Plan Azur : Un nouveau pansement sur un pied de bois ?
Pour la énième fois, l’Etat met de l’argent dans la réalisation d’une étude pour une enveloppe de 1,5 MDH visant à relancer un Plan qui a montré ses limites. Analyse.
Des milliards de dirhams ont été injectés et investis dans le secteur du tourisme depuis les années 2000 sans un réel impact. Le secteur n’arrive pas à trouver sa vitesse de croisière ni à jouer le rôle qui lui incombe de moteur de croissance de l’économie. Nous sommes bien loin des objectifs trop ambitieux de la Vision 2010 encore plus de ceux de la Vision 2020 qui arrive à échéance sous peu.
Parmi les plans qui ont foiré et sur lesquels le Maroc misait pour relancer le secteur celui du « Plan Azur ».
17 ans après son lancement, la Société marocaine d’ingénieur Touristique (SMIT) s’apprête à relancer ledit Plan. Un appel d’offres a été lancé en décembre 2018 pour la réalisation d’une étude pour l’élaboration d’une stratégie de relance du produit balnéaire des stations Azur ciblées, à travers le prisme de l’investissement et de la rentabilité produit. L’objectif de cette étude qui coûtera 1,5 MDH sera de dresser le bilan des réalisations, identifier les noeuds gordiens de l’investissement touristique, établir les orientations stratégiques et opérationnelles pour la relance de l’investissement et définir les modalités de mise en œuvre du plan d’action stratégique et des Plans d’actions opérationnels.
La question qui se pose d’emblée : Est-il judicieux d’investir dans une autre étude de relance d’un Plan qui a montré ses limites ?
En effet, ce n’est pas la première fois que l’Etat échoue à aider le Plan Azur à se dépêtrer de sa léthargie.
L’ambitieux défi de renforcer l’offre balnéaire par le lancement de 6 stations balnéaires intégrées sous forme de Resort nouvelle génération pour une capacité litière de 100.000 lits touristiques, n’a pas été relevé. Une masse critique de lits qui devait, en principe, mettre le Maroc dans les radars des Tours opérateurs censés drainer les flux de touristes.
Plusieurs facteurs ont fait que les objectifs fixés pour les stations Saidia, Lixus, Mazagan, Mogador, Taghazout ou encore Plage Blanche, dont les travaux d’aménagement et de valorisation ont été lancés à l’exception de la dernière, ne soient pas atteints.
Le premier, le lancement de ces 6 mégas projets en même temps. C’est l’une des raisons de l’échec du Plan comme nous l’explique un professionnel. Malheureusement, nos politiciens ont tendance à voir grand et à lancer des projets colossaux qui nécessitent des investissements lourds et dont la réussite n’est pas toujours au rendez-vous. Cette folie des grandeurs cache souvent de mauvaises surprises comme c’est le cas pour le Plan Azur.
Autre facteur ayant abouti à cet échec, le choix des sites. Certaines stations, à l’instar de Lixus à Larache, n’ont ni les atouts nécessaires ni les infrastructures adaptées (aéroports, ports…) pour attirer les touristes et faire du Maroc une destination balnéaire de choix.
La crise financière de 2008 n’avait pas arrangé les choses. Plusieurs investisseurs et fonds d’investissement étrangers qui s’étaient engagés dans des projets touristiques ont dû faire marche arrière à cause de l’assèchement de la liquidité et la dette bancaire sur le marché international. Résultat des courses, certaines stations ont vu leur activité ralentir sous l’effet de la crise et de la conjoncture géopolitiques tandis que d’autres ont connu un arrêt voire même un blocage, comme précisé par la Société marocaine d’ingénieur Touristique (SMIT).
L’Etat a, tout de même, tenté de sauver la mise en greffant des investisseurs marocains mais aussi en participant via des fonds dédiés avec la création du Fonds Marocain de développement touristique (ITIMA ex-FMDT) et de Sociétés de développement comme la Société de développement de Saidia (SDS/CDG).
Vainement ! L’Etat n’arrive toujours pas à mettre sur les rails le Plan Azur. Cette nouvelle tentative de relancer le Plan n’est-elle pas une perte de temps non pas sans conséquence sur un secteur vital pour l’économie marocaine ? Ne faut-il pas annoncer l’échec du Plan qui a nécessité des milliards de dirhams partis en fumée et revoir toute la stratégie de l’offre balnéaire marocaine ?
