Voyages et vacances d’été : quelles sont les perspectives en 2020 ?
Les Français partiront-ils en vacances en grand nombre cet été ? Vont-ils privilégier les hébergements non-marchands ? Une étude commandée par Bpifrance livre de grandes tendances.
Face à la crise sanitaire, le gouvernement a adopté un plan massif de soutien visant à protéger les emplois et les entreprises. Report d’échéances automatiques, prêts, chômage partiel, les acteurs du tourisme ont activé ces différents leviers. En témoigne le récent sondage des Entreprises du Voyage. Mais malgré toutes les récentes mesures, la pandémie risque de provoquer un véritable tsunami, comme le rappelle l’APST. L’impact de la crise sur les entreprises du tourisme sera « massif, brutal et sans doute durable, d’autant que la même situation prévaut à l’échelle mondiale, avec des impacts macroéconomiques forts dans les années à venir », explique une étude Horwath HTL pour Bpifrance. Cette étude réalisée entre le 30 mars et le 23 avril 2020 détaille les perspectives de sortie de crise pour le secteur, afin d’aiguiller les opérateurs, et les aider à rebondir.
L’épargne, plutôt que les vacances ?
Quels sont les principaux enseignements ? « Les Français disposent d’une réserve de consommation; cependant, il est probable que dans ce climat d’incertitude, ils privilégieront toujours l’épargne, est-il expliqué. Les Français oscillent entre crainte et désir de voyager : pendant la période de confinement, la priorité est à la santé et à la crainte d’une perte de revenus et/ou d’emploi. Dans la perspective d’une sortie de confinement, les vacances apparaissent encore comme un sujet secondaire, loin derrière les retrouvailles avec la famille et les amis. » L’hébergement non marchand, qui représente habituellement deux tiers des voyages personnels des Français en métropole, sera ainsi le premier à rebondir, est-il affirmé.
Des vacances marchandes en net recul
Sur l’été, les Français resteront essentiellement en France -sachant que 87% des séjours personnels des Français en été sont habituellement effectués en France. Sans surprise, l’étude prévoit un report sur la France de la plupart des 5,5 millions de séjours estivaux qui auraient été effectués à l’étranger dans d’autres circonstances. Le littoral pourrait être plébiscité, mais tout dépendra de l’accès aux plages. L’exécutif ne s’est pas encore prononcé à ce sujet, il faudra patienter jusqu’à la fin du mois de mai. Les réservations seront effectuées au dernier moment, compte tenu de l’incertitude sur la possibilité de voyager et de la crainte de ne pas être remboursé en cas d’annulation, souligne Horwath HTL. Pas étonnant, d’ailleurs, que les professionnels multiplient les procédures d’annulation sans frais.
Sur 2020, le cabinet anticipe une érosion d’environ 25% de l’ensemble des séjours personnels des Français, dont -12% pour les séjours en France et -53% pour les séjours à l’étranger. Sur le seul segment des vacances marchandes, la baisse attendue atteint -41% en France et -63% à l’étranger. Les hébergements touristiques marchands auront perdu sur l’ensemble de l’année 2020 environ 150 millions de nuitées (- 30%).
S’agissant des déplacements professionnels de nos compatriotes en 2020, ils devraient reculer de -34% pour les voyages en France et – 62% ailleurs dans le monde. Les entreprises devraient rester assez réticentes à l’idée d’envoyer leurs collaborateurs à l’étranger.
Une année désastreuse pour le tourisme international
Autre conclusion : la destination France ne devrait sortir de cette crise « ni avantagée ni pénalisée » par rapport à ses principaux concurrents. Autrement dit, 2020 doit être considérée comme « une année quasiment blanche » pour le tourisme international, en France comme dans les autres destinations. Le cabinet table sur une chute drastique des arrivées internationales en France en 2020 : – 58% par rapport à 2019, soit une perte de 52 millions d’arrivées. Le nombre record de touristes internationaux de 2019 dans notre pays pourrait être atteint à nouveau en 2022, avec cependant moins de recettes.
Les clientèles européennes (Espace Schengen) devraient être les premières à revenir en France, au mieux cet été pour les habitués frontaliers et les affinitaires, et à partir de l’automne pour les autres. La clientèle des marchés lointains (Amériques et Asie) n’est pas attendue avant 2021.
Des défis pour les agences, les OTA et les TO
L’avenir des TO et des agences de voyages est questionné depuis une vingtaine d’années, avec d’une part la désintermédiation et la montée en puissance de plateformes en ligne, souligne l’étude. Au regard de la crise actuelle, acteurs traditionnels et online boivent aujourd’hui la tasse. Airbnb vient d’ailleurs d’annoncer le licenciement de 25% de ses effectifs, à l’échelle mondiale…
Et demain ? » Les voyagistes et agences disposent d’arguments qui pourraient réassurer une clientèle désireuse de voyager », est-il avancé. Sont cités leurs différentes qualités : leur expertise -supposée et à démontrer- des destinations ; leur responsabilité dans l’exécution de la prestation ; la proximité (notamment géographique) avec le client, et la connaissance de ses attentes. Cependant, le cabinet Horwath HTL prévient : « producteurs et distributeurs risquent de ne pas être prêts pour jouer un rôle dans la bataille du marketing en ligne que vont se livrer les grands acteurs de la distribution à partir du printemps 2021 pour reconquérir leur clientèle ». A bon entendeur…
Le 22/05/2020
Source web par : Lechotouristique
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