#Maroc_INDUSTRIE_AUTOMOBILE : L’accélération industrielle automobile et ses bienfaits sur l’économie
Pour l’économiste et Senior Fellew au PCNS, Henri-Louis Vedie, la filière automobile du Maroc a «atteint la taille critique de la résilience», grâce à la continuité d’une politique volontariste du royaume et les stratégies adoptées par les constructions qui y sont installées. Et bien que la production soit destinée essentiellement à l’Europe, l’Afrique, marché à fort potentiel, constitue une «chance» pour le Maroc afin d’aller plus loin.
Les raisons qui ont fait le succès de la filière automobile marocaine sont des acquis plus forts que les incidences de l'après Covid-19, a estimé cette semaine le professeur Henri-Louis Vedie, docteur d'Etat en sciences économique.
Dans un article intitulé «L’automobile : une filière marocaine stratégique, leader du secteur en Afrique», l’expert et Senior Fellew au Policy Center for the New South (PCNS) dresse l’état des lieux de la «première filière exportatrice du royaume». L’occasion de rappeler que le chiffre d’affaires de la filière a atteint 72 milliards de dirhams en 2018, tandis que le taux d’intégration locale a été de 60% et les emplois créés ont atteint 116 000 sur la seule période 2014-2018.
«C’est aussi désormais le premier hub de construction automobile du continent», insiste-t-il, rappelant qu’il s’agit non seulement de l’assemblage et/ou la construction automobile, mais des écosystèmes développés à partir des constructeurs ou d’équipementiers locaux et étrangers.
Des résultats qui s’inscrivent «dans la continuité d’une politique volontariste impulsée du plus haut sommet de l’Etat». En effet, l’économiste revient notamment sur les stratégies privilégiées par la filière marocaine, qu’il décline en trois temps : «celle de l’ancienneté, celle de la dualité et celle de la continuité». «Jusque dans les années 2000, la production locale ne dépassait guère 100 00 véhicules par an», tient-il à rappeler.
Les grandes étapes d’une «marche» vers la maturité
Premier temps fort de cette politique : la naissance de la Société marocaine de construction automobile (Somaca), dans le cadre d’un partenariat entre l’Etat marocain, Fiat, Simca et Renault. Une stratégie qui débute essentiellement avec des unités d’assemblage d’une capacité de production de 30 000 unités, afin de réduire les importations du royaume.
Une stratégie de substitution aux importations dans les années 60-70, qui sera suivie par une autre, qualifiée de promotion des importations, dans les années 80 et 90. «Cette période est celle de deux projets qui resteront à l’état de projet : projet d’une voiture économique avec Fiat (Fiat Uno Made in Morocco) et projet d’un véhicule utilitaire, léger et économique, entre Renault et Sopriam /PSA/», rappelle Henri-Louis Vedie.
C’est à partir de 2005 que différentes stratégies industrielles sont mises en place, mobilisant un ensemble de leviers publics dans le cadre des plans Emergence 1et 2 et de la politique de spécialisation des Métiers mondiaux du Maroc. «Cette période est celle des années 2005-2013, marquée par un nouveau projet de voiture économique avec Renault/Dacia Logan, destiné, pour 50 %, au marché local, par le rachat par Renault des parts de Fiat et de l’Etat marocain dans la Somaca, laquelle se voit dotée d’une capacité de production de 90 000 unités», souligne-t-il. Un rachat «qui va être déterminant pour la suite», car annonçant la mise en service d’une nouvelle usine Renault à Tanger, d’une capacité de 340 000 unités.
Enfin, la dernière période, qui commence en 2014, est marquée pour sa part, par l’implantation de l’usine PSA à Kenitra, d’une capacité de 200 000 véhicules et de 200 000 moteurs en 2023. «Cette période est aussi celle de l’implantation d’équipementiers et de fournisseurs de renom dans le nord du Royaume. Le succès de Renault Tanger a été déterminant dans l’implantation de PSA», reconnait le Senior Fellow au PCNS.
«Le Maroc a atteint la taille critique de la résilience»
Le professeur en sciences économiques note que durant cette période, la filière en Afrique du Sud stagnait alors qu’elle baissait en Egypte, permettant ainsi au Maroc de prendre de l’avance. De plus, avec la diversité des stratégies développées par les entreprises présentes dans le royaume, l’essentiel de la production a été destinée à l’exportation à destination des pays européens. «Elle pourrait, si nécessaire, se retourner, toujours à l’exportation, vers les marchés africains ou augmenter la part de la production à destination du marché intérieur marocain», ajoute l’économiste.