D’après certains experts, ça serait plus judicieux que de continuer à investir dans un Plan fondé sur des bases non solides.
En effet, la première grosse contrainte qui dissuade les investisseurs touristiques, est le choix même des terrains (vierges) où sont prévus les projets du Plan. Autrement dit, c’est le coût trop élevé de leur aménagement (routes, assainissements, eau-électricité…) que les investisseurs réfutent de prendre en charge. « C’est le rôle de l’Etat et non pas des investisseurs », précise notre source.
Autre contrainte et pas des moindres, le manque d’encouragement sur un segment marqué par la saisonnalité. Seule une exonération de la TVA sur les équipements est prévue à condition de réaliser le projet touristique dans un délai de 3 ans. Ce qui est difficile à exécuter. «IR, IS, taxe sur les débits de boissons, taxe versée aux CRT... la fiscalité du secteur est trop lourde et n’encourage pas l’investissement dans le tourisme», rappelle notre source.
Il est donc impératif de revoir non seulement le Plan Azur mais également mettre en place une fiscalité plus alléchante pour inciter les investisseurs à s’intéresser au secteur du tourisme. Il faudra toutefois attendre les Assises de la fiscalité qui se tiendront les 3 et 4 mai prochains pour voir si les responsables seront conscientisés de l’importance d’un secteur aussi vital. Bien que la fiscalité à elle seule n’est pas le sésame.
Le 19 janvier, 2019
Source web Par Ecoactu
Plaquette de l'AMDGJB-Geoparc Jbel Bani
Les tags en relation
Les articles en relation
Fatim-Zahra Ammor : « A fin Mars, nous aurons atteint la capacité aérienne de 2019 »
Plan d’urgence, mécanismes d’aide, moratoire au titre des crédits bancaires, fonds d’aide à l’hôtellerie, transport aérien, assouplissement des con...
Révélation du plan d'action triennal de la SMIT dans le domaine du tourisme
La Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT) s'apprête à investir près de 3 milliards de dirhams au cours des trois prochaines années pour ...
La feuille de route du tourisme se concrétise : signature de deux nouveaux contrats d'application r
Les 6e et 7e contrats d’application régionaux de la feuille de route du tourisme ont été signés, concernant les régions de l'Oriental et du Souss-Mas...
#MAROC_MAISON_DE_L_ARTISAN:
Tarik Sadik a été nommé, hier mardi, directeur général de la Maison de l’Artisan, à la suite d’une cérémonie présidée par Mme la Ministre du Touri...
Stations balnéaires Lixus: «Alliances devra trouver repreneur»
Mogador : «Saemog appelée à plus de visibilité» Recadrage des stations, de la Vision… les priorités Dès le départ, la conception des stations a ...
Comment va l’hôtellerie au Maroc ?
Sans doute, le remake le plus marquant du genre cette année est le retour, 20 ans après, d’Adil Douiri qui revient en force dès 2023 dans le tour de table ...
Embellie public-privé dans la croissance
Tout l’atteste : Le Maroc est sur une trajectoire de croissance touristique exceptionnelle avec une augmentation à fin Février de 17% par rapport à 2019. U...
Station Aghroud, un enfant dans le dos de Vision 2020?
Décidément la SDR Tourisme d’Agadir fait autorité en matière d’accueil et suivi de grands projets touristiques structurants inexistants ni dans Vision 2...
Tourisme : ce qui va changer dans la région d’Agadir
La région Souss-Massa ambitionne de diversifier son offre touristique, auparavant axée sur le balnéaire. C’est donc un nouveau tournant qui se dessine, cel...
#MAROC_TOURISME_PLF 2021: les principales mesures pour la relance du secteur touristique
Ce contrat-programme ambitionne de donner une impulsion au secteur du tourisme et d’insuffler une nouvelle dynamique pour accompagner sa relance et sa transfo...
TOURISME SDR TPME SOUSS MASSA
Le lundi 27 mars 2023, la Société de Développement Régional pour la promotion de la toute petite, petite et moyenne entreprise Touristiques « SDR TPME Tour...
Rkia Alaoui : « Notre objectif est d’atteindre un taux d’occupation régional moyen de 43% à l
Les indicateurs du secteur touristique sont en constante amélioration dans toute la région. Le tourisme d’affaires a boosté les indicateurs de performance ...