En 20 ans...
Personne n’imaginait le Maroc sans feu Hassan II. A sa disparition le 23 juillet 1999, tous les regards se sont braqués sur Sidi Mohammed, le prince héritier, désormais proclamé Roi du Maroc, et 23ème monarque de la dynastie Alaouite. On découvrait sur la presse étrangère un jeune homme à l’allure sportive, Docteur en droit et grand amateur des sports nautiques. Mais on n’en savait pas plus sur sa vision du Maroc et comment allait-il présider à sa destinée.
L’accession de Sa Majesté le Roi Mohammed VI au Trône, le 30 juillet 1999, marque très rapidement un tournant décisif dans le développement du Royaume du Maroc sur tous les plans. Roi réformateur, et à peine âgé de trente-six ans, Mohammed VI annoncera la couleur dès ses premiers discours et démontrera son étoffe de grand Roi : Il veut un Maroc moderne, démocrate, émergent et surtout un Maroc qui répond au mieux aux attentes des citoyens : individus et acteurs économiques et sociaux.
Il imprègne à la monarchie son propre style et la jeunesse du pays s’identifie à lui. Attentif et à l’écoute de la société, le roi va rapidement accorder sa sollicitude à la réduction des disparités sociales et spatiales. Dans ce sens, il réitère dans son discours du Trône de l’année 2000 qui marque le premier anniversaire de son règne, son appel au gouvernement, contenu dans son message royal d’orientation concernant le plan de développement économique et social, d’adopter le concept du développement intégré pour combler le déficit et les disparités sociales et spatiales, d’intégrer la jeunesse au processus de production, d’encourager son esprit d’initiative, d’associer la femme au développement, de lutter contre la pauvreté, la misère, l’exclusion et la marginalisation, de propager l’esprit de solidarité et d’entraide, de préserver la dignité, d’adopter des plans régionaux de développement et de dynamiser le rôle de la région dans le développement.
Une attention particulière est accordée aux régions du Nord et de l’Oriental, le roi ayant soulevé le déficit dont souffrent-elles en matière d’infrastructures de base et de services sociaux comparativement avec les régions du centre et du sud.
« Partant de l’intérêt particulier que nous portons à ces régions chères à Notre Majesté, nous invitons notre gouvernement et l’Agence chargée du développement de ces provinces à mettre en place un plan spécial et ambitieux visant à assurer l’émergence des provinces du nord et de l’oriental pour qu’elles puissent jouer le rôle que nous voulons leur assigner en tant que pôle d’attrait des investissements et vitrine rayonnante et prospère du Royaume », extrait du discours du Trône du 30 juillet 2000.
Le Roi insiste sur la conjugaison des efforts entre les pouvoirs publics et le secteur privé aussi bien national qu’étranger et sur l’exploration de toutes les opportunités de coopération internationale avec les organisations nationales et internationales, gouvernementales et non gouvernementales, pour hisser le taux de croissance dans ces provinces au niveau qu’il souhaite.
Ce fût là le premier déclic qui donnera plus tard corps à la régionalisation avancée avec un développement socio-économique intégré en respect avec les spécificités et les atouts de chaque région et une croissance harmonieuse de tout le territoire national.
L’intérêt accordé à la Région du Nord, au même titre que les autres régions, se déclinera par un projet d’infrastructure titanesque : Le complexe portuaire Tanger Med. Au lancement des travaux de construction du port en février 2003, le Roi prononcera un discours mémorable : « Nous voulons aussi, à travers cette réalisation, donner à la région Nord une ossature économique solide, de niveau international, et des zones franches, lui permettant ainsi de valoriser ses riches potentialités et d’en faire un modèle de développement régional intégré, dont les bienfaits et les retombées bénéficieront à l’ensemble du pays ».
