La formation professionnelle, la solution au problème de recrutement ?

Et s’il s’agissait d’une solution pour pallier l’inadéquation de la formation initiale ? Le sujet de la formation professionnelle est régulièrement abordé lors de conférence sur l’emploi dans l’industrie du tourisme. Les dernières reformes ont permis d’accroître sa visibilité, faciliter son accès et de la modulariser.
A droite, Laurie Larchez, formatrice à l’Escaet, lors d’une formation « Animation des réseaux d'agences de voyages » auprès des commerciaux de la SNCF. – DR ESCAET
« Croire qu'un individu formé à l'âge de 20 ans n'a plus besoin d'apprendre pendant les 40 ans prochaines années est totalement faux », affirme Marie-Cécile Bardet, chef de projet digital learning chez Comundi, organisme de formation professionnelle.
La formation professionnelle, à ne pas confondre avec la formation initiale qui suit le système éducatif « classique », s’adresse aux salariés en poste et de tous âges. Enjeu économique et social, elle donne au salarié l’opportunité de faire évoluer sa carrière.
« En l'espace de 10 ans, nos pratiques de travail ont largement changé. Les collaborateurs de quelque branche que ce soit doivent constamment adapter leurs pratiques à de nouveaux outils, à de nouveaux besoins ou demandes. », poursuit Marie-Cécile Bardet.
"Elle est indispensable, mais les gens n’en ont pas encore tout à fait conscience », regrette Sylvie Da Silva, directrice de Travel Pro Formation, centre de formation créé en 2011 par Les Entreprises du Voyage et l'APST.
Cela va peut-être évoluer avec la loi pour « la liberté de choisir son avenir professionnel », promulguée le 5 septembre 2018, qui réforme l'apprentissage et la formation professionnelle. « Nous avons connu deux vagues de réforme profonde de la formation initiale et professionnelle en 2014 et 2018, se réjouit Laurie Larchez, directrice partenariats et développements à l'ESCAET. Le postulat est de dire : Il faut que l’on se forme davantage tout au long de la vie et donc davantage modulariser les parcours de formation, tout en adaptant les dispositifs de financement. »
« Aujourd’hui, la formation est vue comme une perte de temps, la réforme va permettre de balayer cette idée, grâce à la personnalisation de la formation », note Laurie Larchez.
De quoi gagner en qualité, visibilité et personnalisation.
Un atout pour l’employé et l’employeur
Actualiser ses connaissances, en acquérir de nouvelles ou se réorienter, la formation professionnelle est une solution gagnant-gagnant pour le salarié et son employeur.
Ainsi, du côté de l’employeur, la montée en compétences de ses salariés contribue à améliorer leur efficacité, à accroître la compétitivité et les performances des entreprises. « La formation est l’un des moyens d’atteindre les objectifs fixés par la hiérarchie, elle permet également de développer ou renforcer certaines compétences et d'évoluer sur d’autres métiers, détaille Sylvie Da Silva.
La formation est également « un axe de fidélité pour ses salariés et contribue à la marque employeur », renchérit Marie-Cécile Bardet de Comundi.
A travers la réforme, la formation va également gagner en qualité. « La loi qui vient d’être votée est également intéressante sur ce point car la validation et le suivi des acquis seront beaucoup plus formels et contrôlés qu’auparavant. En 2021, seuls les organismes certifiés France compétences sur le territoire et qui mettront un point d’honneur à la validation des acquis pourront continuer à être éligibles aux financements CPF, Pro A etc », explique Laurie Larchez de l’ESCAET.
Des évolutions technologiques et sociétales
L’évolution du monde du travail à travers les besoins, la demande ou encore des outils, ainsi que les changements sociétaux ont obligé la formation à se repenser.
Aujourd’hui, plusieurs organismes de formation proposent du sur-mesure en entreprise. A l’instar de l’Escaet, qui collabore avec les équipes de vente de la SNCF, ainsi que Misterfly, cette fois, sur des contenus de management et gestion de projet.
L’organisme propose 49 jours de formation professionnelle soit près de 30 modules sur catalogue, délivrés à Paris et Aix-en-Provence. Ainsi qu’un accompagnement pour la création de son entreprise dans le tourisme et un MBA en formation continue. Près de 500 personnes ont rejoint les bancs de l’ESCAET en 2018.
Management, vente, communication, technologie et digital, gestion et TVA… Travel Pro Formation forme environ 800 personnes sur tous les thèmes spécifiques aux opérateurs du tourisme. « Quasi toutes nos formations sont sur-mesure, précise Sylvie Da Silva. Les formations en catalogue se remplissent très mal. Le frein en France est l’égo. Quand on parle de formation, les gens sous-entendent qu’ils ne sont pas compétents. Il y a un travail de sensibilisation à faire. »
Autre acteur de la formation dans le tourisme, Excelia Group (Sup de Co La Rochelle) a développé un portefeuille de formations transversales dédiées à différents secteurs d’activité, dont le Tourisme et hôtellerie.
Idem chez 360 Sharing, qui a fait des hard skills, soft skills et de la gamification son cheval de bataille.
Positionné sur la formation dans le transport, l’AFTRAL a un pied dans le tourisme. L’organisme forme lui aussi tout au long de la carrière.
Différents formats de formation comme le e-learning, le blended learning (mix de différents formats de formation), vont venir en soutien de formation présentielle. « Tout cela n’est possible et efficace qu’à partir du moment où il y a un accompagnement humain », met en garde la formatrice de l’ESCAET.
« Le e-learning n’est pas encore bien reconnu par exemple en France et très mal pris en charge par les financeurs... », remarque cependant Laurie Larchez.
Un financement facilité
Depuis le 1er janvier 2019, le CPF de transition professionnelle remplace le Congé individuel de formation (CIF). Une des mesures phares de la loi est de proposer un dispositif monétisé. Le salarié peut connaître son budget en créant un compte CPF.
Chaque actif dispose sur son CPF de 500 € par an pour se former, et 800 € pour les moins qualifiés, soit respectivement 5 000 € et 8 000 € sur dix ans.
« Pour donner un ordre d’idée, actuellement, un individu qui a 150 heures de CPF obtiendra un budget de 2 500 €, ce qui représente 4 jours de formation de notre catalogue », remarque Laurie Larchez.
« La loi a également permis une digitalisation et une facilité d’accès aux dispositifs de financement. A l’avenir, une application mobile permettra au salarié de choisir sa formation, s’inscrire, laisser un avis et payer », annonce Laurie Larchez.
Le 17/04/2019
Source web Par Tourmag
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