Le FMI propose de taxer l'épargne privée pour solder les dettes nationales
Rendez-vous compte. Et si l'État choisissait du jour au lendemain de vous prélever 10% sur votre épargne? Un dixième de ce qui est inscrit sur votre relevé bancaire annuel. L'idée fait sens pour le FMI, qui y voit une bonne alternative à la résolution de la crise de la dette. Avec une ponction de cet ordre, les pays "avancés" (Europe, Etats-Unis, Japon) pourraient retrouver le niveau de dette qu'ils présentaient avant 2007. En France, ça représenterait la somme de 700 milliards d'euros à prélever.
Le Fonds monétaire international n'avance rien de concret dans son rapport annuel des finances publiques. L'institution se permet seulement de poser la question, explique Le Figaro, en prenant toutes les pincettes qu'il convient sur ce genre de sujet. Et si l'on réglait une fois pour toute le problème de la dette, avec la promesse que l'on ne recommencerait jamais? Le FMI n'impose rien: il ouvre le débat.
En théorie, le principe ne manquerait pas "d'égalité". En effet, les riches et les plus modestes seraient prélevés selon le même ratio, à condition qu'ils aient une épargne positive. Les plus fortunés contribueraient donc plus à la cure d'amaigrissement de la dette, si l'on parle en valeur absolue. De plus, une telle taxe a l'avantage de ne pas bouleverser le système.
Le phénomène s'est déjà produit en Europe. Confrontée à une grave crise financière en 1992, l'Italie voyait sa dette publique frôler les 120%. Le gouvernement a choisi une solution de choc, en faisant du désendettement sa priorité afin de rentrer in extremis dans les critères de Maastricht. Le socialiste Giuliana Amato a fixé le taux de 0,6% sur l'ensemble des dépôts italiens positifs. À l'arrivée quelque 15 milliards d'euros sont arrivés ainsi dans les caisses de l'Etat.
"Il y a eu un travail d'explication en amont. La mesure n'était pas considérée comme confiscatoire, mais comme un effort collectif nécessaire pour assainir les finances du pays", analysait le cabinet Weave dans Le Monde en mars dernier. Pourtant, "le traumatisme a été tel qu'aucun politicien ne s'y est risqué une seconde fois", expliquait Galileo Global Advisors à la même époque dans Challenges.
"En théorie, c'est possible" (Banque de France)
Une telle solution de la dernière chance pourrait-elle arriver en France? Pour Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, "en théorie c'est possible, mais notre rôle est de faire en sorte que cela n'arrive jamais", disait-il au printemps dernier. Il est vrai que les pouvoirs publics ont plutôt pour mission de rassurer les épargnants, surtout en période de crise.
Au printemps dernier, Chypre a ponctionné 47,5% sur les dépôts de plus de 100.000 euros afin de se voir accorder un plan d'aide international. Un cas exceptionnel, dû notamment à la présence massive de capitaux russes dans les banques, mais aussi à un secteur bancaire disproportionné. Ce plan préserve donc le patrimoine des petits épargnants, dans la lignée de la garantie des dépôts bancaires qui garantit les dépôts en dessous de 100.000 euros au sein de l’Union européenne.
Cependant, même si la garantie des dépôts bancaires semble finalement respectée, sa mise en question a créé une inquiétude durable chez les épargnants. Ainsi, 41% des Français interrogés au printemps par l’Ifop estimaient que leurs dépôts pourraient être taxés en cas de crise.
Les risques d'une telle décision
Forcément, la difficulté d'une telle exécution serait d'éviter les fuites de capitaux. Les citoyens devraient avoir l'assurance que personne ne puisse y échapper. De plus, l'Etat devrait recueillir suffisamment de confiance pour que la ponction n'ait lieu qu'une fois. Un manquement de l'Etat dans l'une de ces assurances pourrait avoir des conséquences sociales lourdes.
En Espagne, l'Etat a imposé une taxe de 0,2% sur le montant des dépôts. A la différence des cas italiens ou chypriotes cités plus hauts, ce sont les établissements et non les épargnants qui ont été touchés. En ne frappant pas les épargnants directement, cette taxe a évité un phénomène de panique. Dans le même temps, les frais bancaires ont subitement augmenté. Cherchez le lien...
Pour JP Morgan, s'exprimant sur le cas espagnol dans La Tribune, "cette taxe pénalise l’épargne en période d’austérité". Il y aurait donc un risque de sorties de capitaux évident". Du reste, pour JP Morgan, cette "incertitude" n’est jamais "la bienvenue" et conduit à "accélérer les retraits aux guichets". Derrière ce phénomène, le "bank run" (ruée des épargnants aux guichets), plus grande terreur du secteur bancaire.
Le 04/04/2020
Source web Par Huffingtonpost
Les tags en relation
Les articles en relation
Dans quel pays sera construite la plus importante gigafactory de production d’hydrogène vert au m
Des milliers d’éoliennes et des centaines d’hectares de panneaux solaires seront bientôt érigés dans les steppes désertiques du Kazakhstan, en Asie cen...
Maroc : Des dizaines de milliards pour éviter l’explosion sociale, même le FMI applaudit
Le FMI vient de décerner son brevet de satisfecit au Maroc, pour la bonne tenue du pays en dépit des contrecoups de la guerre en Ukraine, pour les investissem...
Aérien les compagnies aériennes doivent se renflouer
L'Association Internationale du transport aérien (IATA) a émis le souhait que les gouvernements africains renflouent les compagnies aériennes pour préve...
COP27, semaine 2 : où en est le financement des pertes et dommages?
Sans surprise, la question des pertes et dommages devrait encore largement dominer les débats à la COP27 sur le climat qui se tient à Charm el-Cheikh, en Ég...
Les talibans face au besoin crucial des aides financières
Les talibans ont promis d'améliorer l'économie afghane mais sans accès à l'aide internationale et aux réserves détenues à l'étranger, l&...
Finance pour le climat : les ONG pressent le G20 d’accélérer les réformes
«Le temps presse». C’est le cri d’alarme lancé par plusieurs ONG internationales qui ont appelé ce mercredi les dirigeants du G20 à «accélérer» la ...
Inflation : les recommandations du FMI pour le Maroc
Dans son rapport annuel 2022 s’agissant du Maroc, le Fonds monétaire international (FMI) reste optimiste. Pour l’institution de Bretton Woods, les autorit�...
Qui est Mohamed Benchaâboun, le nouveau ministre des Finances?
Mohamed Benchaaboun que le roi Mohammed VI a nommé, ce lundi, ministre de l’Économie et des Finances, est né le 12 novembre 1961 à Casablanca. Diplôm�...
Dirham : Le Maroc compte reprendre la réforme du régime de change
Le Maroc est en mesure de revenir à un régime de change plus flexible dès le premier signe d’un choc externe, tel qu’une flambée des prix du pétrole, a...
Le président de la BAD salue la résilience post-séisme du Maroc
Marrakech – Le président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, a salué, mercredi à Marrakech, la résilience du Maroc face au s...
Le FMI : “La montagne de dettes de la Chine devient dangereuse”
L’économie de la Chine se développera plus rapidement que prévu au cours des 3 prochaines années, mais cet essor est essentiellement lié à la poursuite ...
Ce qu’a dit la directrice du FMI après avoir rencontré Benchaâboun
Le Fonds monétaire international (FMI) est “impressionné” par la détermination du Maroc à poursuivre ses réformes structurelles, a affirmé, ce mercred...