Surtourisme: quel rôle les tour-opérateurs peuvent-ils jouer?

Un sujet tendance sur les destinations touristiques + des professionnels du tourisme réunis = la bonne équation du 13 décembre. Le débat s’est engagé au Forum du Seto sur le surtourisme et la tourismophobie. L’OMT a fait plusieurs recommandations pour éviter le surtourisme dont une partie dépend des producteurs de voyages.
Au Forum du Seto, on s’occupe aussi de l’avenir de la profession. Entre deux facéties, Jean-Pierre Nadir, PDG d’Easyvoyage, a rappelé les chiffres clés du (sur)tourisme. A savoir 1,323 milliard de touristes l’an dernier et 1,8 milliard de touristes prévu en 2030 par l’Organisation mondiale du tourisme (OMT). Avec un doublement du trafic aérien d’ici à 2030. Or ces touristes internationaux -dont les effectifs gonflent sous la pression des marchés asiatiques (Chine, Inde, etc.) – se retrouvent dans les mêmes lieux et visitent les mêmes sites.
Une nouvelle contrainte
Le terme de « surtourisme » vient exprimer cette concentration voire cette saturation des endroits touristiques. « 95% des voyageurs vont dans 5% de la planète selon l’OMT » a rappelé Jean-Pierre Nadir. De quoi expliquer les manifestations de ras-le-bol des habitants, comme à Venise ou Barcelone. Un phénomène que traduit cette fois le terme « tourismophobie ». En y ajoutant quelques rappels de dates (les premiers congés payés, le plan aménagement du Languedoc…) et de nouveaux mots jargonnant comme « anthropo-tourisme » (sic) et « primo-voyageants », les ingrédients sont réunis pour tenter le débat.
A Deauville, au Forum du Seto, on a voulu aborder la question du point de vue du tour operating. Avec une interrogation sur le métier : « la nécessaire organisation du tourisme –pour composer avec le surtourisme – représente-t-elle une chance pour les TO ? ». Car les réponses des municipalités et autres autorités touristiques passent soit par une taxation du tourisme, soit par des limitations d’accès aux sites. Sans oublier des réglementations plus contraignantes en centre-ville pour Airbnb et les plates-formes d’hébergements collaboratifs.
Voyager autrement
On comprend alors que les tour-opérateurs peuvent offrir une vraie valeur ajoutée aux voyageurs. Grâce aux volumes qu’ils traitent et à leur travail en local, ils sont à même de proposer par exemple des entrées sur site à des horaires différents, avec des tarifs en fonction et disponibles aux bonnes dates. On pense au Macchu Pichu, à l’Alhambra, à la chapelle Sixtine, etc. Outre le côté privilège, l’expertise du TO va aussi se révéler dans ses propositions d’autres sites, d’autres horaires, d’autres saisons. Des possibilités qui reprennent plusieurs recommandations de l’OMT. (Voir tableau ci-dessous)
« Si l’on permet à 20% des touristes de voyager autrement, on contribue à réduire la pression sur les sites » estime Jean-François Rial, pdg de Voyageurs du Monde, convaincu de la responsabilité des TO. Des mesures qui s’adressent plus facilement aux repeaters. Pour Michel-Yves Labbé (Départ Demain ) et Mumtaz Teker (groupe Teker), « orienter les touristes n’est pas évident ». Celui qui veut voir New York aux USA ou la tour Eiffel à Paris n’ira pas dans l’Oregon ou à Montmartre !
Evolution sur les clubs & circuits
Une situation qui évolue avec l’âge de la clientèle selon Olivier Kervella (NG Travel). « Dans les clubs de vacances Kappa, les clients choisissent de plus en plus une excursion payante hors des sentiers battus, quand les plus âgés vont opter pour celle qui est gratuite et plus traditionnelle » explique-t-il. Cela est devenu possible parce que « les réceptifs aussi font évoluer leurs propositions de découverte sur place » renchérit Patrice Caradec (Bravo Clubs).
Sur la construction des circuits, Guillaume Linton (Asia) rappelle la responsabilité économique du TO. « Faire travailler guides et réceptifs hors haute saison, c’est aussi contribuer à un équilibre localement. » Jean-Pierre Nadir signale deux axes possibles de construction des circuits :
-« Moins en voir pour en ressentir plus », ce qui rappelle le positionnement des circuits Best chez Kuoni, par exemple.
-« En voir plus mais en y passant moins de temps », sur le mode « on regarde et on repart ».
Eduquer le touriste par le prix ?
« La population souffre quand l’inconvénient -du tourisme- est supérieur à l’avantage. Il faut éduquer le touriste » résume Jean-Pierre Mas (EDV). Cela risque de passer par le prix. Choisir une option de visites avec supplément ou un itinéraire sans les incontournables (en attendant de revenir à une autre période) n’est pas à la portée de tous.
A moins que les tsunamis de visiteurs en provenance d’Asie n’incitent à voyager mieux? Car outre une présence massive sur les sites, les touristes asiatiques ont aussi des modes de réservation en amont qui leur permettent de sécuriser des périodes, des chambres d’hôtels, etc. Ce qui signifie moins de possibilités pour les autres marchés. Donc des prix plus élevés… Le tourisme (re)deviendra-t-il alors une activité de loisir pour riches voyageurs?
Le 14 Décembre 2018
Source web Par Quotidiendutourisme
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