Une procédure de sauvegarde taillée sur la crise actuelle (proposition de loi)
Le RNI veut ouvrir la sauvegarde judiciaire aux entreprises en cessation de paiement à cause de la pandémie covid-19. Un plan de sauvegarde en une année au lieu de cinq. Responsabilité pénale du chef d’entreprise en cas de mauvaise foi.
Le RNI s’attaque au droit des difficultés de l’entreprise. Deux de ses députés ont soumis une proposition de loi pour modifier le livre V du code de commerce, qui a fait l'objet d’une large refonte il y a deux ans à peine. L’objectif est d’adapter ses dispositions au contexte actuel, marqué par la crise du Coronavirus.
Le texte proposé touche précisément à la mesure phare de la réforme : La sauvegarde judiciaire. Pour accéder à cette procédure, la loi actuelle exige que l’entreprise en difficulté ne soit pas en cessation de paiement. Un « obstacle » que la proposition du RNI tend à lever, en étendant l’option de la sauvegarde aux entités en état de cessation de paiement, à condition que leurs difficultés soient directement liées à la pandémie.
Cette proposition de loi reprend -sciemment ou pas- le postulat d’une étude diffusée début mai par le cabinet Bassamat & Laraqui. On y déplore que la sauvegarde soit « réservée aux entreprises qui ne sont pas en cessation des paiements. Or, l’impact du Covid-19 peut être brutal pour des petites entreprises, celles-ci peuvent se retrouver en cessation des paiements durant la période de l’état d’urgence sanitaire et ainsi ne pas être en mesure de bénéficier d’une procédure qui revêt de nombreux avantages. »
Le contexte de crise aggrave la situation d’un tissu économique déjà vulnérable. La survie d’entreprises est compromise, beaucoup d’entre elles étant en cessation de paiement. A celles-ci, la loi en vigueur n’offre que deux possibilités : le redressement ou la liquidation judiciaire, deux procédures contraignantes à des degrés différents.
Autonomie du chef d’entreprise
Pourquoi la sauvegarde ? Cette procédure permet au chef d’entreprise de préserver l’ensemble de ses attributions dans la gestion de son entité. Cette autonomie est l’une des spécificités de la procédure. On l'a vu avec l'expérience Stroc Industrie, et plus récemment avec Delattre Levivier.
« Elle permet à l’entreprise de procéder elle-même, et sans intervention d’une partie étrangère, au traitement de ses dysfonctionnements et au paiement des dettes tout en préservant ses emplois », explique la note de présentation de la proposition de loi. Le redressement ou la liquidation octroient de larges pouvoir au syndic judiciaire qui dirige en partie ou en intégralité l’entreprise.
L’entreprise peut alors élaborer un plan - validé plus tard par le tribunal- qui détermine les modalités de remboursement du passif de l’entreprise et les conditions de poursuite de l’activité.
Le tribunal, lui, joue un rôle de supervision. Il contrôle le respect, par l’entreprise en difficulté, des termes du plan de sauvegarde. Et peut émettre des ordonnances tendant à suspendre, sauf autorisation préalable du tribunal, les émissions de chèques durant la période d’exécution du plan, interdire la cession des actifs de l’entreprise, considérés comme vitaux.
La sauvegarde permet aussi la suspension des recours individuels et actes d’exécution (ex : saisies) initiés par les créanciers sur les actifs de l’entreprise débitrice. Idem pour les intérêts légaux et conventionnels.
Adopté en l’état, le texte du RNI ouvrirait ces avantages aux entreprises en cessation de paiement à cause du coronavirus. Mais tout en assouplissant les règles d’accès à la sauvegarde, les initiateurs de la proposition voudraient mettre en place des conditions légales pour garantir le respect de la procédure.
L’application des dispositions proposées serait limitée dans le temps et liée uniquement aux causes pour lesquelles elles ont été instaurées, c'est-à-dire les effets de la crise actuelle.
Demande régie par le principe de bonne foi
A l’appui de sa demande, l’entreprise devra en effet produire les états de synthèse de la dernière année, visés par un expert-comptable ou un comptable agréé. Ses justificatifs, qui s’ajoutent aux documents exigés en temps normal, doivent établir que la situation de la demanderesse était saine avant la pandémie.