«Avec une production certaine d’atteindre en 2023 une capacité de production, a minima, les 700 000 unités, et pouvant les dépasser largement si l’accord avec le Chinois BYD se concrétise, le Maroc a atteint la taille critique de la résilience, conforté par la variété des stratégies qu’il peut proposer à partir de Renault Melloussa et PSA Kenitra. Aucun autre pays africain ne peut en dire autant pour l’instant.»
Henri-Louis Vedie
L’expert rappelle que sur le continent, où «tout est à faire ou presque en matière d’industrialisation», beaucoup d’Etats africains considèrent aujourd’hui s’appuyant sur le modèle marocain, que le développement d’une filière automobile sur leur territoire peut jouer un rôle majeur dans le développement de leur industrialisation.
Il assure que pour le cas du royaume, «l’après Covid-19 n’y changera rien». «Le Maroc disposera toujours d’une main-d’œuvre qualifiée, s’appuyant, dans la filière automobile, sur des compétences techniques et technologiques de pointe. Son positionnement géographique sera toujours celui d’être la plaque tournante d’un accès à un double marché, celui à destination de l’Europe et celui à destination de l’Afrique», ajoute-t-il. «Ce dernier marché, à fort potentiel, est aussi une chance pour le Maroc» pour aller plus loin, conclut Henri-Louis Vedie.
Le 11 Nov 2020
SOURCE WEB PAR yabiladi
Les tags en relation
Les articles en relation
Hammad Kassal : «Eliminer les goulots d’étranglement de l'économie nationale»
Sur le plan de l’activité économique, les motifs de satisfaction pour 2019 sont peu nombreux pour Hammad Kassal, président de la Commission financement et ...
#MAROC_MDT_23éme_EDITION: Nadia Fettah aux MDT23 Le tourisme appartient à tous les Marocains
C’est un plaidoyer franc et chaleureux en faveur d’une vision proactive et dynamique que la ministre du Tourisme, du Transport aérien et de l’Artisanat N...
Les mosquées désinfectées et nettoyées avant la réouverture
Cette démarche s’inscrit dans le cadre de la campagne de lutte anti Covid-19 diligentée par la division Action Hygiène Salubrité depuis la déclaration de...
Officiel : Démarrage imminent de l’administration de la troisième dose du vaccin anti-covid
Le ministère de la santé vient d’annoncer le démarrage imminent de la décision de l'administration de la troisième dose du vaccin anti-covid-19, conf...
El Othmani exhorte les Marocains à passer Aïd Al Adha chez eux
Le Chef de l’Exécutif n’a pas manqué d’appeler les marocains à éviter de voyager pendant cette période et passer la fête chez eux afin d’éviter t...
La liste de ceux qui risquent de quitter le gouvernement El Othmani
L’imminent remaniement ministériel va sûrement faire tomber des têtes, et non des moindres! Plusieurs ministres, hauts commis de l’Etat et secrétaires d...
Ouverture des frontières: Aït Taleb seul contre tous
Alors que les experts plaident à l’unanimité pour la réouverture des frontières, le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, s’y oppose. Un pari perdant...
Déconfinement: El Otmani explique les différences entre zone 1 et 2
Le chef du gouvernement Saad Eddine El Otmani a présenté, mercredi 10 juin, les contours du plan d’allègement du confinement prévu par l’exécutif, et a...
#Maroc_Crise_du_Covid : Les changements dans notre quotidien analysés par deux sociologues
Le confinement a drastiquement réduit le champ des possibles, et le déconfinement n’a pas forcément inversé la tendance. Dans un contexte de crise sanitai...
Travailleurs informels sans Ramed: paiement des aides à partir de jeudi 23 avril
Le Comité de Veille Economique porte à la connaissance des chefs de ménages opérant dans le secteur informel ayant effectué leurs déclarations à travers ...
Des milliards offerts aux compagnies aériennes : tout l’inverse de ce qu’il faudrait faire !
À l’heure du déconfinement, le monde d’après la pandémie commence à se préciser. Et force est de constater qu’il ressemble beaucoup à celui d’ava...
L'appli Wiqaytna est disponible et peut être téléchargée
L'appli de traçage des contaminations est en place. Elle est disponible sur l'AppStore et sur Google Play, avons nous constaté. Le plus simple est ...