Yennayer : Le nouvel an amazigh, entre célébration et ignorance
Alors que la majeure partie des Marocains oublient son existence, une frange de la population notamment les Imazighen, s’active déjà dans les préparatifs de la célébration de ce nouvel an basé sur un calendrier agraire.
La culture amazighe traditionnelle est pétrie de symboles et de valeurs dérivées essentiellement de la civilisation agraire. «La société amazighe a développé une culture qui célèbre l'unité profonde entre l'homme et la nature», rappelle Ahmed Boukous, recteur de l’Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM) sis à Rabat.
La célébration de cette journée marque, selon lui, une renaissance de l'amazighité depuis la seconde moitié du siècle dernier ainsi qu’une signification identitaire collective. Plus loin dans l'histoire, le calendrier amazigh démarre, selon certains historiens, à l'intronisation du pharaon amazigh Sheshonq 1er.
Ahmed Boukous rappelle que «le nouvel an amazigh s'inscrit, par sa signification anthropologique dans la culture nationale». Le recteur de l’IRCAM trouve «juste et logique qu'il soit partagé par toutes les composantes de la nation marocaine et donc reconnu et fêté à l'échelle nationale».
Célébration collective au Maroc et partout dans le monde
Pour beaucoup de Marocains, Yennayer est d'abord l'occasion de se rencontrer et fêter la nouvelle année dans un bain culturel amazigh. Des «sfenj» (beignets),«toghrifin» (crêpes) ainsi que des fruits secs telles que figues, amandes, noisettes, dattes entre autres sont également au rendez-vous.
De nombreux citoyens attachés à l'identité amazighe le célèbrent en famille ou collectivement. Kaoutar, étudiante à Agadir se rendra, pour sa part, chez ses parents à Tiznit pour l’occasion et pour déguster des gâteaux et de la «tagoulla», un mets à base de grains de maïs ou de blé.
Salima, étudiante en Virginie, aux Etats-Unis est originaire d'Agadir, où elle a vécu jusqu'à l’âge de 15 ans. Elle se dit «fière d'être un cocktail amazigh» et s’insurge contre la négligence de l’évènement. «Le diner ce jour là doit être servi tard et se doit d'être copieux, ce qui aux yeux des Imazighen augurera une année abondante», nous explique t-elle.
De l’avis de la jeune femme, actuellement dans certaines régions du Maroc, la célébration de Yennayer n'a perdu ni de sa fraicheur ni de son authenticité. Elle déclare cependant «avoir perdu tout espoir concernant la reconnaissance de cette date comme jour férié au Maroc».
Le 11/01/2019
Source web Par Yabiladi
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