Patrick Simon : “Le Maroc a de grandes opportunités dans le domaine du tourisme nature et culture”
Le premier vice-président du Conseil régional du tourisme de la région Guelmim-Oued Noun décortique au micro de Médias24 les atouts culturels et historiques de cette zone Sud du Royaume. Dans l'oasis de Tighmert, Patrick Simon expose également les défis à relever d'une région qui a toute sa place sur la cartographie de l'offre touristique du pays.
Patrick Simon, premier vice-président du Conseil régional du tourisme (CRT) de la région Guelmim-Oued Noun, est résident au Maroc depuis près de 5o ans. Son premier contact avec Guelmim et Es-Semara s'est fait dans le cadre de la formation des conseillers régionaux du tourisme en 2004. Depuis cette date, celui qui est également président du Géoparc Jbel Bani occupe le poste de vice-président du CRT de la région.
Pour cet entretien, le responsable du Conseil régional du tourisme nous reçoit dans l'Oasis de Tighmert, un bijou naturel et culturel de la région de Guelmim. Il nous fait découvrir in situ cette oasis et ses potentialités. Brahim Tahrou, propriétaire de La Maison Nomade, Lhabib Blini, fondateur du musée Kasbah Caravansérail et Bamal Boujemaa, guide local, prennent ensuite le relais pour nous présenter la richesse naturelle, culturelle et historique de ce site du patrimoine sahraoui de Guelmim (voir aussi vidéo).
Patrick Simon expose dans cet échange le potentiel touristique de la région Guelmim-Oued Noun, qui incarne l'alchimie entre les paysages désertiques, les côtes atlantiques et une histoire millénaire.
Médias24 : En tant que premier vice-président du CRT, quels sont les principaux atouts touristiques de la région Guelmim- Oued Noun ?
Patrick Simon : Guelmim-Oued Noun, c'est l'histoire d'une région humaine, physique, géographique et géologique. Terre d'accueil, elle constitue un creuset de la diversité humaine, avec ses habitants composés des Hassanis, des Saharaouis, des Berbères et des Arabes. La région est aussi une terre d'accueil pour les Juifs. Sur les plans culturel et cultuel, Guelmim-Oued Noun possède des atouts énormes mais quelque part sous-estimés. Toutefois, avec les actions et recommandations émises par SM le Roi Mohammed VI, la région, avec ses 24o km de côte, devrait pouvoir, dans le cadre d'un tourisme environnemental, durable, oasien, de niche et balnéaire, répondre aux besoins actuels du tourisme intérieur pour les Marocains. Au registre du tourisme international, les Îles Canaries, proches de la région, réalisent de belles performances. Le Maroc pourrait en faire de même.
La région de Guelmim, avec ses 240 km de côte, devrait pouvoir répondre aux besoins actuels du tourisme intérieur ;
- Nous sommes dans l'oasis de Tighmert, un cadre naturel exceptionnel. Quelle est la place des oasis dans l'offre touristique de la région Guelmim-Oued Noun ?
- Le tourisme oasien est très important pour cette région du Sud du Royaume, dotée de plusieurs oasis. Ceci dit, les oasis subissent la problématique du stress hydrique, causé à la fois par les effets du changement climatique et les cultures très consommatrices en eau. On assiste au tarissement des sources d'eau des oasis, ce qui impacte les habitants locaux. Dans le domaine de la gestion de l'eau, cette donne génère un besoin d'adaptation, de formation et de considération entre les populations avec l'implication des autorités locales.
- Quelles sont donc les pistes de solutions qui peuvent être envisagées pour remédier à cette problématique ?
- Le barrage de Fask en cours de réalisation peut être une solution à la problématique du stress hydrique, à laquelle est aussi confrontée l'oasis de Tighmert. Les populations locales et les autorités locales doivent travailler de concert afin de faire valoir les projets de valorisation des oasis, prévus par le Plan de développement régional (PDR), adopté le 3 juillet 2023 et qui est très prometteur.
Le Plan Oasis Sud, géré par l'Agence pour la promotion et le développement économique et social des provinces du Sud du Royaume, s'inscrit dans le cadre d'une volonté de dynamiser l'oasis de Tighmert, avec la création d'emplois, de gîtes d'étapes, de maisons d'hôtes, d'une école de formation aux métiers oasiens et d'un musée. Cela est aussi bénéfique pour la ville de Guelmim, dont les habitants peuvent choisir comme lieu de détente l'oasis de Tighmert, laquelle offre une faune et une flore très diversifiées.
Au-delà du défi lié au stress hydrique, l'autre challenge du tourisme oasien local, à soulever, est d'ordre vernaculaire. Les populations sont rattachées à leur territoire par la géologie et la géographie.
Elles se sont habituées, depuis des siècles, à vivre dans un milieu végétal, avec un mode de vie bien déterminé. Cela fait que les métiers, les pratiques culturelles et cultuelles qui s'ensuivent sont l'expression du tourisme moderne. Selon les chiffres de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), la part mondiale de la demande de tourisme nature-culture, en hausse, se chiffre à 52%.
Le Maroc a donc une grande opportunité à saisir en la matière.
Guelmim-Oued Noun a beaucoup à gagner de la volonté d’échange avec les autres pays africains, tout en misant sur "l’exotisme" de son offre 2,
- Comment envisagez-vous les perspectives de développement touristique de la région, notamment en matière d'offre balnéaire ?
- Royal Air Maroc, dans le cadre d'un nouveau contrat-programme avec l'Etat, renforcera sa flotte grâce à l'acquisition de 150 avions d'ici 2037. Cela profitera à la région Guelmim-Oued Noun. Cette région a beaucoup à gagner de la volonté d'échange avec les autres pays africains, tout en misant sur "l’exotisme" de son offre. Elle peut ainsi bien se positionner sur le tourisme international, d'autant que les Îles Canaries, à proximité, offrent un tourisme résidentiel, susceptible de perdre son attrait au fil des années.
L'acte touristique est la rencontre des cultures, et le Maroc, et la région Guelmim-Oued Noun, dotée de 240 km de côte, ont beaucoup à donner et à prendre. Toutefois, pour faire profiter la région de son énorme potentiel en matière de tourisme balnéaire, il est nécessaire d'apporter des solutions à la problématique de l’informel dans les provinces de Sidi Ifni et Tan-Tan, situées sur l'Atlantique. Le véritable enjeu sera d'attirer l'informel (location d'appartements et de résidences) vers le formel. Pour avoir un ordre de grandeur, Sidi Ifni, avec sa capacité de 600 lits, devrait percevoir entre 25 et 30 MDH de taxes touristiques par an contre près de 500.000 DH actuellement.
- Quels sont les évènements régionaux sur lesquels il faudra miser afin de renforcer Faura internationale de la région sur le plan touristique ?
- Le Moussem de Tan-Tan, patrimoine culturel immatériel de l'humanité — soutenu par les Émiratis — doit être mis en exergue afin d'attirer les touristes. Il en est de même pour le Moussem des "Hommes bleus" qui se tient du 22 au 27 juillet 2023, ainsi que l'événement international dédié à l'élevage camelin.
Le 03/10/2023
Source web par : medias24
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