Pitié pour ce pays qui nous est cher !
Désormais, chaque jour apporte son lot d’anomalies et de dysfonctionnements qui abattent les esprits les plus optimistes. Encore une affaire qui nous vient d’Agadir et qui défraie la chronique après la fameuse affaire Hamza mon BB qui a fait parler du Maroc dans la presse internationale. Puis le scandale du Koweitien violeur qui a pu s’enfuir alors qu’il était poursuivi en liberté provisoire. Nous vivons donc au rythme de scandales qui font la matière grasse de la presse et de la toile à ne plus en finir.
Ce week-end donc ce sont les travaux de construction et d’aménagement de la station balnéaire de Taghazout Bay qui ont été suspendus par des unités de la Gendarmerie royale et des forces auxiliaires, ce samedi 15 février. Photos et vidéos à l’appui montrent la démolition de plusieurs constructions sur l’une des stations touristiques du plan Azur, lancé en 2002 par Sa Majesté le Roi mais dont les travaux n’ont été effectifs qu’en 2011. De nombreux dysfonctionnements et de graves irrégularités seraient à la base de cette décision survenue juste après la visite royale à Agadir. De quoi se poser des questions sur une éventuelle colère royale.
La confiance : Epine dans le pied
La crise de confiance que nous autres Marocains vivons, n’est plus à démontrer. Il n’y a qu’à voir le climat général pour en avoir la certitude. Si on se réfère aux derniers chiffres du HCP (Haut-Commissariat au plan), on peut dire qu’ils font froid dans le dos. Près du quart des Marocains auraient l’intention d’émigrer, selon les résultats de l’enquête nationale sur la migration internationale réalisée en 2018-2019 Un constat amer qui devrait interpeller tous les Marocains. Il est vrai que le Maroc poursuit inlassablement son développement mais en parallèle l’écart se creuse profondément entre les classes sociales créant ainsi une rage sociale en ébullition et des dommages collatéraux sur le développement du pays.
En effet, scandales fraude, détournements, corruption et impunité, des commissions à ne pas en finir, des rapports accablants, des poursuites sans suites et des frustrations qui s’accumulent. Et la Cour des comptes est là pour nous dévoiler plusieurs dysfonctionnements au sein de l’appareil administratif et politique marocain et brandir le mauvais emploi qu’on fait de l’argent public, les irrégularités qui vont à l’encontre de l’efficience et de la transparence de la gestion des finances publiques.
Qu’en est-il, par exemple, du plan d’urgence et de ses milliards dilapidés ? Pourtant le rapport de Driss Jettou de 2018 pointait des irrégularités énormes. Sur 1.164 établissements programmés dans le cadre des objectifs du plan d’urgence, seuls 286 ont été réalisés. Des 7.052 classes de cours qu’il fallait construire au sein d’établissements déjà existant, seules 4.062 ont été construites. De leur côté, les partis politiques enregistrent plusieurs anomalies, dont l’absence des comptes de campagne et d’échéancier des dépenses, ce qui contribue à maintenir l’opacité de l’usage des fonds et donc, l’accumulation des effets de rentes néfastes au sein des formations.
un système de santé publique malade, une justice défaillante où les affaires traînent donnant aux citoyens l’impression d’une justice rapide et raide avec les pauvres, faible et lente avec les forts, une montée des inégalités sociales qui creusent le fossé et animent une rage sociale et une exaspération populaire, notamment chez les jeunes.
Le manque de fiabilité, de légitimité, de crédibilité des pouvoirs économique et politique déstabilise l’ensemble de la société et nous fait traverser une crise extrêmement grave.
Nous sommes donc quotidiennement submergés d’informations, de vidéos et d’articles qui ne font que raviver le sentiment de négativisme quant à ce qui se passe sous nos cieux, accentué par les bad buzz des réseaux sociaux qui représentent désormais une puissance infaillible opérant à la vitesse de l’internet. Et c’est le moral de toutes les couches de la société qui s’en ressent.
Partis politiques et querelles intestines
Nous ne le savons que trop bien, l’année 2021 s’annonce foncièrement électorale. Bien évidemment, les partis politiques, faits à chaux et à sable, ont déjà entamé leur danse et c’est pour qui mieux. Or à la veille du scrutin, on est conscients d’une chose : à partis incapables de mobiliser les citoyens, électeurs absents. La question du taux de participation préoccupe d’ailleurs les autorités et les partis politiques.
C’est une évidence, le Marocain a de moins en moins confiance dans l’avenir de son pays. C’est dire qu’au Maroc où le Roi s’attelle à lancer de grands chantiers structurants, nous avons au fait deux temps. Celui des dirigeants dont tous les calculs et les actes vont au rythme des dates des élections. Et l’autre, celui des citoyens qui ont des préoccupations, et des attentes et qui ont compris que les partis politiques n’œuvrent que pour leurs propres intérêts faisant fi de tout ce qui concerne les Marocains, qui ne sont pour eux qu’une partie des meubles. Le souci numéro un de cette partie du Gotha, étant d’être à la tête du parti, oubliant que la mission qui leur incombe de par la Constitution est d’encadrer les citoyens dont ils doivent être le légitime porte-voix et défendre les droits. L’écart s’en trouve ainsi élargi de plus en plus.
