Start-up : qui est Fairbnb, le nouveau concurrent "éthique" d'Airbnb ?

Les start-up devaient apporter des valeurs de partage à une économie en manque de repères. Les Facebook, Booking ou autres Airbnb n'ont pas tenu leurs promesses, c'est pour cela qu'un collectif d'urbanistes et de chercheurs lanceront, en mai 2019, Fairbnb, une plateforme de locations de courte durée, mais éthiques. Interview de Carlo Pesso, membre de Fairbnb, en charge du développement francophone.
La plupart des géants du web ont connu ces derniers mois une mauvaise publicité, à l'image de la plateforme Airbnb.
Cette dernière est régulièrement vilipendée pour avoir désertifié les centres-villes ou encore fait monter en flèche les prix des logements à Paris ou Barcelone.
"Nous sommes partis du constat que l'économie de partage ne partageait pas toujours, voire plus du tout", explique Carlo Pesso, membre de Fairbnb et responsable du développement dans les pays francophones.
"Il faut bien se rendre compte que les centres-villes ont été ravagés par Airbnb. La situation est telle que des propriétaires achètent des logements juste pour les mettre en location de courte durée, ça ne pouvait plus durer."
Une partie des commissions redistribuées à des actions locales Pour se rendre compte de la pression de la plateforme américaine sur l'habitat dans la capitale française, le journal dunet révèle que dans certains quartiers les annonces sur Airbnb représentent presque 14% des logements.
Afin de proposer une alternative à un site qui ne permet plus vraiment de vivre des expériences, mais de les vendre, des urbanistes ont décidé de s'associer pour créer une solution crédible, mais surtout éthique.
En somme, Fairbnb se veut une plateforme proposant des logements hors des centres-villes. "On ne peut pas lutter contre un système et utiliser la même mécanique."
Pour l'éthique, cela passe par une redistribution des commissions (15%) touchées à hauteur de 50%, à des associations ayant des actions locales.
La première phase a été lancée en ce début d'année, avec en catalogue cinq villes européennes, à savoir Amsterdam, Barcelone, Bologne, Valence et Venise.
La plateforme française pour 2020
Si le choix de ces villes s'explique par les affinités des membres de la coopérative basée à Bologne, "ville par excellence de l'économie collaborative", la structure française se monte doucement. Cette dernière devrait voir le jour avec des offres à Marseille au début de l'année 2020.
Et pour se développer, le groupe souhaite s'appuyer sur le principe de la communauté, mais surtout sur un cercle vertueux.
Car si les habitants voient des bénéfices à accueillir des touristes, via la redistribution, peut-être feront-ils plus attention aux voyageurs pour permettre l'essor de leurs projets.
Ainsi en France, c'est l'association marseillaise Hôtel du Nord qui a été retenue et qui propose des séjours chez l'habitant dans les quartiers non touristiques de la ville.
Le responsable du développement de poursuivre : "nous voulons fédérer toutes les initiatives qui promeuvent le tourisme durable, partout dans le monde, autour de notre coopérative".
Face à un géant qui cannibalise l'ensemble des activités touristiques et lorgne même sur le transport, l'agrégation des forces en présence est la seule solution. "i[Il serait illusoire de penser que nous allons pouvoir inverser la dynamique d'Airbnb.
Toutefois, nous pouvons améliorer à la marge le quotidien des habitants en reversant une partie de la commission," rapporte Carlo Pesso.
Si la sélection s'appuie sur l'existant des communautés locales, le prix sera lui fixé dans un premier temps par l'hôte, mais à terme "nous souhaitons arriver à un certain contrôle pour proposer des prix équitables."
Pour atteindre ce stade, il va falloir déjà que la plateforme voie le jour et cela devrait être le cas pour mai 2019
Les décisions sont prises par l’internaute
Et Carlo Pesso de compléter : "nous sommes une start-up dans tous ses excès", à savoir que l'équipe à la base de la création de Fairbnb apprend chaque jour.
Toujours sur le principe de la communauté, les décisions sont prises par les internautes, eux-mêmes sensibles à la problématique et inscrits sur le forum de la plateforme.
L'objectif final est de "créer une entreprise qui agisse comme un nouveau modèle économique", rêve le membre.
Le principe de coopérative, à l'italienne, a été mûrement réfléchi puisqu'il permet à terme de pouvoir verser des salaires, mais limite la redistribution de dividendes (6% au maximum) et assure une certaine stabilité avec l'impossibilité de vendre ses parts avant 3 ans.
A la base, Airbnb est née avec l'idée de faire gagner un peu d'argent en transformant une chambre inutilisée en "bed and breakfast".
Dix ans plus tard, cette pièce s'est transformée en plusieurs millions de logements à travers le monde.
Une réponse au sur-tourisme pour les opérateurs du tourisme ? Pour déjà apparaître sur la carte du web, Fairbnb va devoir batailler et rassembler dans un premier temps les 500 000 euros nécessaires à la création du site de réservations de logements éthiques.
Cette première étape devrait être atteinte assez facilement, entre les urbanistes et les différentes communautés instigatrices de la coopérative, pour voir plus loin que les ponts de mai. D'ailleurs, l'ébruitement dans la presse ces dernières semaines a déjà suscité l'intérêt d'opérateurs du tourisme.
"Des grandes entreprises du voyage nous ont contactés. Notamment des groupes qui se posent la question du tourisme à moyen et long terme", rapporte Carlo Pesso.
Pour le moment, les approches sont timides et la plateforme n'a pas encore vu le jour, mais Fairbnb rêve de réinventer le secteur et les consciences.
Alors que l'industrie montre un intérêt croissant sur la problématique du sur-tourisme, Carlo Pesso pense que le succès de la start-up sera total quand "le tourisme sera substitué par le plaisir de voyager, que la découverte d'un lieu le sera par celle des personnes qui composent l'endroit."
C'est parfois à partir d'un rêve de changer le regard du monde que sont nées les grandes entreprises, Facebook comme Airbnb, et peut-être Fairbnb.
Le 15 février 2019
Source web : tourmag
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