En 2004, dans son discours du Trône, le Roi Mohammed VI s’est félicité de « l’avancement satisfaisant des travaux du grand projet Tanger-Méditerranée que Nous considérons, à juste titre, comme un modèle du genre. Notre objectif est que l’ensemble des régions du Royaume puissent exploiter au mieux les grandes potentialités dont elles disposent en matière de développement régional et partant, assurer leur intégration optimale dans le tissu économique national, de manière à renforcer l’ancrage euro-méditerranéen du Maroc et son intégration dans son environnement maghrébin, africain et arabe, pour en faire un carrefour des échanges internationaux et un acteur agissant, parfaitement intégré à l’économie mondiale ».
En 2019, l’entrée en service de Tanger Med II, inauguré par SAR le prince héritier Moulay El Hassan, hisse le complexe portuaire parmi les vingt premiers ports à conteneurs dans le monde !
Dans cette dynamique de réalisation de grandes infrastructures, le Roi Mohammed VI signe avec Nicolas Sarkozy, le premier protocole d’accord pour la création d’une Ligne à grande vitesse de 200 Km reliant Tanger à Casablanca. Le protocole définitif sera signé le 10 décembre 2010 et prévoit de doter le pays à horizon 2030 de 1500 km de lignes ferroviaires à grandes vitesses.
La LGV baptisée Al Boraq est inaugurée le 15 novembre 2018 par SM le Roi Mohammed VI et le Président français, Emmanuel Macron. Dès le 26 novembre de la même année, les voyageurs ont pu profiter de cette ligne qui relie Casablanca et Tanger en 2h10 minutes !
Un autre projet contribuera à métamorphoser le visage de la région : L’usine Renault de Tanger. Septembre 2007 connaîtra la signature d’un protocole d’intention entre le Royaume du Maroc et l’Alliance Renault-Nissan prévoyant l’implantation d’un complexe industriel dans la région de Tanger, le Royaume étant engagé dans une réindustrialisation du pays à travers notamment le développement de métiers mondiaux du Maroc.
La région devient alors le premier hub de construction automobile sur le continent africain, puisque grâce à la politique sectorielle dédiée à l’automobile renforcée par la construction d’un écosystème automobile dans le cadre du Plan d’Accélération industrielle, un nombre important d’équipementiers se sont installés dans la région. Aussi, le Groupe Renault Maroc à travers ses usines de Tanger et de Casablanca est devenu une locomotive de l’industrie automobile aujourd’hui 1ère filière exportatrice du Royaume. Rien qu’en 2018, les deux usines produisent plus de 400.000 véhicules dont près de 90 % sont exportés vers 74 marchés.
Aux côtés de l’automobile, la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima connaîtra le développement de l’industrie aéronautique, l’offshore ainsi que le textile métier historique dans la région. Elle intègre désormais la chaîne de valeur mondiale !
Sur le plan national et si l’on se réfère aux comptes régionaux du HCP, la région progressera jusqu’à devenir le troisième contributeur au PIB à hauteur de 10,2 % en 2016.
Mais la voie du développement n’est jamais sans embûches. Pour réduire efficacement les disparités spatiales, la province d’Al Hoceima a fait l’objet d’un important programme de développement sur la période 2015-2019 baptisé « Al Hoceima Maranat Al Moutawassit ». Ce projet qui puise sa source de la sollicitude royale suite au séisme d’Al Hoceima. D’ailleurs, le Roi prononcera le 25 mars 2004 dans cette ville un historique dans lequel le Souverain donne ses instructions au gouvernement pour qu’il s’attelle à l’élaboration d’un plan de développement structurel intégré, à moyen et à long termes, pour la mise à niveau de la province d’Al Hoceima et le développement de la région du Rif. « Nous comptons veiller personnellement à la bonne mise en œuvre de ce plan d’urgence, que ce soit par un suivi continu ou par des visites sur le terrain ou encore par l’adoption d’un plan, à moyen et long termes, de nature à faire de la région du Rif, que Nous assurons de Notre sollicitude, un pôle de développement urbain et rural dans la Région Nord, parfaitement intégré dans le tissu économique national », extrait du discours du 25 mars 2004.
Dans le même sillage, le Roi ordonne la mise en place d’une agence urbaine pour Al Hoceima et pour Nador.