A notre grand malheur, nos partis politiques brillent surtout par leur inefficacité, si ce n’est par leur absence de proximité et de communication en cas de crise. Ainsi, quand ils ne sont pas en conclave, ils se disputent pour le menu présenté lors du congrès mais jamais pour le programme à présenter. Or, oublient-ils que la confiance ne se décrète pas, elle se construit ?
De toute manière, s’ils veulent sauver la mise, les classes dirigeantes ont intérêt à se poser des questions et revoir leur conception de gouvernance. D’ailleurs, les Marocains n’attendent plus rien d’eux tellement ils sont déçus et désespérés. Il n’y a qu’à voir le niveau de réactivité de nos gouvernants face à certaines urgences, et surtout de voir que malgré les différents indicateurs, aucune sortie de crise ne se profile à l’horizon… Et ne veulent toujours pas en démordre.
Il faut dire que les dirigeants politiques ont réussi à se faire détester de la classe moyenne, qui se voit crouler sous le coût de la vie et de la pression fiscale, puisque sur les 40 milliards d’impôts sur le revenu qu’encaisse l’Etat, chaque année, près de 74% sont payés par les salariés. Cette classe moyenne, cette frange de la population censée être la colonne vertébrale de toute société se sent marginalisée et exclue des politiques publiques. Pis, elle se sent dépouillée sous le regard indifférent des partis politiques si ce n’est leur complicité.
Un rêve collectif : l’ultime solution
Nous devons sortir de l’impasse dans laquelle nous plongent cette léthargie politique et le manque de projets offrants des choix divers aux électeurs et répondant aux aspirations des gens. Aussi nous faut il réfléchir ensemble à agir de concert à ce qui pourrait fonder à nouveau notre lien afin de restaurer et de renforcer la fondation de base de toute société humaine qui est la confiance. Notre pays a encore beaucoup de déficits à combler, plusieurs défis à relever, face à cela, l’absence de meneurs politiques qui encadrent les citoyens est flagrante. A l’heure où le pays ne ménage aucun effort pour tracer les contours d’un nouveau modèle de développement, il faut penser à celles et à ceux qui pourraient le porter, y faire adhérer le plus grand nombre de nos compatriotes. Nous avons besoin de partis politiques forts qui puissent immuniser le pays mais pour cela, il nous faut de vrais leaders capables de fédérer les gens. Le pays manque de politiques engagés et honnêtes, qui puissent s’acquitter convenablement de la mission noble mais ô combien difficile, de mener le pays vers le développement en faisant de son intérêt une priorité et non un tremplin. Or comment espérer un changement quand des chefs de partis s’agrippent au gouvernail pendant des dizaines d’années se servant de leurs postes sans servir le pays ? Comment garder confiance quand on sacrifie la compétence sur l’autel de calculs politiciens purs pour accéder à des postes ministériels ? Le Maroc ne peut plus se payer le luxe de laisser en déshérence ses partis politiques qui doivent urgemment de se réinventer. Il est temps donc de revaloriser les aspirations du peuple et de créer un projet de société pour raffermir le caractère institutionnel de la relation Etat-Citoyens. Il faut passer à la société de droit et de la méritocratie pour que le citoyen qui a besoin de justice, de sécurité, de respect de ses droits et de sa dignité, se sente concerné plutôt qu’indifférent, car il faut bien se l’avouer, le capital humain du Maroc est bien en avance par rapport à es partis politiques. L’élaboration d’un nouveau modèle de développement, comme demandé par le Roi Mohammed VI, n’est pas seulement l’affaire des bureaux d’études et experts.
Nous avons besoin d’un modèle maroco-marocain que les citoyens peuvent s’approprier et défendre qui concrétise leurs espoirs. Or le changement ne peut s’opérer que par les urnes et les élections sauf qu’une grande majorité des Marocains est convaincue que son pouvoir de changement est nul et que son vote ne sert à rien. D’autant plus qu’il est impossible que le changement s’opère sans l’adhésion des jeunes qui doivent s’impliquer. Pour cela, il nous faut obligatoirement réinventer un rêve ou projet de société mobilisant qui puissent nous rassembler autour d’un même objectif comme la Marche verte, mémoire collective d’une nation, a pu faire.
Le Maroc est notre pays, la terre de nos ancêtres et celle de nos enfants. Notre maison commune. Aimons-le et protégeons-le ! Mettons du cœur dans notre manière de faire pour un Maroc meilleur, notre Maroc.
Le 21 février 2020
Source web Par maroc-diplomatique
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