Environnement : "c'est un sujet qui va conditionner l'avenir de notre profession", selon Michel Salaün

Le sur-tourisme, le transport aérien et maintenant la croisière sont montrés du doigt depuis quelques mois. En cause : leur impact sur l'environnement et leur implication dans le réchauffement climatique. Comment se positionnent les professionnels du tourisme et leur entreprise face à cette vague verte ? Nous leur avons posé la question. Aujourd'hui, la parole à Michel Salaün, PDG du Groupe Salaün.
TourMaG.com - Avec la montée en puissance de "l’avion bashing", avez-vous honte de prendre l’avion cet été ?
Michel Salaün : Non je n’ai pas honte de prendre l’avion même si, concernant les déplacements en France, nous privilégions le train, quand cela est possible.
Il ne faut pas oublier que le transport aérien est absolument indispensable : à la bonne santé économique des territoires tout d’abord mais aussi indispensable à l’activité touristique. Or, le tourisme représente 12% en moyenne du PIB mondial, ce qui correspond à des millions d’emplois à travers le monde !
Ensuite, bien entendu, il est de la responsabilité de chacun, les professionnels du tourisme notamment, de prendre conscience de l’impact écologique généré par les vols et de trouver les solutions pour rendre les voyages neutres.
TourMaG.com - Sur-tourisme, pollution du transport aérien, des croisières… Le tourisme a été pointé du doigt cette année. Pensez-vous que 2019 est une année charnière en matière de prise de conscience du grand public et des professionnels ?
Michel Salaün : Il est clair qu’on sent aujourd’hui une sensibilité très accrue sur ces sujets et pas seulement dans le domaine du tourisme. Cette prise de conscience est une très bonne nouvelle pour la planète
Dans notre domaine, l’enjeu est surtout de bien informer les gens pour qu’ils voyagent en toute conscience, dans le respect de la planète et des populations. Je crois que les voyageurs sont de plus en plus attachés à cela : donner du sens à leur voyage.
TourMaG.com - En quoi le réchauffement climatique est-il un sujet majeur pour vous ?
Michel Salaün : C’est un sujet important car les solutions trouvées à cette menace conditionneront l'avenir de notre profession. Il est donc essentiel de mobiliser nos consciences et nos énergies dès à présent afin d’inverser ensemble le cours des choses.
TourMaG.com - Pensez-vous qu’il faille revoir la façon dont on consomme « le tourisme » ?
Michel Salaün : Certainement. La libéralisation sans limite du tourisme et l'émergence des nouveaux pays émetteurs de voyages ont provoqué des sur populations dans certaines régions et sur certains sites. Ce qui peut être catastrophique à long terme.
Pour notre part, nous travaillons sur ce sujet avec nos réceptifs et nos guides de manière à ce que, sur place, ils évitent les « pièges à touristes », qu’ils partagent avec nos voyageurs leur culture et leurs valeurs et qu’ils leur offrent une découverte plus originale et plus respectueuse.
Mais nous irons encore plus loin prochainement avec une nouvelle offre de circuits que nous avons déjà beaucoup de plaisir à imaginer et dans lesquels beaucoup de gens se retrouveront.
TourMaG.com - Et comment l’appliquez-vous ou qu’envisagez-vous pour votre entreprise ?
Michel Salaün : Depuis longtemps déjà nous avons mis en place, dans plusieurs pays, des opérations solidaires permettant aux populations concernées de bénéficier et de maîtriser des projets culturels, écologiques ou économiques. Ces opérations sont visitées par nos voyageurs et très appréciées par eux car elles leur permettent une vraie rencontre avec la population.
Concernant notre empreinte carbone, nous avons commencé par réaliser en 2017 (sur la base de l’année 2016) un bilan carbone de Salaün Holidays pour faire le point sur nos émissions ; les émissions commerciales (générées par les vols principalement) représentant 97 % de nos émissions totales.
Nous envisageons d’absorber totalement nos émissions administratives d’ici fin 2020 et avons déjà commencé à le faire via des actions de reboisement en Bretagne avec Ecotree. Nous avons en effet déjà planté 2500 arbres dans notre région. C’est très bien mais encore insuffisant en terme d’absorption et nous devons donc aller plus loin !
Parallèlement, concernant nos émissions commerciales, nous avons entrepris un partenariat avec Air France concernant la plantation à Madagascar de 57 000 arbres. Une belle opération avec une compagnie qui nous est chère puisque la majorité de nos vols est assurée par Air France et que nous entretenons de très bonnes relations de partenariat.
Considérant que nous escomptons d’ici 2025, conformément aux exigences de notre label ATR, d’absorber la totalité des émissions commerciales de Salaün Holidays, nous envisageons de mener ensemble de nouvelles opérations de reforestation.
Photo d’ouverture : @Room
Le 5 Août 2019
Source web Par tourmag
Les tags en relation
Les articles en relation

Enseignement et tourisme : Signature de plusieurs conventions à Ouarzazate sous la présidence de A
Le Chef du gouvernement en visite dans la province de Ouarzazate, a présidé les cérémonies de signatures de nombreuses conventions. La première relative au...

Espagne : 2021, une année morose pour le secteur touristique
Seuls 31 millions de visiteurs étrangers sont venus l’an dernier en Espagne. Bien loin des performances pré-pandémiques de la deuxième destination mondial...

L'interdiction des HFC sauvera-t-elle la planète ?
Depuis quelques jours maintenant, la presse qualifie unanimement d’ « historique » l’accord signé à Kigali (Rwanda) par la communauté internationale en...

Airbus lance Skywise Reliability Premium
Selon l'avionneur, Skywise Reliability Premium permet tout d'abord aux compagnies aériennes d'identifier et de hiérarchiser les problèmes techniq...

RAM lance la desserte directe Casablanca-Boston
Après les liaisons aériennes directes vers New York, Washington et Miami, la Royal Air Maroc (RAM) a inauguré samedi sa nouvelle desserte non-stop Casablanca...

La France malade de son surtourisme
Quand elle a visité le Mont-Saint-Michel dans les années 1990, cette journaliste australienne avait été frappée par les dizaines de camping-cars stationné...

Le nord de l'Irak veut tourner la page et s'ouvrir au tourisme
Flânant parmi les ruines vieilles de 2.000 ans, des dizaines de visiteurs admirent la cité antique de Hatra, dans le nord de l'Irak, où des initiatives l...

Hydrogène vert : des objectifs ambitieux, des défis énormes
Le gouvernement mise sur la région de Guelmim-Oued Noun pour atteindre ses objectifs de développement durable, en investissant dans les énergies renouvelable...

Tourisme interne: «un dispositif est prêt à être déployé»
Le tourisme a été l’un des secteurs les plus touchés par la crise. La tutelle prépare activement la reprise et a érigé le tourisme interne en priorit...

Le secteur touristique de la région Souss-Massa en plein essor : grands projets et formations pour
En 2024, la région Souss-Massa connaîtra une année de grands chantiers, notamment dans le secteur du tourisme. Le lancement du programme «Économie bleue» ...

Workshop 'Pure Maroc' à Paris : Le Maroc met en lumière ses atouts pour le tourisme d’affaires e
Un événement stratégique pour promouvoir l’offre MICE marocaine Le 28 novembre 2024, au Pavillon Dauphine à Paris, s’est tenue la première édition du...

Tourisme à Agadir : 85 établissements sanctionnés pour non-conformité en 2024
Depuis le début de l'année, le comité provincial chargé du suivi et du classement des établissements hôteliers et de restauration à Agadir a mené un...