Les nouvelles routes de la soie mettent en péril l’Accord de Paris
L’initiative commerciale chinoise risque de compromettre la limitation du réchauffement de la planète à 2°C. Une étude du Tsinghua Center for Finance & Development estime qu’il faudrait réduire l’empreinte carbone actuelle de la Belt and road initiative, le nom officiel de la route de la soie, de 68% pour rester dans cette limite. Sans quoi, elle pourrait conduire seule à un réchauffement de près de 3°C.
Le verdissement des nouvelles routes de la soie, le projet commercial pharaonique de la Chine à travers 126 pays du monde, est un enjeu vital pour l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris. Depuis les débuts de la Belt and Road initiative (BRI), de grandes craintes ont été exprimées concernant son impact sur l’environnement. Une étude - la première considérée comme indépendante sur le sujet- publiée ce 2 septembre par le Tsinghua Center for Finance & Development, Vivid economics et Climate Work Foundation, les confirment, en donnant des ordres de grandeur sur son empreinte carbone.
Un réchauffement de près de 3°C si rien n’est fait
Le rapport analyse trois scénarios pour évaluer l’influence des quelque 12 000 milliards de dollars d’investissement d’infrastructures prévus jusqu’en 2030 dans les pays signataires de l’initiative sur l’atteinte de l’objectif de l’accord de Paris. Parmi les postes les plus émetteurs : le développement des ports, pipelines, lignes ferroviaires et autoroutes… Aujourd'hui, les émissions de ces 126 pays signataires représentent 28 % des émissions de gaz à effet de serre du monde (en 2015), auxquelles il faut rajouter la Chine, qui compte pour 30 %.
Dans un scénario pessimiste, les émissions cumulées représenteraient les 126 pays signataires à compter pour 66 % des émissions et conduiraient le monde à un réchauffement de près de 3°C en 2050, même si tous les autres pays sont alignés sur +2°C. Dans un scénario plus optimiste, il faudrait réduire l’empreinte carbone de certains pays liés à Belt and Road comme la Russie, l’Iran, l’Arabie Saoudite ou l’Indonésie, de 68 % pour rester aligné sur un objectif de 2°C.
La finance verte à la rescousse
Selon les auteurs, qui comptent notamment, Ma Jun, l’ex-chef économiste de la banque centrale chinoise, aujourd’hui considéré comme "Monsieur finance verte" du pays, il est donc indispensable, de mettre en place des mesures pour flécher les investissements vers les infrastructures les plus sobres. La marge de manœuvre est courte mais les enjeux sont cruciaux car les investissements dans les infrastructures sont de long terme.
"Mettre un prix sur le risque climatique des investissements ne suffira pas pour favoriser efficacement et rapidement des choix vers des infrastructures à faibles émissions de carbone car de nombreux actifs appartiennent aux États et sont sans-risque du fait des garanties à l'exportation, sans contrainte en raison de la faiblesse des systèmes de gouvernance environnementale nationaux", insistent les auteurs.
Parmi les pistes proposées par leur feuille de route finance verte : la fixation de standards environnementaux obligatoires pour les investissements chinois dans les pays concernés, le lancement d’une plateforme internationale pour soutenir un développement intensif de la finance verte dans les pays concernés ou l’adoption par les investisseurs institutionnels des principes d'investissement responsable tels que les «greens investment principles", lancés par la Chine et le Royaume-Uni.
Le 05 septembre 2019
Source web Par novethic
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