Entretien: Rkia Alaoui, présidente du CRT-TTA : “Si les touristes marocains ne sont pas rassurés et confortables à l’idée de voyager, nous nous compliquerons la reprise”

pas rassurés et confortables à l’idée de voyager, nous nous compliquerons la reprise”
Après qu’elle ait pris part à l’élaboration du dernier rapport établi par les présidents des Conseils régionaux de tourisme du Maroc, relatif aux propositions visant la protection du secteur touristique, Rkia Alaoui, présidente du CRT Tanger-Tétouan-Al Hoceima, revient, dans et entretien, sur l’essentiel des idées qui vont sûrement aider le tourisme marocain à retrouver sa cadence de développement.
Entre le rapport des CRT Maroc et la loi 30-20, quelles conclusions tirez vous de la situation actuelle relative aux essais de sauvetage du secteur touristique ?
Toutes les bonnes volontés sont réunies pour soutenir le secteur touristique, qui est non seulement l’un des secteurs les plus endommagés par cette crise, mais aussi le secteur qui prendra le plus de temps pour sa reprise. L’arsenal juridique a un très grand rôle à jouer dans cette situation. La loi 30-20 en est un exemple. Elle permet à l’ensemble des intervenants de la chaîne de valeur touristique d’éviter une faillite inévitable si les Tribunaux commençaient à prononcer les sentences de remboursements et les pénalités.
Dans les semaines et mois à venir, l’arsenal juridique dédié aux entreprises en général, ou au secteur touristique en particulier, aura un important rôle à jouer. Un exemple parmi d’autres est la nécessité de préciser les standards d’hygiène et de sécurité auxquels doivent se conférer ces prestataires de service qui ont un contact continu avec leur clientèle. Ceci est important pour deux raison : Uniformiser le minimum que doit établir un établissement avant sa réouverture en terme de standards, afin de protéger sa clientèle et son staff. Deuxièmement, rassurer les touristes marocains, que là où ils iront, les standards seront les mêmes, si ce n’est meilleures que ce qui est préconisé. Il faut être très clair dessus : Si les touristes marocains ne sont pas rassurés et confortables à l’idée de voyager, nous nous compliquerons la reprise.
Quelle lecture faites vous des décisions proposées par la ministre Nadia Fettah Alaoui pour sauver le secteur? Finalement les propositions du CRT, notamment pour la révision des taxes et impôts n’ont pas été prises en considération comme actions essentielles pour soulager les établissements qui sont déjà en crise. Pourquoi ?
Vous avez mentionné le volet fiscal, mais ce n’est pas un changement qui pourrait s’opérer facilement. C’est avant tout s’assurer qu’offrir des conditions avantageuses à la reprise du secteur ne se fasse pas au péril de toute l’économie, et qu’au contraire, de telles incitations permettent de maintenir le secteur à flot, s’impactent sur le client final et ont un effet catalyseur. De plus, il n’y a pas un seul, mais plusieurs intervenants, qui décident de la pertinence de ces mesures. Le Ministère du Tourisme sur ce volet défend les intérêts des professionnels, mais la dernière décision revient au Ministère de l’Economie et des Finances.
En même temps, ces mesures, nous en avons besoin pour surmonter la longue reprise, qui durera des années. Aujourd’hui, nous ne payons rien, parce que nous ne gagnons rien. Donc même s’ils font passer la TVA à 2%, l’impact ne se fera pas ressentir tant que l’activité est à l’arrêt.
Ce qui est aujourd’hui certain c’est que les hôtels et les restaurants risquent de rester fermer pour quelques semaines encore. Le retour à la normale ne se fera pas avant quelques années encore disent les experts. A votre avis le tourisme national suffirait-il pour garder l’équilibre ?
Il est très difficile de répondre à cette question, là où nous en sommes. Au milieu de toutes les mauvaises surprises que nous avons dû gérer avec cette crise, étudier la reprise dans d’autres marchés nous permet de mieux savoir où l’on se dirige.
Tout d’abord, le tourisme interne ne pourra pas compenser la disparition du tourisme international. Les entrées du tourisme international en devises au Maroc dépassaient les 70 milliards de dirhams. En 2020, elles seront loin de ce chiffre. En même temps, les voyages des Marocains à l’étrangers ont coûté plus de 20 milliards de dirhams en devises. C’est 20 milliards de dirhams, qui au lieu d’être dépensées au Maroc, ont été dépensées dans d’autres destinations à l’étranger.
Les tendances actuelles prédisent une reprise plus lente pour les destinations qui comptent principalement sur les vols long-courrier. La population mondiale sera plus réticente à passer beaucoup de temps confinée dans un avion. Ce qui fait que des destinations comme Istanbul, connaitront une courbe de reprise plus lente. Alors qu’au Maroc, et précisément dans notre région, c’est pratiquement 100% des vols court et moyen-courrier que nous avons.
Qu’est-ce que l’ensemble de ces chiffres nous indiquent ? Tout d’abord, ils nous disent que la reprise sera difficile et notre visibilité ne sera pas parfaite. Ils nous indiquent aussi qu’une importante partie des Marocains qui voyageaient à l’international vont chercher leur prochaine destination au Maroc. Finalement, ils nous permettent d’avoir une idée de comment la reprise sera structurée et de préparer d’ores et déjà des actions dirigées vers les marchés moyen-courrier, qui constitueraient un important socle de notre reprise touristique. Bien sûr, tout ceci reste conditionné par la situation épidémiologique dans notre pays, mais aussi dans les pays émetteurs. Il ne serait pas impossible de voir ces pays s’ouvrir sélectivement sur d’autres, qui contrôlent la situation épidémiologique.
Le 19/05/2020
Source Web Par La Depeche24
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