Attaque de drones contre des installations pétrolières en Arabie saoudite
Des installations pétrolières ont été la cible d'attaques de drones mardi en Arabie saoudite, faisant monter d'un cran la tension dans le Golfe deux jours après des "actes de sabotage" contre quatre navires dont deux tankers saoudiens.
Premier exportateur de pétrole au monde, le royaume saoudien a dû cesser ses opérations sur un oléoduc majeur dans la région de Ryad, après ces attaques revendiquées par les rebelles Houthis pro-iraniens au Yémen voisin où des forces saoudiennes aident le pouvoir dans sa guerre contre ces insurgés.
Principale rivale de l'Iran chiite au Moyen-Orient, l'Arabie saoudite sunnite est un proche allié des Etats-Unis qui n'ont cessé de durcir le ton contre Téhéran, que ce soit sur le dossier nucléaire ou sur ses actions jugées "déstabilisatrices" dans la région.
Tôt mardi, deux stations de pompage ont été visées par des "drones armés", ce qui a provoqué un "incendie" et des "dégâts mineurs" à une station, avant que le sinistre ne soit maîtrisé, a précisé le ministre de l'Energie Khalid al-Falih.
Le géant pétrolier Aramco "a interrompu temporairement les opérations sur l'oléoduc" Est-Ouest reliant la Province orientale au port de Yanbu sur la mer Rouge, a-t-il dit, tout en ajoutant que la production et les exportations n'avaient pas cessé.
Face aux tensions croissantes, les cours du pétrole ont rebondi. Vers 13H10 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet valait 71,10 dollars à Londres, en hausse de 87 cents. A New York, le baril de WTI pour le contrat de juin gagnait 53 cents à 61,57 dollars.
"Les derniers actes de terrorisme et de sabotage dans le Golfe visent non seulement le royaume mais aussi la sécurité des approvisionnements pétroliers dans le monde et l'économie mondiale", a averti M. Falih.
"Ces attaques prouvent une fois de plus qu'il est important pour nous de faire face aux entités terroristes, y compris les miliciens Houthis", a-t-il dit.
"Se défendre"
Au Yémen, la chaîne de télévision des Houthis a fait état d'une "opération militaire majeure" avec "l'utilisation de sept drones" contre des "installations vitales" saoudiennes.
Il s'agit d'une "réponse aux crimes" de Ryad au Yémen, a déclaré Mohammed Abdelsalam, porte-parole des Houthis soutenus par l'Iran qui dément leur fournir des armes. "Notre peuple n'a d'autre choix que de se défendre de toutes ses forces".
Deux jours plus tôt, dimanche, deux pétroliers saoudiens, un norvégien et un cargo émirati ont été visés par de mystérieux "actes de sabotage" au large de l'émirat de Fujairah, membre de la Fédération des Emirats arabes unis, selon le gouvernement d'Abou Dhabi.
Il n'y a pas eu de victimes et les bateaux endommagés n'ont pas coulé. Ces actions n'ont pas été revendiquées.
Voisins et alliés de l'Arabie saoudite, les Emirats ont promis une enquête "professionnelle", alors que des zones d'ombre demeurent sur la nature des "actes de sabotage" et l'identité des auteurs et/ou des commanditaires.
Pour des experts, si la responsabilité de Téhéran est avérée, il pourrait s'agir d'un avertissement de l'Iran à Washington qui a renforcé sa présence militaire dans la région.
"Dans un contexte de montée des tensions régionales, des opérations iraniennes limitées contre les Emirats et l'Arabie saoudite pourraient viser à dissuader" ces deux pays" et "indiquer qu'une guerre avec l'Iran ne serait pas limitée au sol iranien", a fait valoir Alex Vatanka du Middle East Institute basé à Washington.
"Conflit par accident"
S'il y a "vraiment eu une tentative délibérée d'endommager ces tankers, alors ce pourrait être un avertissement de l'Iran sur les conséquences d'une quelconque action militaire contre des cibles iraniennes n'importe où dans la région", a noté Neil Partrick, expert du Golfe.
L'Iran, placé sur la défensive, a jugé lundi ces actes "préoccupants et regrettables". Mais sur un ton de défi, le président iranien Hassan Rohani a aussi affirmé que son pays était "trop grand pour être intimidé par quiconque".
Ces développements surviennent dans un contexte de guerre psychologique entre Washington et Téhéran après le renforcement des sanctions américaines contre l'Iran qui a, lui, suspendu certains de ses engagements nucléaires. Ryad avait promis d'augmenter sa production pour compenser la baisse de l'offre après les sanctions américaines qui empêchent l'Iran d'exporter ses barils.
La semaine dernière, le Pentagone a annoncé l'envoi dans la région d'un navire de guerre et d'une batterie de missiles Patriot, s'ajoutant au déploiement d'un porte-avions et de bombardiers B-52.
Il a justifié ce déploiement par des "signaux clairs montrant que les forces iraniennes et leurs affidés font des préparatifs à une attaque possible contre les forces américaines".
Selon le New York Times, le ministre américain de la Défense par intérim, Patrick Shanahan, a présenté à des conseillers de M. Trump un plan selon lequel jusqu'à 120.000 hommes pourraient être envoyés au Moyen-Orient si l'Iran attaquait des forces américaines.
Les Européens se sont dits inquiets de ce regain de tension et ont signifié au secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, de passage à Bruxelles, leur préoccupation face au risque d'un conflit "par accident" dans le Golfe.
Le 16/05/2019
Source Web Par atlasinfo
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