Après le "go" de l'OMC, Washington passe à l'acte et taxe les Airbus à 10%

Mercredi, l'OMC a autorisé les Etats-Unis à surtaxer certains produits européens dans le cadre du dossier des aides publiques reçues par Airbus. Dans la foulée, Washington a annoncé la mise en place dès la mi-octobre de droits de douane de 10% sur les avions et de 25% sur d'autres produits industriels et agricoles importés de l'Union européenne, dont le vin français, le fromage italien ou le whisky écossais.
Washington n'a pas traîné. Quelques heures seulement après l'autorisation accordée par l'Organisation mondiale du commerce (OMC) de taxer des produits européens jusqu'à 7,5 milliards d'euros, les Etats-Unis ont annoncé ce qu'ils exécuteraient bel et bien la sanction. Celle-ci intervient 15 ans après le début d'un interminable feuilleton sur les aides publiques accordées par l'Union européenne et les Etats-Unis au secteur aéronautique.
10% de taxes sur les avions européens
Les taxes douanières seront donc mises en place à partir du 18 octobre : 10% sur les avions importés de l'Union européenne et 25% sur les autres produits industriels et agricoles importés de l'Union européenne, dont le vin français, le fromage italien ou le whisky écossais. Airbus évite donc le pire. Certains proches du dossier évoquaient ces dernières semaines des lourdes taxes pouvant aller jusqu'à 100%. Ce scénario d'un doublement des prix des avions aurait contraint les compagnies aériennes américaines clientes d'Airbus à annuler ou à reporter leurs livraisons.
Interrogé par l'AFP, un responsable des services du Représentant américain au commerce (USTR) n'était en revanche pas en mesure de dire combien représenteraient les tarifs sur les avions. Il a aussi précisé qu'il s'agissait de taxer les avions et non "des pièces d'avion". Cela permettra à Airbus de continuer à produire au même coût dans son usine d'Alabama mais profitera aussi à Boeing, qui utilise des pièces européennes.
Réduction de la facture?
Il s'agit de la plus lourde sanction jamais imposée par l'OMC. Cette somme correspond à l'impact pour l'industrie américaine des aides reçues par Airbus pour ses programmes A380 et A350. Et plus exactement de l'impact de la différence de taux d'intérêt entre les taux accordés par les "quatre pays Airbus" (France, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne) et les taux du marché. Pour autant, du côté du Vieux Continent que ce montant devrait être fortement réduit.
« La finalité de l'OMC est que les acteurs concernés entrent en conformité. Avec l'arrêt du programme, l'A380 ne peut plus avoir un impact sur le marché et ne peut pas être concerné. Cet argument a prévalu dans le passé pour l'A300, l'A310 et l'A340 », explique un bon connaisseur du dossier pro-européen.
Selon lui, il ne resterait donc que le montant de l'impact de l'A350 sur le marché depuis 2012. L'OMC se prononcera sur ce point fin octobre-début novembre.
L'application de taxes américaines entraînera une riposte de l'Union européenne. Une procédure identique à celle des Etats-Unis devrait donner le feu vert au printemps à Bruxelles pour imposer des droits de douanes sur des produits américains, notamment les avions de Boeing.
Côté européen, on cherche toujours à convaincre les Etats-Unis de négocier une issue à l'amiable de ce conflit.
"Nous souhaitons faire redescendre les tensions et éviter des sanctions tarifaires qui ne feront que nuire à nos deux économies, au moment où la Chine renforce son industrie aéronautique", a déclaré Bruno Le Maire, le ministre de l'économie, en assurant que d'éventuelles sanctions américaines appelleraient une réponse "ferme" de l'Union européenne.
Bruxelles pourrait même dégainer des mesures contre les produits américains bien avant le printemps, fait valoir un proche du dossier. C'est ce qu'a indiqué la Commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, en précisant qu'en cas de nouveaux droits de douane américains, "l'UE n'aura pas d'autre option que de faire la même chose". Elle a toutefois réitéré sa "volonté de trouver un règlement équitable" avec les Etats-Unis.
Airbus à lui aussi a réitéré son appel à des discussions avec Washington.
"Si le représentant américain au Commerce choisit d'imposer des droits de douane sur l'importation d'aéronefs et/ou de composants d'aéronefs, cela créera de l'insécurité et perturbera non seulement le secteur aéronautique et spatial, mais également l'économie mondiale dans son ensemble. Une telle situation peut toutefois être évitée", écrit le groupe dans un communiqué.
Le 2 Octobre 2019
Source web Par la tribune
Les tags en relation
Les articles en relation

Stress Hydrique : Le Maroc se rapproche dangereusement du seuil de pénurie absolue
Le Maroc se trouve à un moment critique de son processus de développement, à en croire le dernier rapport de la Banque mondiale qui estime que l’investisse...

Antiterrorisme: la France presse l'UE d'adopter le registre des passagers aériens
Manuel Valls a de nouveau appelé mardi le Parlement européen à adopter rapidement, après les attentats de Bruxelles, le registre européen des passagers aé...

Airbus en juillet : 401 commandes, 46 livraisons et plus rien pour Qatar Airways
Airbus a enregistré le mois dernier 401 commandes, principalement en Chine, et livré 46 avions à 30 compagnies aériennes et sociétés de leasing. Mais il a...

Brexit Vers une désintégration de l’UE, si l’émotion l’emporte sur la raison
Le Royaume-Uni compte un passé impérial prestigieux, il est membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies et il est classé cinquième économie...

Trump relance les tensions commerciales : des droits de douane contre le Canada et le Mexique inqui�
L'annonce par Donald Trump, président élu des États-Unis, de l'imposition de droits de douane de 25 % sur les importations en provenance du Canada et...

Gazoduc Nigeria-Maroc : Jingye Group, acteur clé d'un projet à 26 Mds $
Le géant chinois de l’acier, Jingye Group, joue un rôle central dans la construction du gazoduc Nigeria-Maroc-Europe, un projet stratégique estimé à 26 m...

Le contraste de la faconde anti-marocaine en France
Saisissant est le contraste entre les déclarations mielleuses au parfum boisé de certains officiels français et la faconde anti-marocaine menée -dans une th...

Crise ukrainienne : quelle place pour l'Union Européenne, entre l'OTAN et la Russie ?
Entretien. Dans l'intense activité diplomatique déployée pour éviter qu'un conflit n'éclate entre la Russie et l'Occident autour de la cris...

Airbus annonce des avions non polluants vers 2030
Airbus s’est déclaré prêt à construire des avions décarbonés vers 2030, a indiqué sa PDG, Sandra Bour Schaeffer, citée par Bloomberg. Ces appareils, d...

Le Brexit a déjà impacté le PIB britannique
Alors que le Royaume-Uni n’a pas encore quitté l’Union européenne, sa décision a déjà eu des conséquences sur son PIB. Selon une étude de la banque s...

Londres activera l'article 50 du traité de Lisbonne le 29 mars, enclenchant ainsi la procédure du
Un porte-parole de Downing Street a communiqué cette annonce en conférence de presse. La Première ministre Theresa May, le 15 mars 2017 à Londres (Royaum...

Grosses craintes sur l'avenir des sites marocains de Renault et Peugeot PSA
Bruno Le Maire conditionne l’octroi de l’aide de l’Etat aux entrepises françaises au rapatriement en France de leurs activités étrangères. La crise...