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Covid. Le Maroc n'est pas à l'abri d'une détérioration de la situation sanitaire

Covid. Le Maroc n'est pas à l'abri d'une détérioration de la situation sanitaire

La situation épidémiologique est stable mais reste fragile. Casablanca continue d'afficher des nouveaux cas par centaines. Les services de réanimation sont moins sollicités par la Covid mais sont pleins d'autres pathologies. Décryptage.

La situation épidémiologique au Maroc s'installe dans une sorte de plateau, de stabilité inquiétante. Le trend baissier enregistré jusqu'en février 2021 cède la place à une hausse de certains indicateurs importants.

C'est le cas du taux de reproduction du virus qui a augmenté ces deux dernières semaines pour se situer à 1,05 au 14 mars alors qu'il est resté en dessous de 1 pendant 15 semaines. Le nombre de cas de contamination a enregistré une hausse hebdomadaire de 5,8%.

Selon les données du ministère de la santé, cette hausse concerne plusieurs régions, mais la région de Casablanca continue à afficher des contaminations en centaines de cas. Sur les 569 cas déclarés le 23 mars, 434 cas, soit 72%, sont dans la région Casablanca-Settat et 342 se situent dans la ville de Casablanca. Idem le 24 mars : 324 cas sur 439 sont comptabilisés dans la région, dont 257 dans la seule ville de Casablanca.

Les contaminations au niveau de la métropole maintiennent la courbe épidémique quotidienne sur un plateau avec une stabilité des données. C'est le cas aussi pour l'indicateur des cas en réanimation qui représente pour les experts le vrai baromètre de l'évolution de la pandémie.

Les nouvelles admissions en réanimation, qui étaient en baisse, se stabilisent voir augmentent sur la cour terme. Quelle lecture doit-on faire de toutes ces données ?

Les réanimations reçoivent moins de covid

"Les services de réanimation reçoivent moins de malades Covid que par le passé. Disons qu'il y a une sorte de retour vers une normalité relative ", avance Dr Jamal Eddine Kohen, président de la Fédération Nationale d'anesthésie réanimation (FNAR) et de la Société marocaine d'anesthésie, d'analgésie et de réanimation (SMAR) qui nous apporte son éclairage sur la situation actuelle.

"Il y a une certaine accalmie, mais cela ne veut pas dire que les services de réanimation chôment. Nos capacités sont réorientés pour prendre en charge les malades non Covid. Les services de réanimation sont pleins partout au Maroc", ajoute Dr Kohen.

A Casablanca, les services des urgences du CHU Ibn Rochd sont également moins sollicités. "Il y a beaucoup moins de cas graves qui nous arrivent aux urgences", nous confie Dr Mohammed Mouhaoui, responsable du service d’accueil des urgences.

"En période de crise, nous recevions jusqu'à 15 cas graves par jour. Aujourd'hui nous en avons beaucoup moins. Un à deux cas graves par jour", poursuit-il.

Pour nos deux spécialistes, cette accalmie peut s'interrompre à tout moment. "La stabilisation des données épidémiologiques est inquiétante car on risque de basculer vers la hausse au moindre événement majeur qui favorise la propagation comme la fête du sacrifice", explique Dr Kohen.

"Je pense sérieusement à Ramadan et à la possible ouverture des frontières qui peuvent constituer un risque de basculement de la situation épidémiologique", ajoute-t-il en insistant sur le fait que "l'équilibre actuel est très fragile".

Maintenir les gestes barrières et les mesures sanitaires

Selon PR Mouhaoui, il y a certains constats qui méritent d'être soulevés. "Les cas que nous accueillons aux urgences sont relativement plus jeunes (60 à 65 ans). Et quand un profil âgé arrive aux urgences, généralement il n'a pas reçu le vaccin", nous explique-t-il.

"Nous remarquons qu'il y un relâchement en terme des gestes barrières et de respect des mesures sanitaires. Ce qui représente un risque réel. Quand nous recevons deux cas de suite, nous commençons à nous inquiéter. Nous ne sommes pas à l'abri d'une nouvelle vague si les mesures ne sont pas respectées", alerte Pr Mouhaoui.

Allant dans le même sens, Dr Kohen insiste. "Il faut préserver les acquis et éviter de basculer dans une troisième vague dont la survenue est tout aussi possible, quitte à mettre en place des mesures sanitaires plus strictes ", avertit-il.

Il appelle en parallèle à revoir les objectifs de vaccination car au regard de la situation internationale sur le marché du vaccin, il parait évident que l'objectif de vacciner 80% de la population d'ici avril ou mai n'est pas tenable.

Le président de la Société marocaine d'anesthésie, d'analgésie et de réanimation préconise de faire une étude pour mesurer l'immunisation naturelle qui s'est faite au cours des derniers mois. "Si on arrive à immuniser les plus de 50 ans et les malades chroniques, on peut se permettre une certaine ouverture économique et une levée maitrisée et contrôlée des mesures sanitaires. Car le risque de mortalité ou de réanimation est faible pour les personnes ayant moins de 50 et aucune maladie grave".

Pour lui, cette ouverture doit rester maîtrisée en attendant que la campagne de vaccination s'achève. "Il ne faut pas oublier que même vacciné, on peut être porteur du virus ou même tomber malade. Car le vaccin protège jusqu'à un pourcentage donné et épargne des formes graves", explique-t-il.

"Il faut qu'à l'échelle individuelle les mesures barrières et d'hygiène continuent à être strictement respectées, pour qu'une fois la première phase de la vaccination achevée on puisse envisager collectivement une certaine levée des mesures sanitaires", conclut-il.

Le 25 mars 2021

Source web Par : medias24

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