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Le président algérien Abdelaziz Bouteflika se représentera aux élections présidentielles d’avril. Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle pour les Marocains? Les deux.

Comme le disait le Roi Hassan II, nul ne peut se réjouir de voir le feu dans la maison du voisin. Il en va de même quand c’est l’immobilisme qui sévit.

Nous avons avantage à cet immobilisme, dans la mesure où il retient les velléités agressives, peut-être guerrières. Il les enferme dans une même incapacité de décision, que celle qui empêche de passer le flambeau.

Au Maroc, c’est un savoir-faire si évident qu’on en néglige l’importance: parce qu’ils sont une très vieille nation, issue elle-même d’un empire, les Marocains savent changer de gouvernement. Ils ont appris aussi à gérer pacifiquement la succession sur le trône.

Les voisins d’Algérie n’ont pourtant pas tort de reculer devant le changement de président: ils n’ont pas de mécanisme clair, connu et consensuel pour ce changement. En 1988-1989, les élections ont déclenché une guerre civile d’une décennie avec quelque 200.000 morts, assassinés dans des conditions épouvantables. Rien à voir avec les invectives émaillées de noms d’oiseaux pour les élections, de ce côté-ci de la frontière.

Les Algériens ont une peur justifiée de cette guerre civile-là.  De plus, il est quasi impossible de démonter le système des rentes personnelles et surtout sociales: le gaz rend le travail inutile.

Avec un système productif comme celui du Maroc -qui n’est pas génial-, Alger devrait être dix à quinze fois plus riche que le Royaume. Il ne l’est que deux fois, quand le pétrole se vend bien.

Le PIB est capable de tomber de 20%, d’une année sur l’autre, alors la Banque centrale imprime l’argent qui manque; un millier de produits sont interdits d’importation. Ils passent en contrebande ou par des réseaux spécifiquement autorisés.

C’est le Maroc des années 1960-70. Sauf qu’il est plus gros, plus peuplé, plus armé. Qui devra tôt ou tard se redonner une fierté.

Le 14 janvier 2019

Source web Par L’économiste

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