel pour repenser le secteur du tourisme». L’idée est d’«instaurer avec les pouvoirs publics un principe citoyen pour l’application des mesures de soutien, qui consiste à assujettir le démarrage des remboursements à l’ouverture du ciel et à la levée de l’état d’urgence». Cela devrait permettre aux opérateurs de «satisfaire leurs engagements sociaux, fiscaux et financiers aussitôt que les conditions sanitaires et sécuritaires le permettront».

C’est dans cette optique que la CNT a fait une série de 10 propositions, en phase avec les dispositions prévues par le contrat-programme conclu en date du 3 août 2020. Elles tournent, entre autres, autour de l’indemnité forfaitaire versée par la CNSS, un moratoire fiscal au titre de 2020 et 2021 pour les taxes locales, notamment la taxe professionnelle, le reprofilage des crédits Damane Oxygène et de la dette bancaire long terme avec le GPBM et l’accélération de la mise en place du Fonds tourisme (voir détails sur www. laquotidienne.ma).

L’Etat va-t-il souscrire à toutes ces demandes ? Le secteur touristique est en tout cas en état d’urgence absolue, surtout qu’avec Omicron, réputé hyper contagieux, il faut s’attendre au maintien de certaines restrictions qui vont davantage plomber l’activité, en étant même un frein à un dynamisme souhaité du tourisme interne.

L’indemnité forfaitaire versée à partir du 31 décembre

Comme dit plus haut, une indemnité forfaitaire sera distribuée au profit des salariés et stagiaires de plusieurs acteurs exerçant dans certains soussecteurs du tourisme, et impactés par la pandémie. Il s’agit, selon la CNSS, des établissements d'hébergement classés, des agences de voyages agréées par l'autorité gouvernementale en charge du tourisme, du transport touristique pour les personnes autorisées par l'autorité gouvernementale en charge du transport, et des entreprises d’intérim ayant des contrats avec les employeurs des sous-secteurs du tourisme précités, signés avant fin février 2020.

Ces acteurs peuvent demander le bénéfice de l’indemnité forfaitaire au profit de leurs salariés et stagiaires sous contrat pour insertion déclarés en février 2020, y compris ceux ayant été en état de maladie, de maternité ou d'accident de travail, pourvu que les acteurs cités remplissent les conditions stipulées dans le décret n°2.21.966.

Cette mesure s'applique également aux guides touristiques disposant d’une carte professionnelle et de la taxe professionnelle, ou qui sont inscrits au registre des auto-entrepreneurs et assurés par la CNSS en vertu de la loi 98.15 instituant la couverture médicale au profit des travailleurs non salariés, y compris ceux qui n'ont pas bénéficié antérieurement de l’indemnité forfaitaire, à condition que leur situation soit régularisée et leurs documents de travail soient renouvelés avant le 31 décembre 2021.

L’indemnité forfaitaire porte sur la période du 1er septembre à fin décembre 2021. Les acteurs du secteur du tourisme souhaitant faire bénéficier leurs travailleurs de cette indemnité forfaitaire, ainsi que les guides touristiques doivent procéder à leur déclaration via le portail covid19.cnss.ma pour les mois de septembre, octobre et novembre 2021, entre le 17 décembre 2021 et le 3 janvier 2022. Pour le mois de décembre 2021, les déclarations peuvent se faire jusqu’au 16 janvier 2022. Le service de cette indemnité forfaitaire liée aux trois mois susvisés aura lieu à partir du 31 décembre 2021 au profit de ceux déclarés jusqu'au 26 décembre 2021 à minuit, et à partir du 24 janvier 2022 pour ceux déclarés après cette période au titre des trois mois susmentionnés, ainsi que pour ceux déclarés au mois décembre 2021.

Le 25/12/2021

Source web par : la quotidienne

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