Le Chef d’entreprise doit procéder à la demande conformément au « principe de bonne foi », sous peine de poursuite pénale pour « abus de confiance ».
Si le plan de sauvegarde est élaboré en concertation avec les créanciers, le tribunal l’accepte immédiatement, selon la proposition, de manière à revêtir la procédure de la célérité qui convient au contexte.
Une fois validé, le tribunal de commerce fixe une durée pour l’exécution du plan de sauvegarde, qui ne doit pas dépasser une année. Cette durée est prorogeable après accord avec une partie ou tous les créanciers. La loi actuelle prévoit un plan sur une durée maximale de 5 ans.
Le non-respect des engagements pris dans le cadre du plan de sauvegarde permettrait au tribunal de décider, d’office, le placement de l’entreprise en redressement, voire en liquidation. Cette possibilité est déjà prévue par la loi en vigueur.
Le 26/05/2020
Source Web Par Médias 24
Les tags en relation
Les articles en relation
Covid-19 : La hausse des contaminations se poursuit au Maroc
Le bilan de l’épidémie ce 19 janvier 2022 fait état de 9 355 nouveaux cas enregistrés durant ces dernières 24 heures au Maroc, portant le total des conta...
#MAROC_HCP_TVA: Elle est la "principale composante" qui influence le secteur informel
La Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) constitue "la principale composante" fiscale qui influence le secteur informel et non l’impôt sur les sociétés, révè...
Le Maroc face au défi d’un tourisme vert, culturel et éthique
La pandémie et le confinement qui en découla ont profondément bouleversé l’économie du tourisme alors florissante sur l’ensemble de la planète et nota...
Coronavirus/Maroc: Tarfaya dépasse toutes les autres régions en termes de contaminations
La région de Laayoune Sakia El Hamra a enregistré un pic de contamination ces dernières 24 heures avec 37 cas ayant surgi à Tarfaya. Dans son bilan quoti...
Covid-19 au Maroc : 191 nouvelles infections et 9 décès ce jeudi
Jusqu’à 16h ce jeudi, 191 cas du nouveau coronavirus ont été enregistrés au Maroc. Ainsi, le total de personnes infectées depuis le début de la crise sa...
#Maroc_COVID: Grand Casablanca vers une généralisation totale du télétravail ?
En plus de Casablanca, cinq villes ont été placées sous haute surveillance après le basculement des indicateurs de la propagation de la Covid-19 vers des se...
Deux ans de fermeture des frontières, Sebta et Melilla à l'agonie
Les villes de Sebta et Melilla commémorent avec tristesse les deux ans de fermeture des frontières avec le Maroc depuis la crise du covid-19. En raison de cet...
A quand les chèques-vacances au Maroc ?
Utilisés en France depuis 1982, les chèques-cadeaux pourraient être un excellent moyen pour favoriser et relancer le tourisme interne post-covid-19 au Maroc....
#MAROC_Relance_du_tourisme : Cap sur l’action fiscale
Delon M. Fakir, la solution serait de mettre en place une provision qui permettrait de supporter une partie du fardeau financier des entreprises, notamment de l...
Crise et relance : Décryptage sans langue de bois de Saâd Bendidi
Figure majeure du monde marocain des affaires, respecté aussi bien pour ses compétences que pour ses qualités humaines, il nous parle dans cette interview de...
#MAROC_Upline_Attijari: Désignées en tant qu'architectes de l'ombre du Fond Mohammed VI pour l'inv
Il s'agit de structurer le Fond Mohammed VI pour l'investissement (4 milliards d'euros), qui portera la relance de l'économie par l'Etat ap...
Covid-19 : Les agences de location de voitures au fond du gouffre
Au total, le Maroc compte 10.500 agences de location de voitures qui emploient 30.000 personnes. Le parc automobile total dont disposent les loueurs atteint glo...


jeudi 28 mai 2020
0 
















Découvrir notre région