En 2015, le Roi lançait le programme quinquennal qui s’articule autour de cinq principaux axes : la mise à niveau territoriale, la promotion de l’environnement social, la protection de l’environnement et la gestion des risques, le renforcement des infrastructures, et le développement de l’espace culturel, avec une enveloppe de 6,5 milliards de DH.
L’exécution du programme va prendre un tel retard provoquant la frustration des citoyens promis à un lendemain meilleur et surtout provoque l’ire royale. Entre octobre 2015 et juillet 2017, seuls 5 projets sur 644 prévus sont réalisés alors que 45 autres projets étaient en cours de réalisation.
C’est un rapport de la Cour des comptes qui dévoile l’ampleur de la chose, sachant que l’institution a saisi en décembre 2018 les responsables locaux pour un recensement global des chantiers non réalisés ou non aboutis dans le cadre de ce programme.
La sanction royale sera à la mesure de la déception des citoyens de la province : Trois ministres sont limogés et d’autres responsables gouvernementaux ne pourront plus briguer aucune responsabilité officielle. Deux responsables sont également relevés de leur fonction.
L’urgence pour le Roi, attaché à la corrélation effective entre responsabilité et reddition des comptes, est d’exécuter rapidement le programme qu’il pilote désormais en personne. L’exécutif est sommé sur instructions royale de tenir régulièrement des réunions régionales avec les différents acteurs de cette région pour résoudre tout problème qui se poserait sur le chemin de concrétisation de ce projet.
L’année marque un temps d’arrêt de réflexion sur le modèle de développement du Royaume et les dysfonctionnements qui empêchent son évolution. Dans son discours devant le Parlement en octobre 2017, le roi évoque une marche d’un genre nouveau et invite le gouvernement, le parlement et les différentes institutions ou instances concernées, chacun dans son domaine de compétence, à reconsidérer le modèle de développement pour le mettre en phase avec les évolutions que connaît le pays.
Si à ce jour les contours de ce nouveau modèle ne sont pas encours connus, il n’en demeure pas moins que l’exécutif a mis les bouchées doubles pour respecter ses engagements devant le Roi.
En 2018, le Souverain choisit Al Hoceima pour y prononcer son discours à l’occasion du 19ème anniversaire de son accession au Trône où il rappelle qu’« Accomplir des réalisations, corriger les failles et remédier aux problèmes économiques ou sociaux, sont autant d’objectifs qui nécessitent une action collective, planifiée et coordonnée entre les institutions et les divers acteurs, plus particulièrement entre les membres du gouvernement et les partis qui le composent ». La symbolique est forte ! Le Roi est le garant de la bonne marche du pays.
Il faut dans ce sens rappeler que dans sa vision royale, Mohammed VI ne perd pas de vue un élément crucial au développement de la région : le capital humain. Sans femmes et sans hommes qualifiés, cet élan dans lequel s’est inscrit le royaume ne saurait aboutir. La jeunesse étant la principale ressource et richesse du royaume, le pays s’inscrit dans une dynamique de mise en valeur des compétences toutes activités confondues par le biais de la formation.
La région dispose d’un fleuron de l’enseignement supérieur : l’Université Abdelmalek Essaâdi qui compte 14 établissements couvrant toute la région avec une offre de formation diversifiée et qui essaye de coller aux politiques publiques de développement aussi bien dans la région sur le plan national.
L’OFPPT n’est pas en reste, il est le bras de l’Etat pour soutenir la formation de ressources humaines qualifiées en phase avec les besoins de la région en compétences et surtout pour veiller à répondre aux besoins des investisseurs dans la région en créant un véritable bassin d’emploi.
D’ailleurs l’Office signe régulièrement des conventions avec les groupes implantés sur place pour des formations pointues et sur mesure, pour éviter la fatidique inadéquation formation-emploi.
Il est un exercice très difficile d’essayer d’être exhaustif sur les réalisations au niveau de la région qui est l’une des perles du règne de Mohammed VI.
Une chose est pourtant sûre : 20 ans plus tard, personne n’imagine le Maroc sans Mohammed VI !
Le 29/07/2019
Source web Par speciaux.ecoactu
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